[attachment id=298]
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Au mois de juillet, pour son premier rapport de l’histoire sur le budget de l’Elysée, la Cour des comptes avait déjà relevé de nombreuses anomalies, mettant notamment à jour un système de sondages aussi coûteux qu’inopportuns. Trois mois plus tard, ce sont cette fois les comptes de la présidence française de l’Union européenne qui sont épinglés.
Du 1er juillet au 31 décembre 2008, l’Etat français aura dépensé 171 millions d’euros, selon le rapport de l’institution de contrôle budgétaire, publié par Mediapart. Certes, on pourra toujours dire que c’est moins que les 190 millions d’euros d’autorisations d’engagement initialement votées par le Parlement français.
Mais c’est trois fois plus que la présidence française de 2000 (57 millions d’euros, mais l’UE ne comptait alors que 15 membres), près de deux fois plus également que la précédente présidence slovène (80 millions d’euros) et à peine moins que la présidence allemande en 2007 (180 millions d’euros).
Surtout, la Cour des comptes met en exergue un nombre de « manifestations décidées à l’initiative de la présidence » supérieur aux « manifestations obligatoires ou traditionnelles », que les Etats à la tête de l’UE se doivent d’organiser. Et pointe « un coût parfois élevé » et un caractère « parfois dérogatoire, voire irrégulier, des procédures suivies ».
« 1 072 437 euros pour un dîner de 200 personnes »
Des dérives qui se retrouvent particulièrement dans l’organisation d’une manifestation, soulignée par Mediapart : l’organisation du sommet pour la création de l’Union pour la Méditerranée, qui s’est déroulé les 13 et 14 juillet 2008 à Paris. La Cour des comptes ne peut être plus directe :
« Par son ampleur, le caractère irrégulier des procédures suivies et son impact massif pour les finances publiques, ce sommet constituera une forme de record. »
Au final, ce sont 16 592 329 d’euros qui auront été dépensés en deux jours par l’Etat français, donc par les contribuables. Rien que pour la réunion en elle-même de trois heures au Grand Palais, « les prestations requises pour la circonstance ont été considérables », note la Cour des comptes. Le dîner avec les 43 chefs d’Etat et de gouvernement ? « 1 072 437 euros pour 200 personnes, soit 5 362 euros par invité. »
Rien n’était trop beau, « huit salons d’entretien bilatéraux (avec salle de douche attenante) » ont même été installés. Et à la précipitation de l’organisation a succédé une improvisation qui frise l’amateurisme à l’issue du démontage, selon le même rapport :
« Il faut souligner que tous les aménagements en question ont été démontés dès le lendemain du sommet et n’ont pas été repris ou réutilisés par l’administration. »
« Un ordre de réquisition du comptable public »
Cette organisation à la va-vite s’est d’ailleurs matérialisée par une absence totale d’appel d’offres. Au point d’aboutir au « refus du comptable public du ministère [des Affaires étrangères, qui avait la charge de ce sommet] de procéder au paiement de dépenses engagées de manière irrégulière ».
Il a fallu que Bernard Kouchner aille jusqu’à signer « un ordre de réquisition du comptable public » pour que l’argent soit versé à la fin du mois de décembre 2008.
Si l’initiative était évidemment louable, l’Union pour la Méditerranée n’en est pas moins au point mort aujourd’hui, malgré la multiplication des efforts diplomatiques… et financiers. A l’heure où Nicolas Sarkozy affirme vouloir relancer l’Union pour la méditerranée, faudra-t-il aussi relancer la planche à billets ?
Photo : Bachar el-Assad, Nicolas Sarkozy, Hamad Bin Khalifa Al-Thani et Michel Sleiman en 2008 à Paris (Philippe Wojazer/Reuters).
A lire aussi sur Rue89 et sur Eco89
{"type":"Banniere-Basse"}