Il a donné la date de l’annonce de sa candidature à Eva Joly, rencontré Chirac, Besancenot et DSK. Pourtant, personne ne semble convaincu que, cette fois, il ira.
La course des européennes lancée, Hulot reste sur le bas-côté mais pousse des représentants du milieu associatif avec qui il a travaillé lors du Grenelle, comme Sandrine Bélier, qui représentait alors France nature environnement. « Incarne le changement que tu souhaites », lui écrit-il quand elle se présente dans l’Est, au milieu d’autres textos bombardés d’Amazonie.
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« Dany s’énervait qu’il n’appelle pas à voter Europe Ecologie », se souvient-elle. Cohn-Bendit confirme avoir été agacé « qu’il n’ait pas fait plus pour son copain Jean-Paul Besset ». Besset, qui est alors candidat, est présenté aux médias comme « le copain d’Hulot », histoire de mettre un peu de l’icône verte dans l’aventure. Mais Hulot reste silencieux, mentionnant seulement sur Canal+ que Besset est son ami.
« J’étais le seul à ne pas être déçu, raconte Besset aujourd’hui, je savais que ce serait comme ça : il n’était pas convaincu par l’aventure Europe Ecologie. »
« A l’époque, sa crainte était que si l’écologie politique était incarnée par une formation, le poids de l’écologie dans le jeu politique se mesurerait à son score » (soit 1,5% à la présidentielle qui avait précédé), décrypte Denis Baupin, adjoint chargé de l’environnement à la mairie de Paris. Pour peser, autant rester le monsieur Loyal qui fait défiler les candidats sur scène devant son pacte écologique.
Le soir du 7 juin 2009, Hulot est le premier à appeler Besset. « J’ai compris, vous avez gagné. »
« Ce film est raté, c’est tout »
Pour Cohn-Bendit, qui vit de politique depuis quarante ans, un Hulot qui hésite à y mettre les mains, laissant entendre que c’est un peu sale, est un extraterrestre. La rancune est aussi tenace côté Hulot. Elle remonte à la sortie en octobre 2009 du Syndrome du Titanic, un film complexe dans lequel Hulot fait le lien entre les crises sociale, économique et environnementale. Hulot a mis du temps à le monter, hésitant sur la forme, pour finalement se résigner à être le fil rouge en voix off du film, la recette Ushuaïa dont il voulait s’écarter. Son producteur Eric Altmayer est mitigé aussi : il regrette qu’Hulot ne se soit pas davantage investi dans le tournage. Surtout, ils se sont fait griller par la sortie de Home de Yann Arthus-Bertrand quelques mois plus tôt. D’autant plus rageant pour Hulot que c’est lui qui a présenté Arthus-Bertrand à Luc Besson, qui a produit Home.
La SNCF organise une première pour le milieu associatif à l’auditorium du Louvre. A la sortie, ça déblatère. Les écolos sont ravagés par la noirceur du propos. « C’est pas avec ce film qu’on aurait gagné », dit un haut responsable des Verts, faisant allusion à la programmation de Home à la télé avant les européennes, accusée d’avoir dopé le score écolo. « Un acte de contrition, un film d’introspection de catholique auto-flagellant », résume Yves Cochet.
Ces critiques sont probablement déjà remontées aux oreilles de Cohn-Bendit avant la première officielle. Ce soir-là, il est mal luné. Agacé de voir Hulot assis à côté de Chirac, il refuse de prendre son siège parmi les officiels, commente le film en bougonnant. A la sortie, il évite d’abord les caméras puis se lâche contre le film : « Il est raté, c’est tout ! »
Dans son livre Sain Nicolas, Bérengère Bonte cite le SMS balancé à l’eurodéputé :
« Dany, que tu n’aies pas aimé le film, c’est ton droit. Mais faire ça, ce soir-là, est d’une grossièreté absolue. Ton geste est aussi déplacé que la sortie de Bayrou à ton égard pendant la campagne présidentielle, et aussi révélateur. »
« Nicolas nous laisse avec l’horrible. Il n’y a pas de stratégie… » Deux ans plus tard, Cohn-Bendit maintient ses critiques. « Mon erreur fut d’aller à la première », admet-il. « Tout ça, c’est passé », dit maintenant celui qui se targue d’être le seul à pouvoir parler à Eva Joly et à Hulot. Passé depuis peu.
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