{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
La nouvelle est tombée cet après-midi, au milieu d’une réunion. Nicolas Ghesquière quitte Balenciaga, maison de couture dont il était le directeur artistique, après quinze ans de bons et loyaux services. « On ne s’y attendait pas du tout, personne n’était au courant, raconte un salarié. Le temps qu’on remonte à nos bureaux, un communiqué était sur le site de PPR ( le groupe de François Pinault propriétaire de la maison NDLR). Puis trois minutes après, dans nos boîtes mails. Ici, c’est un choc. Ghesquière était très présent, très investi. Il pouvait donner son avis sur tout, vêtements mais aussi sacs, parfums, boutiques… »
Selon le communiqué, il s’agirait d’un départ à l’amiable. « Cristóbal Balenciaga était un maître, un génie dont la vision avant-gardiste a dicté les plus grandes tendances de la mode et inspiré des générations de créateurs. Nicolas a su avec un talent rare de créateur apporter à la maison Balenciaga une contribution artistique essentielle au rayonnement unique de la marque », explique laconiquement François Pinault, le PDG de PPR, groupe qui a acquis Balenciaga en 2001.
Second souffle
Né en 1971, Nicolas Ghesquières avait fait ses classes chez Gaultier, Mugler puis Trussardi avant d’atterrir en 1997, à 26 ans, chez Balenciaga. Ultra doué, esthète, cérébral, Ghesquière parvient à redonner un second souffle à la maison, devenue un peu poussiéreuse depuis le départ de son créateur Cristobal Balenaciaga en 1968 (et sa disparition en 1972).
Influencé par le sport autant que par le cinéma de science-fiction ou la pop culture, Ghesquière donne naissance à une mode féminine avant-gardiste et edgy, aux silhouettes architecturales très géométrique. Il donne d’emblée à la maison une dimension internationale. « Je ne me sens pas français du tout, confiait-il à Tom Ford dans le magazine Interview. Cela n’a jamais été important pour moi, je pense qu’on se limite beaucoup si l’on pense de cette façon. Dès le départ, j’ai voulu que Balenciaga soit international. J’ai pensé qu’il fallait se concentrer en priorité sur les États-Unis, parce que les gens y semblaient plus réceptifs à mon travail. »
La femme Balenciaga, comme il l’expliquait à Tom Ford dans cette interview, est une urbaine, très mince, qui a un certain lifestyle. « Elle marche avec confiance. Elle est un peu masculine, même si elle porte des vêtements sexy, près du corps. » Sa muse et amie Charlotte Gainsbourg en était une des incarnations. Pour elle, il dessinait des costumes de scène (les tenues blanches, très « Orange mécanique », de la dernière tournée). Côté égérie, Kristen Stewart avait récemment succédé à Jennifer Connely. Son dernier défilé restera donc le printemps été 2013, à Paris, fin septembre. En bande son, le créateur avait choisi La Fôretde Lescop.
Il semble que le couturier, qui ne s’est pas exprimé pour le moment, parte pour « poursuivre un projet personnel », explique-t-on en interne. Les salariés auront « des informations sur leur nouveau directeur commercial dans quelques semaines ».
Géraldine Sarratia
{"type":"Banniere-Basse"}