Un mois après la mort du célèbre street photographer Bill Cunningham, les hommages continuent. Ce jeudi 4 août aux États-Unis, la projection de son biopic sorti en 2010 avec les spectateurs vêtus de vestes bleues – son vêtement fétiche – a témoigné une nouvelle fois de la marque qu’a laissé Cunningham dans l’histoire de la photographie.
Lorsqu’on tape « Bill Cunningham » sur Google, la première suggestion proposée par le moteur de recherche est « New York ». En 2011, un biopic racontant son histoire aura pour titre « Bill Cunningham New York ». Depuis 1978, le célèbre photographe de rue faisait également partie des signatures phares du New York Times. Plus récemment, en 2009, il fut nommé « emblème vivant de New York » par le New York Landmarks Conservancy.
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Le message est donc très clair : le lien qui unit le photographe à cette ville a depuis longtemps dépassé le stade de la légende urbaine.
Car dans la big city, Bill Cunningham était connu comme le loup blanc (ou plutôt « bleu indigo » à en croire la couleur de sa veste qu’il ne quittait jamais). À l’annonce de sa mort, le 25 juin 2016, VIP et anonymes partagent leur peine sur les réseaux sociaux ou sur le site du New York Times. Nombreux auront le souvenir d’avoir croisé un jour la route de l’homme à la veste bleue dégotée au BHV, juchée sur son vélo, appareil photo autour du cou, à la recherche de nouvelles silhouettes à immortaliser. Comme il aimait le dire : » le meilleur défilé de mode a toujours été et sera toujours dans la rue « .
Bill Cunningham, le père de la photographie de rue
Si à la sortie des défilés on peut apercevoir des hordes de photographes courant après les invités pour faire un gros zoom sur leur tenues, c’est grâce à lui. Car dans le petit milieu de la mode, son terrain de jeu favori, Bill Cunningham est bien plus qu’une légende : il est LE pionnier de la street photography. Il a ainsi ouvert la voie à Garance Doré, à Scott Schuman – aka The Sartorialist – et bien d’autres encore.
Une légende très discrète
Celui qui a tenu pendant plus de 35 ans pour le New York Times sa chronique photo « On the Street » aurait pourtant été gêné de tous ces hommages. L’homme à la silhouette frêle et au sourire malicieux était discret, vivant pieusement dans un minuscule appartement à la décoration sommaire avec WC sur le palier. Il faisait ses lessives dans les lavomatics et n’acceptait aucun cadeau, pas même un verre d’eau dans les événements mondains qu’il couvrait. Aussi, il détestait les hommages, allant même jusqu’à refuser une grande exposition au Met.
La journaliste Sophie Fontanel parlera de lui comme « le plus visible des invisibles ». Ce qu’il aimait par dessus tout c’était les beaux vêtements et les allures singulières, un point c’est tout.
His vivid photos helped define New York as the fashion capital of the world, so we’re naming 57th & 5th after him. pic.twitter.com/gIfrO94yif
— Bill de Blasio (@BilldeBlasio) 6 juillet 2016
New York rend hommage à son photographe
Ses photos avaient une portée sociologique, en plus de l’esthétique. Avec lui New York était une fête et New York le lui rend bien. Le croisement de l’angle nord-est de la 57ème rue et de la 5ème avenue a en effet été temporairement (pour des questions législatives) renommé par le maire de la ville le « Bill Cunningham Corner ». Selon lui, ses photos ont su capter « la diversité de la ville dans tous les sens du terme, et ont contribué à définir New York comme capitale de la mode ».
Photo Bryan Bedder/Getty Images /AFP
Demain, le NewportFilm – association américaine qui organise des projections de nouveaux films documentaires – a décidé de bousculer sa programmation pourtant uniquement axée sur la nouveauté. En effet, ce 4 août, dans le parc d’OceanCliff à Rhode Island, le film « Bill Cunningham New York » datant de 2010 sera projeté au public. Mais surtout, les spectateurs de cet événement rendront un hommage tout particulier au photographe: le public portera la une veste bleue, à la manière de Cunningham. Plus de 1000 personnes sont ainsi attendues, pour incarner l’âme bleue du photographe.
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