Dans une tribune publiée dans Le Monde mardi 6 septembre, Thomas Piketty, l’économiste auteur du best-seller mondial Le Capital au XXIe siècle, dénonce la ségrégation sociale dans les collèges qui atteint “des niveaux inacceptables”, notamment à Paris. L’économiste rappelle qu’en 2015 à Paris, 85 000 élèves étaient inscrits dans 175 collèges privés et publics. Au […]
Dans une tribune publiée dans Le Monde mardi 6 septembre, Thomas Piketty, l’économiste auteur du best-seller mondial Le Capital au XXIe siècle, dénonce la ségrégation sociale dans les collèges qui atteint « des niveaux inacceptables », notamment à Paris.
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L’économiste rappelle qu’en 2015 à Paris, 85 000 élèves étaient inscrits dans 175 collèges privés et publics. Au total, 16 % d’entre eux sont considérés comme « socialement défavorisés », un taux qu’il estime « inégalement réparti » dans l’ensemble des collèges parisiens. Et pour preuve, dans les 115 collèges publics parisiens, 66 % des élèves sont issus de classes sociales défavorisés, contre seulement 34 % dans les 60 autres collèges privés à Paris. Dans les établissements les plus huppés, « moins de 1 % des élèves sont issus de milieux défavorisés », ajoute-t-il.
Ce matin, la ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem a réagi à ses critiques dans un entretien au Monde. Dans sa tribune, Thomas Piketty imaginait de s’inspirer du dispositif déjà institué dans les lycées parisiens, le système Affelnet, pour l’appliquer à l’échelle des collèges. Ce dispositif permet de modifier la répartition des élèves dans les établissements en tenant en compte, notamment, de leur origine sociale. « Il montre que c’est possible d’agir contre la ségrégation, contrairement à ce que prétendent les sceptiques et les pessimistes en matière d’égalité scolaire ».
La ministre de l’Education se montre sceptique, jugeant qu’ « un algorithme ne constitue pas une baguette magique ». « De grâce, arrêtons les leçons ! Penser que l’on pourrait imposer autoritairement la mixité sociale, en supprimant au passage une partie de la liberté de choix des parents, c’est entretenir une forme d’illusion qui aboutit à l’immobilisme » ajoute-t-elle.
Une politique du logement « inégalitaire »
En revanche, elle reconnaît que le niveau de ségrégation dans les établissements parisiens est « absolument extrême », comme le qualifie l’économiste. “La situation parisienne est une forme de concentré et d’exacerbation des dérives de notre système scolaire, inégalitaire et ségrégué », souligne-t-elle.
Selon elle, l’enseignement privé détient sa part de responsabilité, l’Education nationale aussi, mais la faute revient surtout à la politique de l’habitat « menée pendant des décennies à Paris« , isolant les familles les plus pauvres. « Les effets de la ségrégation résidentielle sont destructeurs pour la mixité sociale.”
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