“J’te l’donne en 1 000” Si une petite voix céleste avait glissé cette promesse au creux de l’oreille de Christian Fevret lorsqu’il boucla le numéro 1 des Inrocks hebdo, le jeune directeur/fondateur/mastermind du journal aurait sûrement été sceptique. Pas certain qu’il aurait mis sa main au feu, en mars 1995, que 999 numéros suivraient. A […]
“J’te l’donne en 1 000”
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Si une petite voix céleste avait glissé cette promesse au creux de l’oreille de Christian Fevret lorsqu’il boucla le numéro 1 des Inrocks hebdo, le jeune directeur/fondateur/mastermind du journal aurait sûrement été sceptique. Pas certain qu’il aurait mis sa main au feu, en mars 1995, que 999 numéros suivraient. A l’époque, le titre avait pourtant déjà neuf ans d’existence, mais sous la forme d’un élégant mensuel, très en phase avec tout le rock indé des early nineties.
Défaire ce bel édifice dans son premier essor, pour le reconstruire sous la forme un peu expérimentale d’un hebdo culturel, à la fois généraliste et pointu, ouvert à tous les champs de la création, mais suffisamment maniable et réactif pour s’immiscer aussi dans celui du politique, le pari était pour le moins périlleux.
En plein dans le 1 000 (ou pas loin)
L’assertion est d’autant moins immodeste que 90 % de l’équipe actuelle (dont l’auteur de ces lignes) n’étaient pas là au lancement de l’hebdo : pour périlleux qu’il fût, le pari a été gagné. Malgré une diffusion qui n’en fit jamais un mammouth de la presse nationale, l’hebdo est parvenu en vingt ans à s’imposer dans le paysage culturel, à accompagner des générations d’artistes émergents, et s’est mobilisé avec ferveur aussi lors de certains événements politiques et sociaux. Bon an, mal an, sa périodicité a permis au titre de suivre avec plus de précision la sismographie de son époque, différentes générations de journalistes se sont sédimentées, et si en vingt ans le journal a changé plusieurs fois de direction (managériale), ce fut sans trop varier de direction (éditoriale). Et puis un jour, voilà, c’est déjà le numéro 1 000.
En 1 000 morceaux
Pour fêter ce chiffre un peu impressionnant, Georges Perec a été notre boîte à outils. Son Je me souviens comporte 480 petits shoots mnésiques. Nous avons poussé jusqu’à 1 000. Pour cela nous avons fait le tour des amis et de la famille élargie – anciens rédacteurs et artistes dont la trajectoire est enchevêtrée dans la vie du journal – et avons agité le bocal à souvenirs. En ont jailli ces 1 000 “Je me souviens” polyphoniques et inédits racontant l’histoire du journal par ceux qui l’ont vécue. Entre pincements au cœur, mosaïque ludique, petites madeleines poétiques, fous rires attendris. Mille éclats de mémoires avant d’entrer de pied ferme, et aussi combatifs que l’époque l’exige, dans notre second millénaire.
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