La voix de Michel Foucault, la musique de Nilüfer Yanya, Beak> et King Krule, les muscles au travail dans une websérie.
Free Foucault
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Son phrasé, la cadence de ses démonstrations, ses “autrement dit”, les bruits de toux de son auditoire… Et s’il était un jour possible d’assister aux cours de philosophie politique de Michel Foucault ? De vivre cette oralité scripturale, cette aventure dans laquelle il embarquait son vaste auditoire ? Profitant du temps imposé par ce confinement contraint que nous traversons, un groupe clandestin, Les Ecrevisses, a entrepris de diffuser l’ensemble des enregistrements des cours dispensés par Michel Foucault au Collège de France entre 1972 et 1984.
La plateforme Free Foucault est “décentralisée et non-censurable”, selon ses créateur·trices qui publient des versions entièrement restaurées de ces enregistrements, débarrassés de tout grésillement et autres bruits parasites. Et pour éviter les soucis de droits d’auteur, Les Ecrevisses s’est dotée d’une technologie IPFS : “Chaque enregistrement y est découpé en une multiplicité de petits fragments, eux-mêmes éparpillés à travers une multiplicité de serveurs” et rend “inassignable l’hébergeur.”
En 1970, Michel Foucault devient titulaire de la chaire d’Histoire des systèmes de pensée au Collège de France et donne l’année d’après des cours sous le titre “Morphologie de la volonté de savoir”, puis “Le gouvernement de soi et des autres” jusqu’en 1983. Dans le premier cours disponible sur Free Foucault intitulé “Naissance de la bio-politique”, le philosophe analyse “la manière dont on a essayé, depuis le XVIIIe siècle, de rationaliser les problèmes posés à la pratique gouvernementale par les phénomènes propres à un ensemble de vivants constitués en population : santé, hygiène, natalité, longévité, races…” Une thématique encore éminemment d’actualité.
https://www.youtube.com/watch?v=AbHqZM4Stjc
Echoes with Jehnny Beth
Echoes with Jehnny Beth, nouveau programme d’Arte, s’applique à rendre ses droits à la musique live à la télévision. Lors de la première émission, la leadeuse de Savages, qui, par ailleurs, s’élance tout juste en solo, recevait les groupes Primal Scream, IDLES et Life. Pour ce deuxième programme, Jehnny Beth accueille l’abrasive Nilüfer Yanya, le trio Beak>, cofondé par l’ex-Portishead Geoff Barrow, et le souverain désenchanté de Brixton King Krule.
L’association de ces trois invité·es n’est pas due au hasard : il·elles héritent du jazz – sans oublier le rock et le blues –, et Jehnny Beth le sait bien. A l’issue de cette conversation, les sujets communs à leurs productions respectives sont mis au jour : l’anxiété, la spontanéité de leur création, ou encore l’envie de protestation dans une industrie qui, selon eux·elles, pourrait limiter l’inspiration.
Entrecoupé par les performances de chaque groupe (toutes longues de trente minutes en live), l’entretien collectif qu’anime Jehnny Beth permet une immersion passionnante dans l’univers de ces quelques acteurs et actrices de la scène musicale britannique.
Sur Arte le 1er mai à 23 h 50
Tous musclés
Le sac de sport en bandoulière, ils et elles sont de plus en plus à fréquenter les salles de fitness et à s’adonner au bodybuilding. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec 55 000 salles de fitness en Europe, 60 millions de pratiquants et un chiffre d’affaires de 27 milliards d’euros par an, la culture du muscle est devenue le nouveau culte séculier. C’est ce qu’analyse la websérie documentaire en dix épisodes de Jérôme Momcilovic (auteur d’un essai fameux sur Arnold Schwarzenegger en 2016) et Camille Juza, Tous musclés, mise en ligne sur le site d’Arte.
Un anthropologue (Jean-Jacques Courtine), un économiste (Guillaume Vallet) et un historien (Johann Chapoutot), ainsi que des adeptes de cette pratique, interprètent cette mode en la prenant très au sérieux. Si la nouvelle philosophie moderne a transformé la maxime “je pense, donc je suis” en “je sue, donc je suis”, c’est que la vague néolibérale de la fin des années 1970 a changé nos comportements intimes. Désormais, les logiques entrepreneuriales s’appliquent aussi aux corps. Aux Etats-Unis, on dit même “work out” pour parler du sport. Ou quand l’activité physique rejoint le travail.
Sur Arte.tv à partir du 27 avril
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