Le premier tour a drainé son lot de surprises dans les grandes villes entre la claque FN à Marseille, la victoire surprise de NKM à Paris ou encore la triangulaire frontiste à Lille. Mais rien n’est joué, notamment du côté de Rennes où une alliance PS-EELV-FG tarde à se former. Petit tour d’horizon à Paris, Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Rennes et Strasbourg.
Paris : Hidalgo chahutée par NKM
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Donnée gagnante, Anne Hidalgo a été surprise dimanche soir lorsque c’est finalement sa rivale Nathalie Kosciusko-Morizet qui est arrivée en tête du scrutin parisien avec 35,8 % des voix. Outre la claque prise dans le XVe arrondissement où la candidate socialiste n’a empoché que 29 % des voix face au maire UMP Philippe Goujon (49%), le PS se retrouve en difficulté dans le IXe et dans le IVe pourtant marqués par une sociologie de gauche. Autant de déconvenues mal anticipées par l’état-major.
Mais si NKM s’est félicitée, radieuse, de cette première victoire, elle est très mal engagée pour remporter la mairie. Certes, le Ier, le VIe, le XVIe et le XVIIe ont été remportés dès le premier tour. Mais les arrondissements clés lui permettant d’avoir le nombre de conseillers suffisants pour l’élire à l’hôtel de ville lui ont échappé. Dans le XIVe, c’est une quasi inconnue, Carine Petit, qui la bat à hauteur de 5 points, et dans le XIIe le PS maintient un écart de 4 points avec l’UMP, le candidat et partenaire écolo Christophe Najdovski sur les talons avec 10,06 %. Le Vee passe aussi dans l’escarcelle socialiste, la droite locale étant tiraillée entre la dynastie Tibéri et la liste NKM.
“On a gagné la majorité des arrondissements, on est devant”, assure Jean-François Martins, conseiller de Paris, affirmant, à propos de NKM : “Elle a atteint son plafond électoral : avec le centre, elle n’arrive à rassembler que 34 % des voix. NKM a perdu son triple pari : elle avait besoin du XIVe, elle ne l’a pas eu ; elle comptait sur la démobilisation des électeurs mais les Parisiens se sont déplacés, et elle comptait sur un rassemblement de la droite pour atteindre 40 % des voix. Ça ne peut pas marcher.”
Lundi, le camp socialiste confirmait un accord avec EE-LV pour le deuxième tour : ils auront dix-huit sièges de conseillers de Paris, contre neuf actuellement. Moins qu’en 2001, mais plus qu’en 2008. L’accord programmatique prévoit la mise en place automatique de mesures d’urgence en cas de pic de pollution (gratuité des transports, circulation alternée), ainsi que la remise sur le marché de la location d’appartements et de bureaux vides.
La réaction de NKM ne s’est pas fait attendre. “Pour obtenir une poignée de postes la direction parisienne des Verts a jeté par dessus bord toutes ses convictions et trahi ses électeurs”, écrit-elle dans un communiqué. La candidate UMP multiplie les déplacements cette semaine entre le IXe et le XIVe.
Résultats
Nathalie Kosciusko-Morizet (UDI-UMP) : 35,64% ; Anne Hidalgo (UG-PS) : 34,40% ; Christophe Najdovski (EE-LV) : 8,86% ; Wallerand de Saint-Just (FN): 6,26 % ; Divers droite (DVD) : 6,48% ; Danielle Simonnet (PG) : 4,94% ; Divers (DIV) : 1,31% ; Extrême gauche (EXG) : 1,10% ; Divers gauche (DVG) : 1,01%. Taux de participation : 54,9%
Marseille : “le 21 avril marseillais”
La déculottée est historique. Le PS de Patrick Mennucci a été relégué à la troisième place derrière les 22 % du FN, laissant le maire sortant Jean-Claude Gaudin caracoler avec 38 % des voix. Dans le détail, c’est presque pire : donnée victorieuse par tous les sondages dans le 3e secteur, la ministre Marie-Arlette Carlotti enregistre 15 points de retard sur le sénateur UMP Bruno Gilles.
Côté UMP, on jubile. “Monsieur Mennucci est désavoué, a lancé Gaudin à la foule dimanche soir. Son score désavoue en même temps le gouvernement. Voilà, c’est un échec pour eux aussi, c’est très clair.” Dimanche soir, tandis que Mennucci arrive sur la pointe des pieds par l’escalier de service de son QG pour une brève allocution, le frontiste Stéphane Ravier exulte. “Vous ne vous y attendiez pas, à ce 21 avril marseillais qui va faire trembler la France. Depuis notre université d’été, je prédis ce tremblement de terre, ce coup de tonnerre.”
Mennucci a beau jeu de blâmer la division de la gauche et le gouvernement impopulaire, mais c’est encore lui qui devra porter la responsabilité de la bérézina. Il a appelé les électeurs de Pape Diouf, ceux de Jean-Marc Coppola, tête de liste Front de Gauche, et les abstentionnistes à le rejoindre au second tour.
Mardi, les accords continuaient d’être négociés. Ainsi de Jean-Claude Gaudin qui s’allie avec la dissidente PRG et guériniste Lisette Narducci, maire sortante du deuxième secteur arrivée en deuxième position derrière la liste UDI-UMP conduite par Solange Biaggi. Narducci garderait sa mairie de secteur.
Résultats
Jean-Claude Gaudin (UMP-UDI-Modem) : 37,64% ; Stéphane Ravier (FN) : 23,16% ; Patrick Mennucci (PS-EELV) : 20,77% ; Jean-Marc Coppola (FG) : 7,10% ; Pape Diouf (DVG) : 5,63% ; Divers (DIV) : 3,09% ; Divers droite (DVD) : 2,26% ; Extrême gauche (EXG) : 0,35%. Taux de participation : 53,53%
Lyon : un second tour pour Gérard Collomb
Contrairement à 2008 où il l’avait emporté dès le premier tour, Gérard Collomb est en ballottage. Sans parler de défaite – ses listes arrivant en tête et lui-même totalisant 46% des voix dans le IXe arrondissement, Collomb a appelé ses anciens partenaires d’EE-LV et du FG au rassemblement. “Pour le deuxième tour, nous avons une très grande chance d’emporter sept arrondissements sur neuf”, s’est-il félicité.
Je lance un appel à la mobilisation et au large rassemblement pour Lyon, pour les Lyonnais ! #Lyon #Municipales2014
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) March 23, 2014
Le Front de gauche et le GRAM ont décliné l’offre du maire sortant. Les écolos ont joué la carte de l’union malgré leur forte opposition sur plusieurs projets portés par Collomb (Grand Stade, Anneau des sciences, métro E…). L’écolo Emeline Baume prend ainsi la place de la tête de liste socialiste Odile Belinga dans le Ier. Leur objectif ? Opposer leurs 37,22 % de voix compilés à l’ex-PS alliée au Front de gauche, Nathalie Perrin-Gilbert, qui l’a emporté dimanche soir dans cet arrondissement avec 33,46 % des voix contre 25,5 % pour le PS. L’UMP conforte son ancrage dans le IIe et le VIe arrondissement où la liste UMP-UDI est élue dès le premier tour. Par ailleurs, Michel Havard devrait bénéficer du report de voix du candidat centriste Eric Lafond (3%).
Mais la surprise c’est évidemment la poussée inédite du FN, qui se maintient dans sept arrondissements sur neuf, avec des scores doublés voire triplés par rapport à 2008. Dans le VIIIe par exemple, où l’extrême droite ne réalisait qu’un score de 6,65 % en 2008, le candidat Christophe Boudot obtient 18,4 % du suffrage. Du jamais vu dans la capitale des Gaules.
Résultats
Gérard Collomb (PS) : 35,76% ; Michel Havard (UDI-UMP) : 30,49% ; Christophe Boudot (FN) : 12,19% ; Aline Guitard (FG)-Fram : 7,56% ; Emeline Baume, Etienne Tête (EELV) : 8,90% ; Eric Lafond (SE, centre) : 3,55%. Taux de participation : 56,09%
Lille : Martine Aubry n’échappe pas à une triangulaire avec le FN
Martine Aubry aurait dû se méfier. Interviewée par Les Inrockuptibles en janvier, celle qui déclarait que “si vous êtes lillois, vous ne votez pas FN”, fait 12 points de moins qu’en 2008 face à un FN qui, lui, en fait 12 de plus. Talonnée par son adversaire UMP Jean-René Lecerf et un bon maintien des écolos, la maire sortante ne pourra plus compter sur la même assise. Pire encore pour la présidente de Lille métropole : le FN réalise des scores record dans les grandes villes (17,52 % à Tourcoing contre 7,25 % en 2008, 19,3 % à Roubaix contre 8,94 % en 2008), qui pourraient basculer à droite.
Le coup est rude. Dimanche soir sur BFM-TV, Aubry, visiblement émue, se disait “malheureuse du score de l’extrême droite”. “Beaucoup de Français ne comprennent pas pourquoi la politique actuelle ne donne pas des résultats plus vite et je dirais que je les comprends”, a t-elle ajouté, floue. Forte d’un bon bilan, l’ex secrétaire du Parti socialiste devrait néanmoins remporter la mairie une troisième fois dimanche prochain.
Résultats
Martine Aubry (PS-PRG-MRC-centristes) : 34,86% ; Jean-René Lecerf (UMP-UDI) : 22,73% ; Eric Dilllies (FN) : 17,15% ; Lise Daleux (EELV) : 11,08% ; Hugo Vandamme (FG) : 6,17% ; Alessandro Di Giuseppe (divers gauche) : 3,55% ; Jacques Mutez (DVG) : 1,88% ; Nicole Baudrin (LO) : 1,47% ; Jan Pauwels (NPA) : 1,10%. Taux de participation : 47,44%
Bordeaux : le triomphe d’Alain Juppé
Comme annoncé dans les sondages, Alain Juppé remporte la mairie de Bordeaux dès le premier tour avec 60,95 % des suffrages. Un record pour le maire installé à l’hôtel de ville depuis 1995. “Ce soir je suis très heureux pour mon équipe et pour moi”, a déclaré l’ancien Premier ministre, tandis que ses partisans hurlaient “Juppé président”. Son adversaire socialiste et président de la communauté urbaine, Vincent Feltesse, ne recueille que 22,6 % des voix. Feltesse pourrait même perdre la majorité au sein de la CUB, se réjouit Alain Juppé. Plusieurs villes de la communauté comme Ambès, Artigues-près-Bordeaux et le Taillan-Médoc ont déjà basculé. Dans un registre tragi-comique façon Terminator rencontre le Cid, le jeune socialiste écrivait sur Twitter : “Je me relèverai, je reviendrai, et je serai maire de #Bordeaux”. https://twitter.com/VincentFeltesse/status/447858866991423488
Résultats
Alain Juppé (Union de la droite) : 60,94 % ; Vincent Feltesse (Union de la gauche) : 22,58 % ; Jacques Colombier (FN) : 6,06 % ; Vincent Maurin (Front de gauche) : 4,59% ; Yves Simone (Divers) : 2,78% ; Philippe Poutou (extrême gauche) : 2,5% ; Fanny Quandalle (extrême gauche) : 0,51%. Taux de participation : 55,21% (contre 61,7% en 2008)
Toulouse : Moudenc et Cohen rejouent le match
Le maire sortant PS contre l’ancien maire UMP. A Toulouse on rejoue le match électoral de 2008, où Pierre Cohen l’avait emporté avec à peine 1 200 voix d’avance, mettant un terme au règne de 37 ans de la droite centriste. Se pourrait-il que la Ville rose bascule à nouveau dans le camp azur ? Comme en 2008, c’est Jean-Luc Moudenc qui prend la tête au premier tour avec 38,20 % des voix face aux 32,26 % de Cohen. “La partie n’est pas gagnée, ça va être serré. Mais la configuration est bonne” a déclaré confiant le candidat UMP.
Dans un contexte national défavorable aux candidats de la majorité gouvernementale, Pierre Cohen n’a pas réussi à mobiliser suffisamment l’électorat de gauche. Dans certains bureaux de vote des quartiers populaires, la participation s’établit autour de 25 % à peine, alors que dans l’est de la ville, plutôt acquis à la droite, elle était de 60 %. Reste que Pierre Cohen devrait bénéficier du report des voix des candidats EE-LV et PG. “La gauche reste majoritaire à Toulouse, calcule le maire sortant dans les pages de La Dépêche du Midi. Les listes de droite cumulées atteignent 47 % tandis que la gauche se situe autour de 53 %. Nous avons un effort important de mobilisation à accomplir.”
Résultats
Jean-Luc Moudenc (UMP) : 38,20 % ; Pierre Cohen (PS) : 32,26% ; Serge Laroze (FN) : 8,15% ; Antoine Maurice (EELV) : 6,99% ; Jean-Christophe Sellin (FDG) : 5,10% ; Christine de Veyrac (UDI) : 2,45% ; Jean-Pierre Plancade (SE) : 2,12% ; Ahmed Chouki (EXG) : 1,67% ; Sandra Torremocha (LO) : 0,63% ; Elisabeth Belaubre (DIV) : 2,42%. Taux de participation : 52,22%
Nantes : la gauche tranquille
Si le PS reste populaire dans le fief de Jean-Marc Ayrault, c’est tout de même la première fois depuis 1977 que les Nantais vont voter au second tour. C’est sa protégée Johanna Rolland qui arrive en tête avec 34,51 % des suffrages, devant la candidate UMP Laurence Garnier (24,16 %) et la liste EE-LV de Pascale Chiron (14,55 %).
Les tractations ont déjà commencé entre le député écolo François de Rugy et son suppléant PS Pascal Bolo en vue de la liste commune PS/EE-LV le 30 mars. Si les partenaires ont l’habitude de travailler ensemble, le bon score des Verts devraient les autoriser à négocier tête haute sur le dossier Notre-Dame-des-Landes, dans lequel ils défendent un moratoire. PS et EE-LV ont jusqu’à mardi 18h, limite de dépôt des listes pour le second tour, pour trouver un accord.
A droite, Laurence Garnier devrait bénéficier des reports de voix de trois listes : la dissidente de Sophie Van Goethem, conseillère municipale sortante divers droite (5,59 %), celle de Pierre Gobet (4,30 %), et celle du centriste Xavier Bruckert (2,10 %). Quant au FN, il ne s’est pas qualifié pour le second tour avec 8,14% des voix.
Résultats
Johanna Rolland (PS) : 34,51 % ; Laurence Garnier (UDI-UMP) : 24,16% ; Pascale Chiron (EELV) : 14,55% ; Christian Bouchet (FN) : 8,14% ; Sophie Van Goethem (DVD) : 5,59% ; Guy Croupy (PG) : 5,04% ; Pierre Gobet (DVD) : 4,30% ; Xavier Bruckert (MoDem) : 2,10% Hélène Defrance (EXG) : 1,16% Arnaud Kongolo (DIV) : 0,46%. Taux de participation : 54,49%
Rennes : la difficile alliance entre le PS et les Verts
Bastion de la gauche, la capitale bretonne n’a pas connu de grand tremblement de terre électoral mais elle se tient éloignée de ses scores historiques. Si la députée PS Nathalie Appéré est arrivée en tête du scrutin, elle l’a fait avec 11 points de moins que la liste de Daniel Delaveau en 2008.
Face à elle, la droite unie a rassemblé 30,12 % des suffrages et le FN 8,37 %. Mais le vrai obstacle de ce second tour pour les socialistes réside dans l’attitude de la liste EELV-FG, arrivée troisième avec 15,09 % des suffrages. Si le PS a appelé dès dimanche soir à l’union avec les écologistes, la liste de Mathieu Theurier a été moins enthousiaste. “Nous sommes aujourd’hui la deuxième force à gauche à Rennes, on ne va pas brader ça”, insiste la tête de liste écologiste Matthieu Theurier.
Après 48 heures d’âpres négociations, les têtes de liste ont trouvé un accord. Selon Ouest France, les Verts obtiendraient les transports, l’économie sociale et solidaire et la culture. Niveau programmatique, EE-LV-FG a pu imposer des propositions : allocation de budgets participatifs aux conseils de quartier, gratuité des premiers mètres cubes d’eau, la réalisation d’une étude pour un RER rennais, l’approvisionnement bio des restaurants municipaux à hauteur de 20 % d’ici 2020…
Résultats
Nathalie Appéré (PS) : 35,56 % ; Bruno Chavanat (UDI-UMP-Modem) : 30,12 % ; Matthieu Theurier et Valérie Faucheux (EE-LV, PG) : 15,09 % ; Gérard de Mellon (FN) 8,37 % ; Caroline Ollivro (RBE) : 3,82% ; Rémy Lescure (DIVERS) : 3,4% Valérie Hamon (LO) : 1,68 % ; Pierre Priet (POI) : 0,96% ; Alexandre Noury (divers droite) : 0,96%. Taux de participation : 52,84%
Strasbourg : rien n’est joué pour le PS et l’UMP
Le maire socialiste sortant Roland Ries (31,24%) se tient au coude à coude avec l’ancienne maire UMP Fabienne Keller (32,92%). Les deux compères s’affronteront dans une triangulaire, le FN s’invitant au second tour avec 10,94 % des voix. Mais si Strasbourg fait partie des villes-objectifs pour l’UMP, il se pourrait bien que le report de voix soit plus favorable à la gauche : la liste EELV a en effet engrangé 8,52 % des voix, et la liste FG 3,96%.
Keller n’a pas dit son dernier mot. Non seulement elle compte sur une mobilisation supérieure de son électorat, mais surtout elle est en pleines tractations avec l’ancien ministre et candidat UDI François Loos (7,56%). Selon Les Dernières Nouvelles d’Alsace, François Loos serait numéro 2 d’une liste fusionnée UMP/Modem/UDI.
Résultats
Fabienne Keller (UMP) : 32,92% ; Roland Ries (PS) : 31,24% ; Jean-Luc Schaffhauser (FN) : 10,94% ; Alain Jund (EELV) : 8,52% ; François Loos (UDI) : 7,55% ; Jean-Claude Val (FG) : 3,96% ; Tuncer Saglamer (Divers) : 2,63% ; Armand Tenesso (divers droite) : 1,08% ; Pierrette Morinaud (extrême gauche) : 0,73% ; Elisabeth del Grande (extrême gauche) : 0,39%. Taux de participation : 49,68%
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