Dimanche 7 Août, l’humanitaire Maxime Puemo Tchantchuing, plus connu sous le nom de Moussa, était de retour en France après avoir été retenu sept mois au Bangladesh. Reportage dans sa ville natale qui l’a accueilli comme un héros.
Sur le parvis de la mairie de Montreuil un immense poster du portrait de Moussa couvre une colonne en pierre. L’affiche affublée du message « enfin libre » doit être décrochée dans quelques minutes par le jeune homme lui-même qui fête son retour à Montreuil. Avant cela, il tient une conférence de presse. Après des remerciements chaleureux de la part du maire communiste de la ville, Patrice Bessac, Moussa prend la parole.
Avec un soin tout particulier il rappelle les raisons de son arrestation et de sa détention. Le 17 décembre 2015 Moussa s’envole vers le Bangladesh pour mettre en place un projet humanitaire et venir en aide aux Rohingya ; une population musulmane originaire de Birmanie qui est aujourd’hui persécutée. Quatre jours plus tard, après un contrôle dans un check point, il se fait arrêter. Ce qui éveille la curiosité et la suspicion des militaires c’est que le jeune homme se fait appeler Moussa mais sur ses papiers officiels son prénom est : Maxime. A cela s’ajoute son aide apportée à la population Rohingya. Le lendemain, il est emprisonné et mis à l’isolement pour « activités suspectes », « ce qui veut tout et rien dire » souligne son avocat Hosni Maati, présent à la conférence de presse.
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#FreeMoussa
Sur les réseaux sociaux, le hashtag « #FreeMoussa » avait été immédiatement relayé par des centaines de milliers de personnes afin de protester contre son arrestation.« Ça a été extrêmement important pour moi quand j’étais dans les geôles bangladaises, explique Moussa. Ces premiers mois ont été très difficiles car j’ai vécu plusieurs ascenseurs émotionnels dans cette prison : j’ai senti la mobilisation mais je ne pouvais pas la percevoir car j’étais isolé et je ne savais pas ce qu’il se passait à l’extérieur ». Le 1er mars, il obtient sa libération conditionnelle, mais il est encore loin de pouvoir retrouver ses proches en France : La justice bangladaise demande une enquête sur la situation de Moussa, les raisons de sa présence et ses objectifs. Il lui faudra donc attendre cinq mois pour recevoir le verdict final.
Enfin libre
Au cours du mois de juillet dernier, Moussa apprend que les poursuites contre lui sont abandonnées. Il entrevoit enfin l’espoir de rentrer chez lui. Dimanche 7 août, il finit par atterri sur le sol français. Une foule rassemblée dans le hall de l’aéroport hurle alors de joie.
Beaucoup d’émotions à l’arrivée de #FreeMoussa #WelcomeBackMoussa ????????❤️ pic.twitter.com/kLFNI7Ogxh
— freemoussa (@obamax93) 7 août 2016
C’est au tour de Camden, le frère de Moussa, de prendre la parole devant les journalistes. Son discours est court mais il remercie les nombreux soutiens qui les ont accompagnés : amis, proches, parlementaire, élus locaux, médias, artistes et nombreux anonymes. Son avocat Hosni Maati a préféré s’étendre sur le contexte sociétal particulier actuellement en France.
Pendant cette conférence de presse, chacun est attentif pour ne rater aucun détail, mais une personne détonne dans l’assemblée par son large sourire et ses yeux remplis de fierté : c’est Justine Tchantchuing, la mère de Moussa. C’est elle qui, pendant l’incarcération de son fils, poussait les comités de soutien à « ne pas baisser les bras ».
Pour écouter les déclarations de chacun, passez votre souris sur la photo et cliquez sur les pastilles rouges
Photo : Fanny Ménéghin
Après le discours de chacun, Moussa présente son nouveau projet humanitaire qu’il a commencé à élaborer pendant les mois qu’il a passé au Bangladesh. Sur place, il s’est lié d’affection avec des enfants des rues. Pour leur venir en aide, il a choisi de créer le projet Bani Street, de la rue à la vie. Son objectif est de mettre en place un centre d’accueil pour les jeunes afin de leur donner un hébergement, une éducation et les sortir de la mendicité. « je me suis très vite lié à eux et je sais que je peux les aider plus qu’avec une assiette de riz, explique-t-il. Il faut que je les sorte de là ». Pour ce projet Moussa lance un appel aux dons, son premier objectif est d’atteindre la somme de 300 000 € pour mettre en place les trois premières années de Bani Street. Et pour donner, c’est par ici.
Le retour d’un héros
Sur le parvis de l’hôtel de ville de Montreuil, près de 300 personnes se sont massées pour accueillir Moussa. Quand il arrive enfin la foule crie de joie et se presse pour le prendre en photo. Le maire remercie une nouvelle fois toutes les personnes présentes et donne le micro au jeune homme qui a du mal à ne pas se laisser submerger par l’émotion. Un instant plus tard, il se tourne vers l’immense poster dressé en son honneur et le décroche. Désormais Moussa est libre.
Pour écouter le discours de Moussa, passez votre souris sur la photo et cliquez sur la pastille rouge
Photo : Fanny Ménéghin
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