Le 16ème jour de grève de Radio France s’est vu bousculé par le vote d’une motion de défiance demandant le départ de Mathieu Gallet.
Ce matin, la grève dans laquelle s’enlise Radio France a pris une nouvelle tournure. Lors de l’assemblée générale, qui réunissait 400 à 500 salariés ce vendredi, les grévistes ont voté une motion de défiance à l’encontre de Mathieu Gallet. La quasi-unanimité d’entre eux réclame via ce texte, le départ imminent du PDG maintes fois cloué au pilori ces dernières semaines. Le Syndicat National des Journalistes, qui s’est joint à la grève le 31 mars, déplore cette décision : « Tout ce qui affaiblit le patron de Radio France affaiblit Radio France » rapporte la déléguée nationale Valeria Emanuele au Monde. Dans un communiqué publié cet après-midi, le Parti socialiste appelle à une « sortie rapide » et demande au PDG d’instaurer « un véritable dialogue social autour du plan stratégique » qu’il a présenté à Fleur Pellerin le 2 avril.
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Voici l’intégralité de la motion de défiance :
Texte de la motion de défiance by LeMondefr
La « défense pathétique » de Mathieu Gallet sur Itélé
Dans une lettre à leur attention, le PDG de Radio France note que « l’Etat devrait rapidement arbitrer sur le projet qu’[il a] présenté et témoigner son soutien à Radio France et à la transformation que nous allons porter ensemble », selon Le Monde. Il ajoute qu’un comité d’entreprise extraordinaire se réunira le mercredi 8 avril pour présenter son projet stratégique aux élus, une semaine après l’avoir remis aux mains du gouvernement. Un 1er avril décidément très sérieux pour Gallet, puisque la Cour des comptes a également déclaré, dans un rapport consacré à Radio France, qu’il fallait fusionner les rédactions de France Info, France Inter et France Culture.
Mais Mathieu Gallet a définitivement prouvé qu’il avait cessé de faire le dos rond hier soir, lors d’une intervention sur Itélé. Interrogé sur les multiples révélations du Canard Enchaîné concernant le prix de son bureau, de son conseiller et de son ancien passage à l’Institut National de l’Audiovisuel, le dirigeant de 38 ans a nié en bloc, évoquant « un réseau de l’ombre cherchant à salir son honneur. » Il a par ailleurs stipulé : « Je ne démissionnerai pas […] J’ai été nommé par le CSA, seul le CSA peut me retirer mon mandat« .
Les propos de l’ancien PDG de l’INA ont amplifié la colère des salariés. Et pendant que le patron louvoie de mal en pis, la grève s’embourbe. Qu’elle se poursuive ou non, « l’avenir de Mathieu Gallet se résume à deux options« , estime Philippe Kieffer sur le Huffington Post : « une démission (explosive pour le CSA qui l’a élu à l’unanimité de ses « compétences »), ou le maintien coûte que coûte à son poste en cédant d’ici peu la présidence effective de Radio France à un directeur général que l’actionnaire lui imposera. »
Des centaines de CDD dans la tourmente
A l’approche d’une solution qui se révélera amère et coûteuse pour chaque clan, un autre problème se dessine en toile de fond: celui de la précarité des emplois à Radio France qui, même si elle ne fait pas partie des revendications officielles du mouvement, risque fort de créer un esclandre supplémentaire dans les jours à venir.
« Pour les journalistes, Radio France s’est créée sa propre agence d’intérim, un système de précarité très institutionnalisé. C’est une machine à broyer des CDD » explique Anne-Laure Chouin à Mediapart. Sur son CV cette reporter gréviste à France Culture n’a pas la place d’annoter les 250 CDD qu’elle a cumulé dans la boite, en sept ans. Sa voix fait écho à celle de centaines d’autres CDD, aujourd’hui représentatifs d’un quart des salariés de Radio France. A ce jour, la plupart d’entre eux ne peuvent pas se joindre aux rangs des grévistes: certains, d’une part, remplacent ces fameux grévistes, comme ils remplacent beaucoup de salariés lors de leurs arrêts de travail ou leurs vacances. La majorité d’entre eux, cependant, craint les éventuelles retombées sur leurs contrats déjà précaires, et ne peut pas se risquer à aller grossir les rangs de la grève.
Le gouvernement fera part des résultats de ces négociations dans les prochaines semaines. Les grévistes ont voté aujourd’hui la reconduction de la grève jusqu’au mardi 7 avril, qui marquera le vingtième jour d’absence d’émissions sur Radio France.
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