Le journaliste d’investigation Paul Moreira dresse un premier bilan des Etats généraux de la presse. Il évoque aussi PPDA, les nains de jardins, Gaza et l’Afghanistan où il tourne un documentaire.
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Ne regrettez-vous pas qu’on ait convié les patrons plutôt que les journalistes et les lecteurs à la table des négociations ?
Il me semble que c’est cohérent avec la vision que Nicolas Sarkozy a de la presse. Pour lui c’est une industrie comme les autres. Il l’a énoncé assez clairement.
Le petit livre vert remis à Albanel à l’issue de ces Etats généraux, vous y avez jeté un œil ?
Je suis à Kaboul, donc je n’ai lu que les comptes rendus sur Internet. Il y a des mesures économiques d’urgence qui ressemblent à des opérations de réanimation. Je ne vois pas grand chose sur la protection de l’indépendance des rédactions, ce qui me semble être central pour la crédibilité de la presse et donc son succès. Et de toute façon, ne l’oublions jamais : c’est le président qui prendra les décisions finales.
Quel regard portez-vous sur la guerre de Gaza, vous qui étiez sur place il y a quelques années pendant une invasion militaire israélienne ?
Je suis allé une dizaine de fois à Gaza. La dernière en 2005 au moment du retrait israélien. J’ai vu la montée en puissance du Hamas. C’était presque physique, leurs défilés ordonnés alors que tous les autres groupuscules semaient le chaos et tiraient en l’air dans les rues. J’avais le sentiment d’assister à la marche sur Rome. Le Hamas est un parti d’extrême droite, ou plutôt national-religieux. S’il a pris une telle ampleur c’est aussi à cause de la corruption de l’autorité palestinienne, les méthodes clientélistes des gens du Fatah, leurs Mercedes de l’année (même si Arafat lui même n’était pas intéressé par l’argent). Le Hamas, avec tous ses programmes sociaux, a su se rendre populaire. Enfin, rien ne changera jamais à Gaza tant que les Israéliens ne desserreront pas l’étau.
Pour moi, Gaza c’est une porte. Au point d’entrée de Eretz, au nord, il y a une porte métallique géante contrôlée électroniquement par des soldats israéliens dans une cabine pare-balles. Quand vous avez l’autorisation de rentrer, vous passez toujours par cette porte. Elle est actionnée par un énorme vérin hydraulique, le même que dans Jurassic Park. Le bruit que fait cette porte quand elle se referme s’imprime pour toujours en vous. Derrière la porte, il y a des centaines de milliers d’êtres humains qui ont perdu tout espoir de sortir un jour.
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