Après avoir été réprimandée par la direction de son pensionnat, une étudiante montréalaise lance une pétition pour dénoncer le port obligatoire du soutien-gorge. Soutenue par plusieurs élèves, elle réclame « un droit à l’évolution » et « un pas vers plus de liberté ».
« Ce n’est pas parce que tu ne portes pas de soutien-gorge que tu deviens tout d’un coup une pute », lance une étudiante au micro de Radio-Canada. Et pour cause. Il y a une semaine, dans le pensionnat pour jeunes filles Saint-Nom-de-Marie à Montréal, une jeune fille a été réprimandée par un surveillant pour s’être présentée en cours sans soutien-gorge apparent. Révoltée et choquée, l’étudiante a lancé une pétition dans son établissement, relayée par près de 2 000 élèves pour réclamer le port optionnel de ce sous-vêtement.
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« Il est triste de voir une école, qui dit prôner comme valeurs la conscience des inégalités sociales et le féminisme, agir de cette manière, écrit Emilie de Granpré, l’étudiante à l’origine de la pétition « Le port des soutien-gorges optionnel au PSNM. Un pas de plus vers la liberté ! ». Depuis secondaire un (la sixième en France, ndlr), on nous dit que nous serons formées en tant que bonnes citoyennes du monde et qu’être femme ne nous limite pas, mais en quoi est-ce que ces démarches conservatrices véhiculent de telles idées ? » Ce jeudi 14 juin, la pétition rassemble 8 391 signatures sur l’objectif de 9 000.
En réaction, plusieurs étudiantes se sont présentées en cours sans soutien-gorge.« C’est un droit à l’évolution, un pas vers plus de liberté », ont revendiqué certaines d’entre elles. La ministre responsable de la condition féminine, Hélène David, a elle aussi salué cette action et félicite les jeunes filles à l’initiative de ce mouvement pour leur capacité à poser de « vraies questions », rapporte le site TerraFemina.
Non au soutien-gorge obligatoire : une pétition circule dans les écoles de Montréal https://t.co/MjpwkO70dT
— Terrafemina (@Terrafemina) 11 juin 2018
Un mouvement grandissant
Cet événement s’inscrit dans une dynamique d’ensemble. Le mouvement des Carrés jaunes, né à Quebec dans une école secondaire, a gagné plusieurs établissements de la région depuis le mois d’avril. Ces instigateurs veulent mettre au jour le caractère sexiste des codes vestimentaires établis dans les écoles canadiennes. « Le code vestimentaire de la commission scolaire des Trois Lacs empêche les femmes de porter un vêtement qui dévoile l’épaule. Le fait de forcer les femmes à se couvrir la peau et à cacher leur silhouette, cela équivaut à dire que plus on voit de la peau ou des formes plus c’est sexualisant », a expliqué Joss Leblanc, étudiant à l’initiative du mouvement interrogé par le média VIVA.
Aux Etats-Unis, Lizzy Martinez avait appelé les étudiantes de son école au « bracott » en avril dernier (contraction des mots boycott et « bra », soutien-gorge en anglais) après qu’on lui ait demandé de mettre du scotch sur ses tétons pour ne pas exciter les jeunes garçons. Toutes ces initiatives ont le même objectif : faire en sorte que les jeunes filles de demain aient les mêmes droits et la même place dans la société que les jeunes hommes.
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