Après sa victoire face au FN, l’UMP remet en cause, elle-aussi comme au PS, la stratégie du Front républicain. L’opposition s’interroge sur le discours à tenir désormais face au parti de Marine Le Pen. « Droite décomplexée », tranchent les uns. Pas de surenchère derrière le FN, jugent les autres.
Le nouveau député du Lot-et-Garonne, l’UMP Jean-Louis Costes, qui a conquis dimanche le fauteuil de Jérôme Cahuzac, est arrivé ce mardi à l’Assemblée nationale. Et a eu le droit, comme le veut la tradition, de poser sa question au gouvernement… sur les retraites agricoles. « C’est avec beaucoup de fierté que j’entre dans cet hémicycle », a lancé le nouveau député, salué par un tonnerre d’applaudissements par la droite.
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Mais si l’UMP a gagné, elle n’en est pas pour autant libérée de ses débats internes. Que faire avec un FN si haut ? Comment lui barrer la route ? Dans un sondage BVA Opinion pour l’Express et France Inter publié lundi, au lendemain des résultats, 41% des électeurs UMP se montrent plus favorables à un appel de leur parti en faveur du « ni PS, ni FN », la ligne arrêtée par Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy depuis les cantonales de 2011, qu’à un appel en faveur du front républicain, dans l’hypothèse d’un affrontement FN/PS au second tour d’une élection. 35% préfèreraient que leur parti appelle à voter pour le candidat FN, 23% que l’UMP appelle au front républicain, c’est à dire à voter PS. 1% ne se prononce pas. Pas simple.
« Il ne sert à rien de courir derrière le Front national »
D’autant plus que, si les militants sont partagés, les cadres le sont tout autant. D’un côté, Jean-François Copé, partisan du « ni-ni », soit « ni PS ni FN » et partisan au contraire de la droite décomplexée, c’est-à-dire « d’une ligne politique qui ne soit pas de l’eau tiède, qui ne soit pas dans l’ambiguïté », a-t-il rappelé à l’annonce des résultats à Villeneuve-sur-Lot voyant clairement dans la victoire du candidat Jean-Louis Costes la validation de sa stratégie comme patron de l’UMP. De l’autre, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a vu elle dans ce résultat la validation de sa stratégie estimant qu’il « ne sert à rien de courir derrière le Front national, qu’il faut bien au contraire le combattre au nom de nos valeurs et de notre projet » et qui votera toujours pour le candidat du PS plutôt que pour celui du FN. Ou encore François Fillon qui voyait dans la victoire du candidat UMP « le rassemblement des électeurs autour d’un socle commun de valeurs face aux extrêmes. »
Des cadres d’autant plus inquiets à l’image de Bernard Accoyer, l’ex-président de l’Assemblée nationale, estimant que le score du candidat UMP élu a été « serré » face au FN à Villeneuve-sur-Lot, et « on voit bien le risque pour l’UMP d’être battue en duel par l’extrême droite ». D’où son inquiétude exprimée dans le Parisien mardi : « Si personne à l’UMP n’imagine d’alliance avec le FN, il y a des positionnements différents et cela nuit à la lisibilité et à la crédibilité de notre parti ». Et d’ajouter :
« Le front républicain peut créer de la confusion et n’apporte manifestement pas les résultats escomptés par certains. Bien entendu pour l’UMP, il ne peut être question d’alliance avec l’extrême-droite. »
Sur Europe 1, le président de l’UMP Jean-François Copé a fustigé hier le concept de « front républicain », estimant que cette notion n’avait pas « de réalité » : « Je n’ai jamais cru (au front républicain), ce qui me paraît très important maintenant, c’est que les électeurs comprennent bien les différences qui existent entre les différents partis, le PS et l’UMP, ce n’est pas pareil ». Puis de trancher : « Et quant au FN, ce n’est pas la même chose que l’UMP. La meilleure preuve, c’est que nous avons toujours été clairs et nous le serons toujours sur le refus d’alliances électorales avec le Front national. » Une manière de rejeter en bloc les procès de ceux qui lui reprochent dans sa famille politique d’aller draguer sur les terres du FN.
La position de Copé sur le front républicain tendrait-elle à faire des émules ? Les déclarations d’Alain Juppé sur BFM-TV, un des fondateurs de l’UMP créée au lendemain du 21 avril 2002, ne sont pas passées inaperçues :
« Je ne suis pas sûr que faire du front républicain une stratégie nationale soit une bonne idée, je me demande même si ça n’alimente pas, d’une certaine manière, la propagande du Front national qui veut mettre l’UMP et le PS dans le même sac – le tous pourris – pour s’en dissocier. »
Définitivement, l’UMP semble empêtrée dans ses débats toujours non tranchés de la présidentielle. Quelle ligne, quel programme, quelle stratégie ? Entre ceux qui prônent une droite musclée, non décomplexée. Et ceux qui veulent davantage travailler avec le centre et l’UDI. De quoi animer les prochains bureaux politiques de l’UMP.
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