Dans une lettre ouverte à Frédéric Mitterrand, un éditeur explique risquer la faillite car il est attaqué par Moulinsart S.A. pour ses parodies de Tintin. Nouvel épisode dans l’offensive des héritiers d’Hergé contre les défenseurs autoproclamés de la tintinophilie.
Dans une lettre ouverte au ministre de la Culture, Le Léopard Masqué, éditeur français d’une série de parodies de Tintin, explique risquer la faillite cette semaine. En cause: la procédure judiciaire initiée en avril 2009 par les héritiers d’Hergé.
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Sur les quatre chefs d’accusation initiaux -contrefaçon, plagiat, adaptation littéraire et parasitisme-, seul le dernier a été retenu l’été dernier par le tribunal contre Le Léopard Masqué. Mais la condamnation pourrait suffire à faire tomber la maison d’édition. Le tribunal a décidé que les dommages et intérêts, s’élevant à 72 000 euros « soit le double que ce que la série nous a rapporté » explique l’éditeur, devaient être versés de manière exécutoire, et non suspensive jusqu’au procès en appel.
Le Léopard Masqué a fait appel de la décision; mais la procédure judiciaire prend des mois et le 15 mars, par huissiers, les ayant-droits qui gèrent de près l’héritage d’Hergé ont sommé la maison d’édition de verser le montant.
« Monsieur le Ministre, je ne mets pas en cause la qualité de la justice mais force est de reconnaître que la lenteur de son administration favorise les mieux nantis. La société Moulinsart peut se permettre d’attendre des années le résultat de l’appel, ce n’est pas mon cas« , écrit, « en dernier recours« , Gordon Zola, fondateur du Léopard Masqué.
Un seul espoir pour l’éditeur : la justice a reconnu que la série est parodique mais s’appuie sur le concept de parasitisme pour le condamner. « Or c’est un concept industriel ! En revanche, si l’on regarde le droit d’auteur, il y a une exception de parodie qui peut nous rendre légitime à publier ce que nous publions« , explique t-il.
Le parasitisme est retenu par les juges quand ils reconnaissent une atteinte à la réputation ou l’affaiblissement du pouvoir attractif de l’entreprise victime. Ici, cela voudrait dire que l’éditeur des parodies tirerait profit de la « marque » Tintin au détriment des héritiers d’Hergé.
Le conflit entre les ayant-droits de Tintin et les « tintinophiles » n’en est pas à son premier épisode. Un auteur, Bob Garcia, qui avait publié cinq livres entre 2005 et 2008 qui visaient à faire découvrir l’oeuvre d’Hergé, a été condamné le 17 septembre 2009 pour « contrefaçon ». Dans la foulée, la Fnac a dû verser 30 000 euros pour avoir diffusé les ouvrages.
Autre preuve de la gestion à fleur de peau de l’image de marque de Tintin, l’emportement, sur son blog, de l’administrateur de Moulinsart S.A. en août 2009 contre des journalistes l’accusant de contester la gestion de l’héritage d’Hergé. Pas la première affaire qui tourne au sale.
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