“Nous ne publierons plus de photographies des auteurs de tueries, pour éviter d’éventuels effets de glorification posthume.” C’est ce que déclare Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, ce matin dans un éditorial intitulé “Résister à la stratégie de la haine”, sur l’édition abonnés du monde.fr. Suite aux attentats de Nice et à l’assassinat du prêtre de […]
“Nous ne publierons plus de photographies des auteurs de tueries, pour éviter d’éventuels effets de glorification posthume.” C’est ce que déclare Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, ce matin dans un éditorial intitulé “Résister à la stratégie de la haine”, sur l’édition abonnés du monde.fr.
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Suite aux attentats de Nice et à l’assassinat du prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray, Le Monde décide de prendre des mesures pour mener cette “bataille” qui “ne peut être considérée comme la seule affaire des forces armées ou de maintien de l’ordre, des services de renseignement et du personnel politique, analyse le directeur du quotidien. Elle concerne toutes les composantes de la société, et, au premier chef, celles qui constituent notre paysage médiatique remodelé par la révolution numérique.”
Le Monde avait déjà décidé il y a plusieurs mois de ne plus publier d’images de propagande de l’organisation “état islamique”, ni d’extraits de leurs revendications. Cette nouvelle mesure vient compléter une remise en question des usages du quotidien. “D’autres débats sur nos pratiques sont en cours”, annonce Jérôme Fénoglio.
L’anonymat des terroristes, tout un débat
Faut-il ou non publier les noms, les biographies, les parcours de ces tueurs qui s’identifient aux revendications de l’organisation terroriste ? Le débat fait rage. Chaque article publié sur le parcours d’un de ces hommes, chaque photo le représentant récolte son lot de commentaires réclamant de ne pas parler d’eux, car cela reviendrait à les glorifier.
Mais chercher dans le portrait d’un homme ce qui peut le mener à tuer n’est-il pas le travail des journalistes ? Les avis sont partagés, certains, dont l’extrême droite et les sphères complotistes criant à la manipulation et à la dissimulation dès qu’est émise l’idée de l’anonymat.
Quelle honte. Votre philosophie, celle de la manipulation et du mensonge…
— Louis Aliot (@louis_aliot) July 26, 2016
Pour Jérôme Fenoglio, “peu importe que le crime soit perpétré, parfois, par un ‘loup solitaire’, agissant par mimétisme, le cerveau lessivé à la propagande djihadiste, ou qu’il soit commis par l’agent d’un réseau organisé, ayant ou non des ramifications au Moyen-Orient. (…) Peu importe le profil individuel des terroristes, de ceux qui tuent à l’explosif, à la grenade, au fusil d’assaut, au volant d’un camion ou à coups de couteau. Le ‘donneur d’ordre’ (…) est toujours le même.”
Et de conclure: “Ces réflexions, ces débats, ces adaptations aux pratiques d’un ennemi qui retourne contre nous tous les usages, tous les outils de notre modernité, sont indispensables si nous voulons briser la stratégie de la haine, si nous voulons vaincre sans nous renier. Nous les devons à toutes les victimes de l’organisation criminelle dite Etat islamique.”
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