Aucun problème de cumul, disait Eric Woerth avant de démissionner de son poste de trésorier de l’UMP. Il était pourtant le premier à être à la fois ministre et trésorier du parti majoritaire.
Confronté à d’incessants reproches sur sa double casquette de ministre et de trésorier de l’UMP, Eric Woerth est longtemps resté droit dans ses bottes. Puis, devant la pression et l’injonction présidentielle, il a préféré quitter ses fonctions de trésorier, une concession pour sauver son maroquin.
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« L’Inspection générale des Finances (IGF) a montré qu’il n’y avait eu aucun conflit d’intérêts entre mes fonctions de trésorier et de ministre du Budget. Néanmoins, ce cumul fait l’objet d’une polémique. J’en prends donc acte. »
Et de démissionner dans la plus grande dignité. Dans une tentative désespérée pour défendre son camarade, Christian Estrosi avait voulu semer le doute en taclant Jospin à l’antenne d’Europe 1:
« D’un côté comme de l’autre, […] on a été dans la même position que M. Woerth, que ce soit M. Juppé, qui était à la fois Président du RPR et Premier Ministre, ou que ce soit de l’autre côté M. Jospin, qui a été membre de gouvernements en même temps qu’il était secrétaire du Parti socialiste ».
Le sang de l’ancien Premier ministre n’avait fait qu’un tour de l’île de Ré, et il avait remis les choses en place: jamais il n’avait cumulé les fonctions en question.
Aucun socialiste n’a d’ailleurs été trésorier de son parti et ministre en même temps, depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. Le Monde, en épluchant les CV dans l’ordre, a pu établir ce constat.
Trésoriers d’antan
Qu’en est-il à droite? Depuis la première cohabitation, en 1986, c’est la même chose. Eric Woerth était le premier à cumuler ces deux fonctions… à une nuance près.
Pour fastidieux que soit l’exercice, il n’est pas excessivement compliqué de retracer la chronologie des trésoriers du RPR, puis de l’UMP. Sauf à deux périodes : de 1995 à 1997 et de 2000 à 2002 (où de toute façon, la gauche étant au pouvoir, le trésorier inconnu ne pouvait être ministre).
Cruelle faille temporelle! Pendant une semaine, nous avons tanné l’UMP sans succès pour retrouver l’homme manquant. En succédant au regretté RPR, le parti présidentiel semble avoir perdu la mémoire. Abstraction faite de ce mystère (que vous pourrez peut-être nous aider à combler, qui sait?), revenons donc sur les trésoriers successifs.
De Galley à Woerth
De 1984 à 1990, Robert Galley s’y colle. l’ancien maire de Troyes a déjà traîné ses guètres dans les gouvernements gaullistes, à divers postes (Equipement, Transports, Coopération, etc.). Son dernier portefeuille prend fin avec l’élection de la gauche en 1981. Il fut donc un trésorier tout à fait dépourvu de ministère.
Lui succède Jacques Boyon, de 1990 à 1993, alors qu’il a quitté depuis deux ans le secrétariat d’Etat à la Défense. Puis Jacques Oudin, jusqu’à l’élection de Jacques Chirac en 1995. Malgré sa longue carrière politique, il n’a jamais été ministre. Les trois infortunés trésoriers précédemment cités ont été mis en cause dans l’affaire des emplois fictifs du RPR.
Suit le trou temporel dont on a parlé plus haut. N’en parlons plus, ça me fend le coeur.
De 1997 à 2000, Etienne Pinte reprend le flambeau. Le catholique social n’a jamais fait partie d’un gouvernement. Il a d’ailleurs été parmi les premiers à conseiller à Eric Woerth, dans la tourmente, de lâcher l’UMP.
Vient le deuxième trou temporel, tout de même moins triste comme expliqué plus haut.
En poste comme trésorier de l’UMP depuis 2002, Eric Woerth était donc le premier à occuper des fonctions de ministre : secrétaire d’Etat à la réforme de l’Etat sous Raffarin, puis ministre du Budget et du Travail dans le gouvernement Fillon.
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