Des militants de Greenpeace ont pénétré très tôt ce lundi à l’intérieur du sité de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme), dont ils demandent au président François Hollande la fermeture. Le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard, revient sur l’opération.
Sur l’un des réacteurs, des militants de l’organisation ont projeté une image de fissure en cours de formation. Une de leurs banderoles proclame : « Tricastin, accident nucléaire » et « Président de la catastrophe ? » à côté d’un portrait de François Hollande.
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Mais selon le ministère de l’Intérieur et EDF, les militants de Greenpeace « n’ont pas pu accéder aux zones sensibles de la centrale, notamment les salles de commande« . « C’est une action médiatique qui ne représente pas de danger pour la sécurité des installations« , a tout de suite réagi le porte-parole de la place Beauvau, Pierre-Henry Brandet. Plusieurs interpellations ont déjà eu lieu. Aussitôt, les ministres de l’Intérieur et de l’Energie, Manuel Valls et Philippe Martin, « ont demandé un rapport d’inspection sur les conditions de l’intrusion » de militants écologistes.
Les Inrocks ont interrogé le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard, pour en savoir plus.
Pourquoi avoir choisi ce lieu où vous aviez déjà mené une action en novembre 2012 ?
Tricastin est l’une des cinq centrales nucléaires que nous considérons comme les plus dangereuses et dont nous demandons la fermeture. Elle est installée sur une zone sismique, inondable et il y a des fissures sur l’un des réacteurs. Il est donc urgent que ce site soit fermé. Tout autant que celui de Fessenheim (Haut-Rhin).
Quand avez-vous programmé votre opération ?
Je ne vous raconterai pas en détail notre opération ni la manière dont on l’a organisée. Ça prend toujours un peu de temps pour l’organiser.
Le calendrier de votre opération intervient en plein débat sur la transition énergétique et après le limogeage de Delphine Batho…
Nous connaissons depuis longtemps les grandes dates de ce débat sur la transition énergétique. Nous savons qu’il prend fin dans quelques jours. C’était pour nous le moment de dire quelque chose sur le nucléaire qui est le parent pauvre de ce débat. Pour la cas de Delphine Batho, c’est très récent et on ne pouvait pas anticiper. Et pour nous quelque soit celui qui porte la charge du ministère de l’Ecologie, que ce soit Delphine Batho ou Philippe Martin, le nucléaire ne se décide pas au niveau ministériel. Mais au niveau supérieur, au niveau du Président de la République et du Premier ministre.
Avez-vous été surpris de la facilité avec laquelle les militants sont entrés sur le site ?
Pas vraiment. On ne cesse de dire et de répéter que ce site présente un vrai danger, comme tous les autres, car on ne peut pas sécuriser ces périmètres. On n’a pas voulu montrer à quel point il était facile d’entrer mais à quel point la sécurité à 100% n’existait pas pour les sites nucléaires. On le savait, on a voulu le montrer.
Avez-vous été contacté par les autorités ?
Pour le moment, non. Ni par les autorités, ni par EDF. Mais je m’attends à ce qu’ils réagissent bientôt. On a vu les réaction du ministre de l’Intérieur. Et après généralement, les activistes se font interpeller les uns après les autres. Ça a commencé. Pour le reste, nous, on continue !
Vous avez l’impression que le débat autour de la fermeture du site de Fessenheim est l’arbre qui cache la forêt ?
Oui, c’est pour ça que nous demandons activement au Président de la République la fermeture du site de Tricastin. Il ne faut pas que le débat du nucléaire en France se réduise au cas de la fermeture de la centrale de Fessenheim. C’est pour cela que nous tenons à rappeler ses engagements au Président de la République de réduire la part du nucléaire de 75% à 50% en France. Or ceci ne peut se faire uniquement avec l’arrêt de la centrale de Fessenheim. Il faut donc s’y atteler maintenant.
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