Une semaine après le commencement de Nuit debout, le 31 mars, le fondateur des éditions La Fabrique, Eric Hazan, qui édite notamment le Comité invisible, estimait qu’“aucune insurrection” ne se préparait place de la République. Presque un mois après le début de Nuit debout, certains de ses participants y travaillent d’arrache-pied. Alors que jusqu’à présent la […]
Une semaine après le commencement de Nuit debout, le 31 mars, le fondateur des éditions La Fabrique, Eric Hazan, qui édite notamment le Comité invisible, estimait qu’« aucune insurrection » ne se préparait place de la République. Presque un mois après le début de Nuit debout, certains de ses participants y travaillent d’arrache-pied. Alors que jusqu’à présent la Nuit debout parisienne était contrainte chaque soir de plier bagages, de remballer ses tentes pour revenir les monter le lendemain, des membres de la « Commission Construction » appellent sur le site Lundi Matin – qui diffuse la pensée et les textes stratégiques du courant autonomiste-anarchiste – à « construire en dur ».
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« Construire de véritables espaces et les défendre de la police »
Alors que la comparaison entre Nuit debout et le mouvement des Indignés qui occupaient la place Puerta del Sol à Madrid en 2011 est récurrente dans les médias, ce collectif insiste plutôt sur une différence pratique fondamentale entre les deux mouvements :
« La Puerta del Sol était réellement occupée, ce qui n’est pas le cas de la place de la République. On y faisait à manger pour des milliers de personne ; on y vivait jour et nuit ; on n’était pas délogé tous les matins par la police, ni sommé de démonter ceci ou cela, ou de cesser de cuisiner. Cette dernière différence nous indique une voie à suivre : si l’on veut que s’agrège place de la République autre chose qu’une interminable AG qui se répète tous les jours jusqu’à ne plus offrir aux curieux que le spectacle de son impuissance et de l’inconsistance de ses ‘décisions’ sans suite, il faut occuper vraiment la place de la République, ce qui signifie construire de véritables espaces et les défendre de la police. »
S’assignant pour but la « destitution du gouvernement sous toutes ses formes », ce collectif – dont les positions ne sont pas nécessairement partagées par tous les « nuitdeboutistes » – estime que « pour pouvoir mener une insurrection victorieuse, comme celle de Maïdan, par exemple, il faut que la place de la République soit réellement occupée, barricadée, gardée, etc. »
« Construire en dur afin de dire notre intention de durer »
Quelques jours plus tôt un appel allant dans le même sens a été publié sur le même site. Un groupe Facebook a d’ailleurs été créé dans la foulée, pour occuper « mieux que ça » la place après la manifestation du 28 avril. Jusqu’à présent toutes les tentatives de construire en dur ont été infructueuses, les constructions étant balayées par la police dans la nuit même. Cette fois-ci en tout cas, l’appel se veut plus convainquant :
« Être sérieux, ici, c’est décider nous-mêmes de l’aménagement de cette place, c’est construire en dur afin de dire notre intention de durer, notre refus de ne figurer qu’au nombre des épiphénomènes médiatiques que l’on balaye au premier attentat venu. Il nous faut donc, pour pouvoir accueillir des camarades de partout, sortir de la précarité à quoi nous accule l’aménagement prescrit de la place, et l’aménager à notre tour – être constructifs, quoi. »
Pas sûr que ce soit du goût des autorités. Le 11 avril dernier, la police était intervenue au petit matin pour « enlever les structures fixes, conformément aux déclarations de manifestation déposées qui prévoyaient un démontage dimanche en fin de soirée », a expliqué la préfecture de police de Paris.
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