Pour sa dernière campagne, le créateur américain a choisi la reine de la trash pop US. Malin ou complètement à côté de la plaque ? Décryptage. Pour une fois Miley Cyrus ne tire pas la langue. Elle fait du boudin, assise sur une dune à côté d’une jeune fille évanouie. Au lointain, son amie la […]
Pour sa dernière campagne, le créateur américain a choisi la reine de la trash pop US. Malin ou complètement à côté de la plaque ? Décryptage.
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Pour une fois Miley Cyrus ne tire pas la langue. Elle fait du boudin, assise sur une dune à côté d’une jeune fille évanouie. Au lointain, son amie la zombie écoute le clapotis des vagues. Celle qui est aujourd’hui synonyme de twerk et gant en mousse est l’égérie improbable de la dernière campagne Marc Jacobs. Le concept ? Exactement ce que vous voyez : « On se disait que ça serait cool que Miley soit avec deux copines, et se sente distante et d’humeur sombre », explique le créateur aux médias américains.
Un peu surprenant pour un designer dont la muse historique est la réalisatrice arty Sofia Coppola, et qui met en scène dans sa dernière campagne pour Louis Vuitton des tops alternatives telles que Caroline de Maigret ou Edie Campbell. S’il se démarquait autrefois pour son choix de filles maigrichonnes et rock, la présence de Miley révèle aujourd’hui un virage assez radical. « On l’adore, toute sa personnalité, son énergie, son talent, son intelligence, tout. Il n’y a rien que je n’aime pas chez elle » ajoute-t-il. Juergen Teller, qui shoote les publicités de la marque depuis des années, ne partage visiblement pas son enthousiasme et refuse catégoriquement de photographier la jeune fille.
Alors, pourquoi cette conversion pop ? Retour sur mars 2013: Marc Jacobs collabore avec Coca-Cola Light et raconte alors son changement d’apparence corporelle depuis ses débuts dans la mode: rondouillard, nerdy, affublé de grosses lunettes rafistolées de scotch, il a un déclic en 2006 et se met soudain au sport et au régime. Rapidement, il affiche une métamorphose totale : tablette de chocolats, bronzage et barbe de trois jours deviennent le nouvel uniforme du New-Yorkais. Cette transition n’est pas que plastique : son petit ami star du porno Harry Louis (dont il se sépare en octobre) poste des photos d’eux quasi-nus, aux poses aguichantes sur les plages de Rio en dans l’intimité.
« Soudain, je n’avais plus honte de mon corps, au contraire, je n’arrivais à peine à garder mes vêtements ! «
Voilà peut-être ce qu’il admire chez Miley Cyrus : elle est à tout jamais l’ado qu’il n’a jamais été, et qu’il rêve de devenir aujourd’hui. Bonnasse, provoc’, trashy et libre, c’est l’image d’un certaine jeunesse dorée américaine, vaguement en marge mais vraiment insouciante et surtout, vraiment jeune. Très, très loin de l’étudiant de mode aux pulls à bouloche et aux muses intellectuelles underground. Loin d’un cynisme grinçant, sa nouvelle égérie reflète une évolution voulue et sincère, sur le plan professionnel comme personnel, une page qu’il choisit de tourner. On peut aussi penser à Nabila défilant pour Jean-Paul Gaultier en juillet dernier : si ce dernier a habillé Björk et Madonna, le buzz (trash certes, mais mordant et d’aujourd’hui) de la star du ‘Allô’ permet au créateur de tourner le dos, le temps d’un défilé, d’un gratin validé par le système ultra-codifié de la mode.
Alors Marc, totalement à côté de la plaque ? Pas vraiment. Plutôt que de se forcer trouver une star « comme il faut », qui confirmerait, une fois de plus, sa crédibilité indé-torturée, il prend son contraire radical. Il entraine Miley (tout sauf dark, disons-le), à faire le grand écart et l’accompagner dans son univers. Ainsi, il confirme la puissance de sa marque, capable de donner à la plus grosse des langues tirées une attitude boudeuse et underground.
Et si Miley est prévisible à souhaits, elle reste la concentration de toutes les tendances de la génération Z : tatouages comme des décalcomanies, androgyne sans engagement, instagrammable jusqu’au bout des faux ongles. Révolutionnaire non, d’aujourd’hui et crédible, tout à fait.
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