Assistant du sénateur UMP Raymond Couderc, Mickaël Camilleri a trouvé sa place chez les Jeunes populaires, comme responsable de la formation.
Ces militants n’ont pas 25 ans, mais déjà des responsabilités. Assistants, salariés du parti, parfois élus, leur sort n’est pas encore scellé. Certains resteront dans l’ombre ou renonceront à leur engagement, les autres feront l’actualité des années à venir. Rencontres avec les nouvelles têtes de la politique.
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Mickaël Camilleri, c’est Sarkozy en jeune. Vous vous souvenez de notre pré-omniprésident, vers 1975 ? Impatient, l’œil déterminé, les épaules qui tressautent. Une ambition déjà affirmée. A 23 ans, Mickaël marche dans ses traces. Son parcours, de la misère à HEC, cadre bien avec ces destins que les partis aiment mettre en avant. Et explique sans doute la gnaque du jeune homme, assistant du sénateur-maire de Béziers Raymond Couderc.
Il faut un petit moment pour accrocher son regard. Mickaël jette de petits coups d’œil à la dérobée, réfléchit vite, enregistre les informations. Puis quand ses yeux vous tiennent, ils ne vous lâchent plus. Il raconte sa vie sans pathos, habitué sans doute à être l’exemple méritocratique de service. Il annonce la couleur, pas de chichis. « Mon milieu familial aurait dû m’emmener ailleurs ». Une mère « RMIste depuis que le RMI existe », un père « manœuvre dans le bâtiment », une enfance loin de l’opulence à Béziers, dans des quartiers « où il vaut mieux savoir se défendre soi-même ».
Mickaël entretient un culte particulier de « l’école républicaine ». Après un bac ES, il demande la prépa à Henri IV, à tout hasard. Il est reçu. « Le premier jour, c’était un putain de choc. Je suis venu en survêt Tacchini, par goût de la provoc ». Quelques années plus tard devant le Sénat, il s’est bien fondu dans le moule : chemise unie, manteau de cadre et tête de gendre idéal. Son engagement à l’UMP vient de là. De son admiration pour « l’ascenseur social » qui lui a permis de devenir assistant parlementaire, lui, premier bachelier de sa famille. De son patriotisme décomplexé : « quand j’entends siffler la Marseillaise, j’ai les larmes aux yeux. La France m’a donné une bourse, des opportunités. On vit dans un pays qui nous donne beaucoup et qui mérite le respect. »
Le discours de Nicolas Sarkozy sur le mérite, le travail, la droite qui s’assume, le touche. « C’était limpide pour moi. » Mickaël Camilleri adhère en 2007. De retour d’un an aux Etats-Unis dans le cadre de ses études à Sciences Po, il regrette d’avoir raté les présidentielles. A l’UMP Grandes écoles, il rencontre Benjamin Lancar, actuel président des Jeunes Populaires (le mouvement de jeunesse de l’UMP). Ils font la paire. Mickaël parle d’ « admiration mutuelle ». « « Il possède des références culturelles que je n’ai pas. Il est plus prudent, moi plus grande gueule. Je le connaissais depuis trois semaines, je suis allé vers lui et je lui ai dit : « si on utilise bien la structure, on peut prendre le bureau national des Jeunes pops » ».
Après neuf mois de campagne, c’est chose faite. Benjamin Lancar prend la présidence en été 2008, Mickaël l’école de formation, à sa demande. Il coache les Jeunes UMP en région : media training, communication, prise de parole en public. « Quand dans un amphi il y a trois cents mecs de Sud et deux mecs de chez nous, ils ne sont pas en confiance. » En novlangue partisane, on appelle ça « leur donner les moyens d’être efficaces politiquement ».
Pour réussir, il lui fallait un ancrage local. Quand Raymond Couderc, le maire UMP de Béziers est élu sénateur de l’Hérault à la faveur d’une élection partielle en août 2007, le jeune homme saute sur l’occasion. « Je vais le voir un peu la bouche en cœur avec un CV et une lettre. J’avais 21 ans, aucune recommandation sauf celle de Jean-Claude Gaudin. Béziers je connaissais, mais face à moi des gens qui avaient quinze ans d’expérience postulaient. » Raymond Couderc prend le risque de lui faire confiance. A peine un an après, le sénateur est réélu lors des élections régulières.
Mickaël a gagné sa place sur la liste aux européennes de juin 2009. Treizième sur la liste de Dominique Baudis, dans le Sud-Ouest et premier représentant du département de l’Hérault. L’expérience lui aura permis de « ne plus être un rat de cabinet » et de « voir sur qui on peut compter et sur qui on croyait pouvoir compter. Ca vous fait gagner 10 ans de maturité en deux mois ».
La maturité, il l’a. Etudiant à HEC depuis la rentrée scolaire, il ne peut plus accompagner Raymond Couderc faute de temps et semble prêt à voler de ses propres ailes. « Tous ceux qui ont réussi avaient la volonté de se lancer soi-même. C’est dur d’être toujours le second de quelqu’un. Soit on fait la promotion des idées des autres soit on promeut les siennes. » Deux ans et demi après l’élection de Sarkozy, Mickaël « ne fait pas partie de ceux qui ont le mauvais goût d’être déçus ». Il ne citera pas de noms. Facile par contre de savoir sur qui il mise pour les années à venir à l’UMP : « Xavier Bertrand, Jean-François Copé, Laurent Wauquiez… et puis Benjamin et moi ! » Pas sûr qu’il plaisante.
La semaine prochaine : renconte avec David Rachline, du Front national de la jeunesse.
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