C’est sous le nom de « Basta! » que la gauche radicale messine a décidé de présenter pour la première fois une liste aux élections municipales. Une liste d’autant plus étonnante qu’elle rassemble plusieurs mouvements de la gauche radicale et révolutionnaire peu enclins, en temps normal, à jouer le jeu des urnes.
Les mouvances libertaires ne sont traditionnellement pas adeptes des choix politiques ni des alliances à tout-va.
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A Metz, la liste Basta! tente de rassembler plusieurs de ces courants (des anarchistes, des partis anti-capitalistes, des écologistes). Après avoir adopté un programme d’une trentaine de pages à l’unanimité la semaine dernière, les membres de Basta! ont désigné leur tête de liste mardi soir: Stéphane Aurousseau, un ancien membre de l’aile gauche d’EELV (Europe écologie-les Verts).
La liste regroupe différents mouvements de gauche comme le NPA (Nouveau parti anticapitaliste), la Fase (Fédération pour une alternative sociale et écologique), des membres du Parti de gauche (Daniel Delrez, une figure locale célèbre pour sa défense du mouvement social), mais aussi les Communards. Ce groupe, dont le nom est directement inspiré de la Commune de Paris, s’est constitué en décembre 2013 en vue des élections municipales et regroupe notamment des syndicalistes de la Confédération nationale du travail (CNT, un syndicat anarchiste), de Sud/Solidaires ou de la CGT.
« Le PS à la mairie de Metz, ce n’est pas la vraie gauche »
Certains anarcho-syndicalistes se positionnent parfois contre les élections, ne voulant pas participer à un système qu’ils combattent. Mais pour Fouad Harjane, secrétaire confédéral (niveau national) aux relations médias de la CNT et membre des Communards, cette élection locale est différente :
« Le seul terrain sur lequel le PS, l’UMP et le FN ne nous attendaient pas, c’est l’élection ! En fait, si la liste s’est montée, c’est d’abord pour la capacité d’expression qu’elle nous offre. Les autres partis vont devoir se positionner contre nos idées. »
Stéphane Aurousseau, future tête de liste de Basta!, explique clairement son opposition à l’actuel maire de Metz, Dominique Gros (PS), qui brigue un deuxième mandat : « Il se dit socialiste mais délègue les services publiques à tour de bras, il se dit socialiste mais n’a jamais abrogé l’arrête anti-mendicité. Ce n’est pas ça la vraie gauche ! »
Des discussions parfois difficiles
On retrouve les thèmes chers à la gauche radicale et révolutionnaire: écologie, logement décent pour tous, lutte contre la baisse des budgets dans la santé, lutte contre les élites, contre le cumul des mandats, pour la sortie nucléaire, contre la pollution publicitaire, contre la grande distribution, pour la décroissance.
Pour construire un programme qui puisse contenter tout le monde, les discussions ont parfois été difficiles. « Ce n’était pas gagné d’avance, reconnaît Stéphane Aurousseau. Ce qui est notable, c’est qu’on se retrouve avec des groupes qui ont des divergences idéologiques réelles. On ne vient pas des mêmes organisations donc on n’a pas tous les mêmes idées, forcément. Il faut dire qu’on se connaissait tous avant, des luttes sociales précédentes, mais on ne s’était jamais vraiment tous mis autour d’une table. Et au final, ça a été une vraie réussite. »
Démocratie réelle
Ensemble ils ont l’ambition de fonctionner selon les préceptes d’une démocratie réelle, « directe, pas représentative » assure Fouad Harjane. « La première garantie, ce sera la mise en place d’un comité de quartier avec un réel pouvoir de décision. De plus, chaque candidat s’engage à céder son siège au suivant sur la liste en milieu de mandat. »
Basta! devra se confronter à d’autres listes de gauche. A Metz, trois des quatre conseillers municipaux communistes sortants ont déjà fait le choix de se rallier au Parti Socialiste dès le premier tour. En parallèle, une liste Front de gauche s’est aussi constituée (même si des membres du Front de gauche, comme la Fase, ont rejoint la liste Basta!).
Quoiqu’il advienne le 23 mars prochain, la liste Basta! a déjà promis qu’elle ne se rallierai en aucun cas au Parti Socialiste. Dans les prochaines semaines, la liste complète, avec le nom des 55 candidats, devrait être adoptée. « Pour l’instant on n’a pas encore décidé comment on va procéder, peut-être par tirage au sort, c’est une des idées qu’on et qui pourrait être plus juste.«
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