À la veille de la journée mondiale sans tabac, le Figaro dévoile les trois mesures phares anti-tabac de la prochaine loi relative à la politique de santé : l’introduction des paquets génériques, l’interdiction de vapoter dans les lieux publics et l’autorisation d’actions en justice collectives pour les fumeurs.
Planquez les cendriers, jetez les mégots : le ministère de la santé entend bien juguler la consommation de cigarettes en France, responsable de 73 000 décès chaque année. Après la suppression de la publicité pour le tabac, l’interdiction dans les lieux publics, ou encore la multiplication d’images choc sur les emballages, les Français pourraient bientôt être confrontés aux paquets neutres. Selon le Figaro, c’est l’une des propositions phares de la lutte contre le tabac que Marisol Touraine présentera le 17 juin, en attendant le détail de la loi le 10 septembre.
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À l’instar de l’Australie qui propose ce type d’emballage depuis 2012, il s’agit de supprimer les signes distinctifs des marques – le dromadaire Camel, le cercle Lucky Strike… – pour imposer un même paquet blanc, gris ou noir sans dessin, avec une police identique pour chaque produit. Une mesure qui est censée “éviter l’entrée des jeunes dans les conduites addictives”, selon un expert cité par le Figaro.
L’efficacité du paquet générique mise en doute
Comme le rappelle le Comité national contre le tabagisme, le paquet de cigarettes est un support de communication essentiel pour la marque, qui permet d’assurer l’impact visuel du produit sans compter comme de la publicité. Et l’association de citer une note interne de Philip Morris datée de 1990 : “des études ont montré que les formes originales de packaging ont un impact fort sur les jeunes fumeurs”, avides d’identification.
“La cigarette est un objet qui a la possibilité de distinguer, de vous identifier à un groupe”, note pour sa part le sociologue Serge Karsenty, dans le Figaro. Un fumeur de Dunhill – packaging uni, sobre, élégant – n’aurait donc pas grand chose à voir avec un fumeur d’American Spirit – packaging coloré, prônant un tabac sans additif, et compagnon régulier de héros largués dans le cinéma américain. Si on supprime ces identifiants sociaux, on lutte contre le tabagisme. Une mesure alléchante alors que 40% des Français de 16 à 25 ans sont des fumeurs réguliers.
Mais le paquet générique est-il efficace? À en croire l’expérience australienne, pas vraiment : les ventes sont restées quasi stables en 2013, augmentant d’à peine 0,3%. Pour les buralistes comme pour les cigarettiers, cette mesure représente non seulement un nouveau coup porté au secteur – les ventes ayant chuté de 7,5% en France l’année dernière – mais pourrait en plus faciliter les contrefaçons. Les députés avaient déjà souligné ce problème en 2011, dans
un rapport de la commission des finances de l’Assemblée : l’institution du paquet neutre ne pourrait que concourir au développement du marché parallèle.
La cigarette électronique bannie des lieux publics
Parmi les autres mesures figurant dans la première version du projet de loi, l’interdiction du vapotage “selon les mêmes règles que celles des produits du tabac”. Autrement dit, la cigarette électronique sera également bannie des lieux publics. Ce n’est pas nouveau. Fin avril sur BFM, Marisol Touraine déclarait déjà vouloir suivre l’exemple de New York :
« Je ne voudrais pas qu’à travers la cigarette électronique, on redonne l’envie du geste et l’envie du goût du tabac ».
Au vapotage, la ministre préfère les substituts nicotiniques : la loi ferait passer de 50 à 150 euros le forfait destiné au sevrage.
Dernière innovation, l’autorisation des actions de groupe dans le secteur de la santé seront enfin autorisées. Les malades pourront donc se réunir afin d’attaquer en groupe laboratoires pharmaceutiques, industriels agroalimentaires, ou encore cigarettiers. Un procédé efficace si l’on s’en réfère à la jurisprudence américaine, où en 1998 les procureurs généraux de 46 États ont réussi à contraindre 4 des plus grandes sociétés de tabac à verser annuellement 206 milliards de dollars pendant 25 ans afin de compenser les coûts liés au tabac pesant sur les services de santé public.
L’opinion publique contre la cigarette
Depuis la mise en place du décret Bertrand bannissant la cigarette de tout lieu public en 2007, les Français sont de plus en plus disposés à éliminer le tabagisme dans la vie quotidienne. D’après un sondage réalisé par Ipsos pour l’Alliance contre le tabac, 95% des Français souhaitent interdire le tabagisme en
voiture en présence de mineurs. Et il n’y a pas qu’en voiture que les Français aimeraient limiter la fumée : à la plage (72% de “favorables”), aux terrasses des cafés et des restaurants (72%), dans les file d’attente et sous les abribus (82%), près des écoles et dans tout lieu fortement convoité par les enfants (84%). De quoi aiguiser l’appétit des législateurs.
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