Pauvreté, amour, déception et mascarade politique: résumé des 316 pages de « Merci pour ce moment », l’ouvrage de Valérie Trierweiler.
– Victime
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Le seul et unique objectif de Merci pour ce moment, le livre racontant l’aventure élyséenne de Valérie Trierweiler, sorti aujourd’hui (jeudi 4 septembre), est de redorer le blason de son auteur blessée. De bout en bout, Trierweiler se présente comme la victime, tour à tour, d’un bourreau des cœurs (François Hollande), d’une vaste mascarade politique à laquelle elle ne comprend rien, d’une grande méprise à son égard orchestrée par des médias plus enclins à romancer des images qu’à partir en quête de vérité. Elle écrit page 86:
« J’ai résisté le plus longtemps possible à cette attirance entre François et moi. C’est lui qui était président, lui qui a fait basculer notre amitié-amoureuse en amour-passion. Mais, in fine, c’est moi qui fais les frais de cette relation. J’ai du quitter le journalisme politique. Et j’incarne désormais aux yeux de tous la tentatrice, la méchante, la briseuse de couple. (…) J’ai sacrifié beaucoup pour lui, sans rien en retour. »
A la page 49, Hollande est effectivement traité de « bourreau » qui « vient d’actionner la guillotine » en lui envoyant un nouveau message d’amour. Le summum est atteint page 17, quand l’auteur raconte avoir souhaité un « scénario à la Clinton« : « Des excuses publiques, un engagement à ne plus la revoir. » Au lieu de ça, elle devra subir l’humiliation privée et publique. Et n’y parvient pas. Trierweiler raconte sa prise de somnifères, son hospitalisation… Et assure s’être fait droguer lors de son séjour hospitalier: « Les doses de tranquillisants ont été surmultipliées pour m’empêcher d’aller à Tulle. Mes veines n’ont pas supporté la surdose… »
Au passage, la journaliste dénonce la superficialité de l’amitié en politique: « Manuel Valls et Pierre Moscovici dont on me disait si proche n’ont pas du se souvenir de mon numéro de téléphone » (au moment de son hospitalisation).
Même son licenciement de Profession politique en 1989 est narrée à travers le prisme de la victimisation: « Ma tête ne lui [le rédacteur en chef, ndlr] revient pas. Je suis presque aussitôt débarquée. Il me prend pour une bourgeoise, une fille de bonne famille« . (p. 98)
-Mensonges
Trierweiler aurait aussi et surtout été victime des mensonges à répétition de François Hollande qui, d’après elle, n’a cessé de la mener en bateau. Le livre s’ouvre ainsi sur les premiers mensonges du Président concernant son aventure avec l’actrice Julie Gayet. Trierweiler raconte avoir transmis à Hollande le SMS d’une amie journaliste l’alertant de la couv’ de Closer. « Qui te dit ça ? » lui répond le Président:
« Ce n’est pas la question, mais de savoir si tu as quelque chose à te reprocher ou non.
– Non, rien.
Me voilà rassurée ».
Dès le premier paragraphe du livre, les bases sont grossièrement posées: Hollande ment et Trierweiler tombe dans le panneau par amour. Trois pages plus loin, une nouvelle conversation du couple sert de pendant tragique à la première:
« Alors?
– Alors, c’est vrai, répond-il.
– C’est vrai quoi? Tu couches avec cette fille?
– Oui, avoue-t-il en s’allongeant à demi, appuyé sur son avant-bras ».
A la page 151, l’ex-Première dame s’interroge façon journal intime: « Pourquoi est-ce que je vis tout cela si mal? Je m’en veux d’être aussi fragile. Aujourd’hui j’en comprends la raison. Depuis le début de la campagne, François me place en état d’insécurité permanente par ses mensonges, ses mystères, ses cachotteries« . Elle qualifie le Président de « roi du double discours, de l’ambiguïté et du mensonge permanent » (p.198). Et ne tarde pas à faire le parallèle avec sa fonction, sans ménagement: « C’est un politique, capable de mener deux ou trois vies parallèles, d’agir sur tous les fronts à la fois » (p.204)
– Narcisse
Dans le portrait au vitriol qu’elle brosse de Hollande, Trierweiler insiste à plusieurs reprises sur l’inhumanité de l’homme, qui serait plus épris de paillettes que de simplicité. Ainsi, il porte plus attention à l’image que leur couple renvoie aux médias qu’au bien-être de sa compagne. Page 303, elle lui reproche son narcissisme et sa dépendance aux médias: « Il ne sait pas résister à un micro qui se tend, à une caméra qui se pointe sur lui, en attente d’une formule ou d’un bon mot. Miroir, mon beau miroir ».
– Pauvreté
Si la rancœur de Trierweiler vient surtout de la trahison sentimentale de son compagnon, elle semble aussi s’expliquer, selon elle, par la différence de classes sociales desquelles chacun est issu. Du début à la fin, Trierweiler martèle son enfance en HLM, sa mère caissière à la patinoire d’Angers, son père invalide de guerre (il a perdu sa jambe à cause d’un obus en 1944), ses cinq frères et sœurs, ses petits boulots, sa peur du manque. Elle raconte: « L’un de mes pires souvenirs est d’avoir du me chausser des « godillots » de mon frère pour aller à l’école primaire. Mes chaussures avaient du lâcher ce jour-là et ma mère n’avait pas trouvé d’autres solutions« . (p. 110) Et d’enfoncer le clou une fois encore une centaine de pages plus loin:
« J’aurais pu être une enfant du Secours populaire si ma grand-mère n’avait pas mis du beurre dans les épinards avec ses travaux d’aiguille ».
A l’inverse, Hollande, lui, aurait des réflexes de riche (on apprend qu’il n’apprécie que les fraises gariguette et la viande de qualité) et n’aime pas les pauvres:
« Il s’est présenté comme l’homme qui n’aime pas les riches. En réalité le Président n’aime pas les pauvres. Lui, l’homme de gauche, dit en privé « les sans-dents », très fier de son trait d’humour ».
Et se serait moqué de sa famille d’origine modeste, la qualifiant de « pas jojo » (p. 229) : « C’est vrai, dans ma famille, personne n’a fait l’ENA ni HEC. Aucun d’entre nous n’a possédé de clinique, ni fait affaires dans l’immobilier comme son père. Nul n’a de propriété à Mougins sur la Côté d’Azur comme lui. » C’est par le biais de cette dualité pauvres/riches (qui semble, dans son esprit, recouper la dualité vrais Français/faux Français) que Trierweiler se permet un seul et unique véritable commentaire sur Julie Gayet et sa famille (p.230):
« Un petit monde « bien jojo », « bien bobo », au goût sûr et raffiné, où les convives sont célèbres, où tout le monde vote à gauche mais ne connaît pas le montant du SMIC. Chez moi, pas besoin de notes rédigées par des conseillers pour le savoir, il suffit de regarder au bas de la fiche de paie ».
– Incomprise
Sans beaucoup de délicatesse (la marque de fabrique du livre), Valérie Trierweiler souligne à plusieurs reprises combien elle n’a jamais été écouté de Hollande ou de son entourage au sujet de la politique, alors même qu’elle avait toujours raison. Elle affirme ainsi avoir mis en garde Valls et Hollande au sujet de Jérôme Cahuzac, sans succès. De même avec Aquilino Morelle: « On me rapporte plusieurs témoignages sur ses méthodes et son comportement, notamment à mon encontre. J’en parle à François, qui balaie ces confidences d’un revers de main. » (p. 268) Même chose sur le dossier du mariage pour tous, auquel selon elle Hollande n’aurait jamais attaché un grand intérêt:
« François n’a jamais compris, sinon de manière théorique, la portée de cette réforme emblématique de la gauche, qui restera peut-être sa seule marque dans l’histoire de France. C’est un joli pied de nez du destin. Je ne doute pas une seconde que le mariage pour tous sera la dernière grande réforme de la gauche. Je suis sure qu’il n’ira pas jusqu’au bout de son engagement d’accorder le droit de vote aux immigrés aux élections locales, annoncé et promis maintes fois. Manque de conviction, trop d’obstacles, le cheval se cabrera. »
– Féminisme
Revenir sur sa rupture avec François Hollande et, du même coup, avec l’Elysée est un bon moyen pour Trierweiler de se présenter en femme libre, féministe et indépendante. Son rôle de Première dame n’aurait été qu’une prison dont elle a fini par se libérer. Elle dénonce l’image d' »hystérique » que les médias lui collent. Et étrille sérieusement le machisme en politique, racontant plusieurs scènes de sa carrière où elle s’est retrouvée traitée comme une enfant, parlant même de « bande de coqs » (p.206) François Hollande en prend bien entendu pour son grade, lui qui n’aime pas qu’elle porte de trop hauts talons car « il ne supporte pas que je le dépasse« . Paradoxalement, elle balance au sujet du bureau de Carla Bruni à l’Elysée: « Il est spacieux, clair et féminin, avec ses tentures fleuries« . Pas très féministe tout ça…
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