Une militante de l’Unef qui avait porté plainte fin octobre assurant avoir été victime d’une agression à caractère raciste à Paris a avoué lundi 4 novembre avoir menti. Elle aurait expliqué aux inspecteurs avoir cherché à donner plus d’importance à une précédente agression d’une autre militante du syndicat étudiant.
Fin octobre, le syndicat étudiant de gauche l’Unef rapportait deux agressions, à quelques jours d’intervalle. Le 17, une militante du syndicat étudiant, inscrite à l’Université Paris-I, avait été traitée de « sale gauchiste » et blessée au visage et à la gorge à coups de cutter dans le hall de son immeuble. Elle s’en était tirée avec deux jours d’arrêt maladie. Le 21, une autre militante, de l’université de Nanterre cette fois-ci, rapportait avoir été plaquée contre un mur, menacée de viol et traitée de « sale arabe » et « sale gauchiste« , dans le quartier de la Bastille. Comme sa prédécesseure, la jeune fille avait porté plainte… sauf qu’il n’y a en fait jamais eu d’agression. C’est ce que l’étudiante a fini par avouer lundi 4 novembre aux enquêteurs qui l’interrogeaient sur la nuit du 21 octobre, selon des informations de l’AFP, qui raconte, dans une dépêche, qu’elle aurait justifié son mensonge en expliquant vouloir donner plus de poids à l’agression de sa consœur de Paris-I.
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Contacté par téléphone, le président de l’Unef Emmanuel Zemmour nous explique avoir appris l’histoire par voie de presse. Il n’a toujours pas eu la militante en question au téléphone (qui, d’ailleurs, refuse tout entretien avec la presse sur conseil de son avocat), mais se dit qu' »elle doit être en train de prendre l’énormité de ce qu’elle a fait en pleine face. » Il aimerait tout de même lui dire « qu’elle a mis la sécurité des autres militants en danger, en mettant en cause leur parole ». Car, désormais, qui croire ? « Il ne faut pas effacer la première agression au cutter. J’ai peur qu’elle passe entre parenthèses », avoue-t-il. Quant à l’argument qu’aurait avancé la jeune fille pour expliquer son mensonge, il ne justifie rien selon lui : « Vouloir donner de l’ampleur à une agression au cutter c’est stupide. » Il ajoute : « on se sent trahi ».
Des tensions sur les campus
Pourquoi la jeune fille a-t-elle décidé d’inventer son agression? Mystère. Elle refuse tout entretien à la presse, sur conseil de son avocat. Pourrait-on émettre l’hypothèse d’un mensonge créé en interne ? Mathieu Landau et Emmanuel Zemmour écartent toute théorie du complot : non, l’Unef ne se cache pas derrière le mensonge de la deuxième militante. « Je reproche assez aux responsables politiques de jouer la carte de l’instrumentalisation pour jouer ce jeu-là. » assure Emmanuel Zemmour. Quant aux raisons pour lesquelles le syndicat a relayé l’histoire de l’étudiante, il explique : « A partir du moment où il y a une plainte, on la rend publique« .
Et si la militante appartenait à un camp adverse ? « Je ne sais pas qui elle est. Et l’Unef est ouverte à tous« . Il ajoute : « Mais personne n’a intérêt à ce que la tension monte sur les campus ».
Car tensions il y a. « Depuis un mois environ, on a reçu plus de menaces contre les militants. On a aussi découvert le journal de l’Action française universitaire, qui titrait pour son premier numéro ‘Tuons tous les gauchismes’, qui vise clairement l’Unef », raconte Emmanuel Zemmour. « Il y a des militants plus déterminés qu’avant. Ça se radicalise. Ils veulent marquer des points et l’intimidation c’est leur mode d’action. C’est l’extrême droite de la conquête. Ces militants ne se cachent plus. »
Depuis mi-octobre, des tensions opposent la Fédé Paris-I, une fédération d’associations de Paris-I qui se revendique apolitique (mais dont le discours est qualifié sur le blog antifa La Horde de « raciste » et « sexiste« ) et l’Unef, dans un contexte d’élections syndicales. Le 14 octobre, un membre de la Fédé Paris-I poste une vidéo muette sur YouTube dans laquelle on voit Emilien Martin, président de l’Unef à Paris-I, évoluer dans des couloirs de fac, un pied de biche à la main. L’auteur explique en légende : « Lundi 14 octobre 2013, les membres des associations de Paris-I affichent au centre PMF-Tolbiac, quand l’Unef arrive et là, c’est le drame… (Le gentil monsieur au pied de biche est Émilien Martin, président de l’Unef Paris-I) »
Joint par téléphone, Mathieu Landau, attaché presse de l’Unef, affirme qu’Emilien Martin « l’a ramassé pour le ramener à la sécurité. Sauf que la vidéo tourne sur les sites d’extrême droite avec son mail. Il reçoit des messages de menace, qui disent notamment qu’il est le prochain Clément Méric. Il ne se balade plus seul. »
Toujours selon l’AFP, la deuxième militante sera prochainement convoquée devant la justice, pour « dénonciation de délit imaginaire ».
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