L’hémorragie continue dans l’équipe de Trump avec la démission de son conseiller économique, Gary Cohn. Une décision qui fait suite à l’annonce présidentielle de relever les droits de douane sur l’acier et l’aluminium.
Une semaine seulement après qu’Hope Hicks, proche conseillère de Donald Trump, ait démissionné, c’est au tour de Gary Cohn de quitter le navire. L’homme politique de 57 ans, à la tête du Conseil économique national (NEC) a annoncé, mardi 6 mars, qu’il allait abandonner son poste à la Maison Blanche. Un départ qui fait suite à la décision polémique du président américain d’imposer de nouvelles taxes douanières sur l’acier et l’aluminium.
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Politique isolationniste
La mesure annoncée par Trump ? Taxer ses partenaires commerciaux de 25% sur les importations américaines d’acier et de 10 % sur celles d’aluminium. Une résolution protectionniste prise sous couvert de la « sécurité nationale », invoquée au nom d’une loi datant de la guerre froide. Gary Cohn, le conseiller économique démocrate du président, s’est fermement opposé à cette mesure. Ce partisan du libre-échange résiste depuis des mois au projet de rétablir des barrières douanières.
Ce n’est pas la première fois que cet ancien de la banque Goldman Sachs marque ses distances avec la politique de Trump. Déjà en août dernier, la réaction controversée du président sur la mort d’une manifestante tuée à Charlottesville par un suprémaciste blanc l’avait conduit à rédiger sa lettre de démission. Il était toutefois resté à son poste, par « devoir de tenir [son] engagement de travailler pour les Américains« , rapporte l’hebdomadaire Challenges. En conséquence de quoi Trump avait retiré la candidature de l’économiste pour la présidence de la Réserve fédérale (Fed, banque centrale américaine), à laquelle il était pressenti.
La coupe est pleine
Après avoir mis en garde le président contre les dangers d’une taxe douanière, Gary Cohn choisit, aujourd’hui, s’en désolidariser. De peur que les tarifs douaniers troublent la fameuse main invisible du marché – et, selon certaines études, provoquent la perte de 130 000 emplois -, le conseiller économique souhaitait organiser une réunion avec divers industriels (brasseurs, pétroliers…) pour dissuader Donald Trump d’instaurer la taxation. Le président a annulé cette table ronde.
Les partenaires commerciaux concernés par ce plan économique ont d’ores et déjà manifesté leur intention de riposter. L’Union européenne entend préparer des mesures de rétorsion, tandis que le Mexique menace de taxer à son tour les biens américains « sensibles politiquement« , rapporte Libération. Quant à la Chine, elle a menacé les Etats-Unis de représailles. « La Chine ne veut pas se lancer dans une guerre commerciale avec les Etats-Unis, mais nous ne resterons absolument pas les bras croisés en regardant les intérêts de la Chine être bafoués« , a déclaré le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Zhang Yesui, indique La Tribune.
Trump s’est néanmoins dit prêt à épargner le Canada et le Mexique, à condition de renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena). Un marchandage mal reçu par ses partenaires, et qui complique les pourparlers.
>>> A lire aussi : En taxant l’acier, Trump va-t-il déclencher une guerre économique mondiale ?
Les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner
Instigateurs de cette proposition : le secrétaire au commerce Wilbur Ross et l’actuel conseiller pour le commerce Peter Navarro. Le premier est un investisseur de 80 ans, partisan d’un nationalisme économique agressif. Le second, un économiste virulent envers la politique commerciale chinoise, auteur d’ouvrages tels que Mort par la Chine et Les prochaines guerres chinoises. Peter Navarro serait « le plus grand défenseur – à Washington, et peut-être dans tout le milieu économique – d’une position agressive envers la Chine, le plus grand partenaire commercial de l’Amérique« , selon le journal Politico.
Gary Cohn et ses soutiens soulignent, au contraire, le caractère paradoxal d’une telle mesure. Alors que la Chine perturbe le marché mondial des métaux lourds (sa surproduction tire les prix vers le bas), ces nouvelles décisions l’affecteront peu : bien qu’elle soit un acteur majeur de l’industrie sidérurgique mondiale, seulement 2% de sa production est importée vers les Etats-Unis.
Pas de chaos, juste une grande énergie
L’imposition de taxes douanières suscite au sein même du parti républicain, traditionnellement favorable au libre-échange, de vifs désaccords. Mais elle s’impose, pour Donald Trump, qui a récemment loué les mérites des guerres commerciales. « Quand un pays [les États-Unis] perd des milliards de dollars en commerçant virtuellement avec tous les pays avec lesquels il fait des affaires, les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner« , a-t-il tweeté vendredi dernier.
Réagissant aux nombreux départs dans son équipe, Trump a prévenu que d’autres seraient encore à prévoir. « Il y aura toujours des départs et des arrivées et j’aime les dialogues robustes avant de prendre une décision. Il y a encore quelques personnes que je souhaite changer (toujours à la recherche de la perfection)« , a-t-il-tweeté le 6 mars. Et précise : « Il n’y pas de Chaos, juste une Energie fantastique. »
Quant à savoir qui remplacera Gary Cohn, qu’on se rassure, il choisira « sagement. »
Will be making a decision soon on the appointment of new Chief Economic Advisor. Many people wanting the job – will choose wisely!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) March 7, 2018
« Je prendrais bientôt une décision sur la nomination du nouveau conseiller économique. Beaucoup de gens voudraient le travail – je choisirai sagement!« , a tweeté Donald Trump.
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