Le successeur de MegaUpload, que Kim Dotcom devait bientôt lancer, a été suspendu et hacké. Des rebondissements intrigants quand on connaît le savoir-faire de Dotcom en matière de sécurité. Le projet a-t-il été tué dans l’oeuf ou renaîtra-t-il de ses cendres ? Et s’il n’avait jamais existé ?
A peine dévoilé, le projet de site de téléchargement du fantasque Kim Schmitz, alias Kim Dotcom, est déjà sérieusement compromis. Le gouvernement gabonais a annoncé qu’il avait suspendu le site Me.ga, par la voix de son ministre de la Communication et de l’économie numérique Blaise Louembé, qui a expliqué que « le Gabon ne peut servir de plateforme ou d’écran dans la commission d’actes qui viseraient à violer les droits d’auteur en général, ni être instrumentalisé par des personnes peu scrupuleuses« , comme le rapporte Le Monde. D’après ce ministre gabonais, le site Me.ga devait rediriger le trafic vers un autre site hébergé en France qui devait lui contenir des fichiers partagés. Kim Dotcom aurait utilisé le code pays « .ga » appartenant au Gabon afin d’éviter un nom de domaine en « .com », qui l’aurait exposé à un plus grand risque de saisie par les autorités américaines. Le créateur de MegaUpload s’est empressé de rejeter la faute sur les Etats-Unis, via son compte Twitter :
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Soit, en français : « Ne vous inquiétez pas. Nous avons un autre nom de domaine. Ça démontre seulement que la chasse aux sorcièrex de mauvaise foi du gouvernement américain est en marche. »
De son côté, l’avocat de Kim Dotcom, Ira Rothken, a expliqué au site CNET que le successeur de MegaUpload ne sera pas disponible à l’adresse Me.ga, mais que le projet est toujours en route.
Me.ga hacké ?
Le nom de domaine Me.ga n’a pas été totalement suspendu puisqu’il renvoie désormais vers le compte Twitter d’Ome.ga, un groupe de hackers remontés contre Kim Dotcom, qu’ils traitent de « me.ga/lo/maniac« . Dans une série de tweets prenant la forme de citations ou empruntant le ton des Anonymous, Ome.ga nous invite à « dire au revoir à me.ga pour accueillir o.me.ga » et explique que le groupe a la mainmise sur le nom de domaine créé par Kim Dotcom. Plus loin, ils assurent qu' »Ome.ga est le futur de la musique, avec 100% des bénéfices reversés aux artistes« .
Les hackers auraient expliqué au site TorrentFreak :
« Nous sommes les véritables pirates, les vrais anarchistes. Kim Dotcom tire seulement parti de nous tous, c’est un mégalomaniaque entouré d’avocats qui est là pour tirer avantage de nous tous, les moins que rien, les artistes dont il cherche à profiter. »
Pour eux, « Kim Dotcom n’est pas mieux ou pire qu’Universal. Il est lui-même une industrie, qui est ici pour polluer ». Une série de déclarations intrigantes qui semblent être autant d’indices sur les personnes à l’origine de ce coup d’éclat.
Qui se cache derrière Ome.ga ?
Ces hackers pourraient être des artistes anti-téléchargement en colère, ou bien simplement un beau coup de com’ monté par Dotcom lui-même pour faire parler de son projet. Car rappelons-le, le milliardaire, assigné à résidence en Nouvelle-Zélande depuis la fermeture en janvier dernier de MegaUpload, est un pro de la communication déguisée, des annonces retentissantes et de la mise en scène de sa vie, qu’il orchestre principalement à coups de photos et de tweets pseudo-philosophiques postés sur son compte Twitter. Dernier exemple en date :
Soit, en français : « je viens juste de réaliser combien je suis vieux. J’ai 38 ans. ça équivaut à un milliard d’années Internet. Et le Premier ministre de Finlande n’a que 41 ans. »
De son côté, Numerama avance l’hypothèse d’un coup monté depuis le départ. Selon le site, Kim Dotcom pourrait avoir inventé cette histoire de nouveau MegaUpload uniquement pour faire parler de lui. Contacté par le site, l’expert en noms de domaine Stéphane Botzmeyer explique :
« J’ai de plus en plus l’impression que Dotcom a un nouveau business model : embêter le plus possible le plus de monde, pour permettre une sortie négociée, avec indemnités et droits d’adaptation de sa vie au cinéma (ça a l’air bien parti). Je ne suis pas du tout sûr qu’il avait réellement prévu de lancer un nouveau service. »
Tout ce tintamarre pourrait aussi profiter à Megabox. Ce service de musique en ligne, qui devrait être lancé le 19 janvier 2013, date anniversaire de l’arrestation de Kim Dotcom par le FBI, semble bien être un projet parallèle à Mega (qui, lui, prendrait la relève de MegaUpload, contrairement à Megabox). Ce que semble confirmer un tweet posté par Dotcom le 1er novembre dernier, dans lequel il annonce « Mega et Megabox seront énormes ».
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