C’est l’affaire qui monte. A l’ombre du Penelopegate pendant quelques temps, l’affaire des emplois fictifs présumés de Marine Le Pen au Parlement européen passait presque inaperçue. Elle aura plus de mal, après les révélations de Marianne et Mediapart. D’après un rapport confidentiel émanant de l’Office européen de lutte antifraude que les deux médias se sont procurés, le garde du corps de Marine Le Pen, Thierry Légier, est soupçonné d’avoir bénéficié d’un « contrat d’emploi fictif ».
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La réalité du travail fourni par Thierry Légier et Catherine Griset pose question
Ce document de 28 pages retrace les recrutements effectués par Marine Le Pen entre 2009 et aujourd’hui. Il a été transmis à la justice le 26 juillet 2016. Selon Marianne, même si Marine Le Pen bénéficie de la présomption d’innocence, ce rapport pourrait s’avérer embarrassant.
En deux mandats, l’eurodéputée FN aurait embauché douze assistants (trois accrédités et neuf locaux), dont deux posent problème. La réalité du travail fourni par Thierry Légier et Catherine Griset pose en effet question. Pour rappel, c’est sur la base de ce rapport que le Parlement européen a engagé une procédure de recouvrement contre Marine Le Pen, d’un montant total de 339 946 euros.
Une rémunération jugée « extrêmement élevée »
Le rapport précise que Thierry Légier, qui est en charge de la sécurité de la présidente du Front, était payé 7.237 euros net par mois pour un trois quart temps du 1er octobre au 31 décembre 2011. Un montant jugé « extrêmement élevé » par l’Olaf. L’Office antifraude estime même qu’il pourrait s’agir d’un faux :
« Ce contrat de travail à durée déterminée signé par Mme Le Pen ne correspond pas à la réalité. De ce fait, le bulletin de salaire établi pour le mois d’octobre 2011 et versé au dossier du [Parlement européen] pour justifier les remboursements au tiers payant [la personne chargée de verser le salaire aux assistants locaux, ndlr] constituerait un faux. »
D’ailleurs, à en croire le livre autobiographique de Thierry Légier (Mission Le Pen), il était en même temps garde du corps de Jean-Marie Le Pen et assistant parlementaire européen de Marine Le Pen… « Il existe une contradiction et une impossibilité matérielle » entre ces deux activités, explique le rapport. Selon le rapport, Marine Le Pen a reconnu l’avoir salarié fictivement pour « régulariser des salaires et charges ».
Enfin, l’Olaf a des « doutes quant à [l’]activité réelle » de Catherine Griset, embauché comme assistante accréditée au Parlement du 1er décembre 2010 au 15 février 2016. Elle aurait en effet toujours résidé dans les environs de Paris, n’a jamais eu de ligne téléphonique belge, et « n’a jamais [été utilisée] pour rentrer dans les bâtiments du Parlement ni à Bruxelles, ni à Strasbourg ». La présidente du FN a jusqu’au 28 février pour rembourser 41 554 euros que le Parlement européen lui réclame pour l’embauche de Thierry Légier.
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