Trois ans après son lancement, le site Mediapart élargit son territoire et radicalise son statut de média participatif en créant FrenchLeaks, site de « data journalisme ». Voué à rendre publics des documents cachés sur des sujets d’intérêt général, ce petit nouveau mis en ligne jeudi fait évidemment écho au site WikiLeaks, avec lequel les fondateurs du […]
Trois ans après son lancement, le site Mediapart élargit son territoire et radicalise son statut de média participatif en créant FrenchLeaks, site de « data journalisme ». Voué à rendre publics des documents cachés sur des sujets d’intérêt général, ce petit nouveau mis en ligne jeudi fait évidemment écho au site WikiLeaks, avec lequel les fondateurs du site, Edwy Plenel et François Bonnet, affirment partager la même foi dans le principe de transparence de la vie publique.
Ce qui les guide reste l’indépendance de l’information et le souci du contrôle démocratique des pouvoirs institués qui voudraient instaurer la culture du secret comme principe d’organisation de la vie publique. Or, comme le souligne François Bonnet, « s’agissant des affaires publiques, la publicité doit être la règle, et le secret l’exception. »
« L’information n’est pas une affaire de journaliste, mais le droit le plus élémentaire des citoyens », rajoute-t-il. « Avec un objectif et un seul : réhabiliter le principe d’intérêt public, cet intérêt public que les pouvoirs quels qu’ils soient – politiques ou économiques – s’efforcent trop souvent de dévoyer. »
En accès gratuit, FrenchLeaks sera donc un site regroupant des documents concernant le sort des peuples, des salariés, des sociétés… Le public peut déjà découvrir des documents ayant fait l’objet d’investigations par les journalistes de Mediapart : les pièces principales de l’affaire Karachi ; les enregistrements pirates qui ont déclenché le scandale Bettencourt/Woerth ; de nombreux rapports internes sur la crise des Caisses d’épargne ; des documents confidentiels éclairant le fonctionnement du groupe Bolloré…
D’autres documents et rapports seront ainsi rendus publics dans les jours qui viennent, notamment grâce au concours de citoyens qui, en toute sécurité et confidentialité, nourriront le site avec des documents qui auront été validés et expertisés par les journalistes.
« FrenchLeaks fera vivre cette nouvelle alliance entre les journalistes et les citoyens autour du droit du public à connaître toute information d’intérêt général », souligne François Bonnet.
Avec ce souci de radicaliser son statut de média participatif, Mediapart se veut fidèle à son engagement formulé dès son acte de naissance : « l’instrument d’une transparence sur les actes du gouvernement, sur la vie des entreprises, sur tous les lieux de pouvoir, quels qu’ils soient ». Indépendance de l’information, intégrité du journalisme, lutte contre la culture du secret déployée dans les affaires ou la diplomatie, attachement à une presse de combat au cœur d’une vie démocratique essoufflée… : à partir d’un système de valeurs cohérent, Mediapart a construit en trois ans un média influent, dont la pérennité était soumise par beaucoup au doute, à cause de son modèle payant.
Aujourd’hui, avec 50 000 abonnés actifs, la bande d’Edwy Plenel a prouvé la pertinence de son pari acrobatique dans le contexte de la crise de l’information. Les révélations sur les affaires Bettencourt, Karachi, Caisses d’épargne…, ont évidemment contribué au succès grandissant du site, sans qu’il faille négliger deux autres piliers de l’offre éditoriale, le reportage et l’engagement éditorial, signes distinctifs tout aussi marqués que l’investigation. Avec FrechLeaks, l’aventure continue, et s’annonce palpitante.
Jean-Marie Durand