La médaille de reconnaissance aux victimes du terrorisme, créée le 12 juillet dernier, deux jours avant les attentats de Nice, laisse plutôt perplexe. Les anciens combattants s’interrogent, tandis que certaines associations de familles de victimes elles, accueillent la nouvelle de manière hostile. Alors que les premières attributions devraient débuter à l’automne, certains déplorent une démarche qui risque « d’enfermer les victimes dans leur souffrance ».
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Décernée à titre posthume par décret du président de la République, cette médaille vise à manifester « l’hommage de la Nation aux Français tués, blessés ou séquestrés » lors d’actes terroristes commis sur le sol français ou à l’étranger.
Les anciens combattants montent au créneau
Au sein de l’Union Nationale des Combattants (UNC), même si on n’en conteste pas le principe, ses membres demeurent dubitatifs sur le rang attribué par celle-ci. La distinction se place juste après l’ordre national du Mérite, lui même derrière l’ordre national de la Légion d’honneur, l’ordre de la Libération et la médaille militaire. Ce qui fait de cette reconnaissance la cinquième décoration la plus importante dans l’ordre de port protocolaire des décorations françaises.
« Soit c’est une maladresse et il faut la corriger, soit c’est un mépris délibéré pour les combattants : il y a une différence fondamentale entre un malheureux citoyen qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment et un soldat appelé et qui risque sa vie pour sa Nation », explique le général Philippe Schmidt, directeur administratif de l’UNC au quotidien 20 Minutes.
Les associations de familles de victimes s’interrogent
Et la récompense divise aussi les personnes concernées. Des associations de familles des victimes, sont elles aussi plutôt divisées sur la question. D’un côté, l’AFVT (l’Association Française des Victimes du Terrorisme) s’en réjouit, tandis que d’autres associations comme la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents (FENVAC) sont plutôt septiques. « Elle n’est ni nécessaire, ni légitime », explique Stéphane Gicquel, son secrétaire général.« Le but est louable, sauf que les attentes se situent à un autre niveau, par exemple, que tous les moyens soient mis sur la procédure d’enquête » fustige-t-il.
Georges Salines, président de l’Association du 13 Novembre, ne voit pas ce que peut leur apporter cette « breloque ». Son vice-président, Emmanuel Domenach, rescapé du Bataclan et vice-président de l’association confiait être lui-même contre au micro de BFM TV, ne voyant pas « en quoi il méritait une médaille pour avoir échappé au mal » et trouvant ça plutôt « glauque ». Pour lui, « ce n’est pas une médaille qui va réparer ça ».
Rescapé du Bataclan, il refuse la médaille de reconnaissance aux victimes du terrorisme https://t.co/RKEaajxSfL pic.twitter.com/KhVNhcxTmC
— VANITY FAIR FRANCE (@VanityFairFR) September 7, 2016
En janvier dernier, la Légion d’honneur fut décernée à quinze des dix-sept victimes des attentats survenus en janvier 2015 (Georges Wollinski et le chroniqueur Bernard Maris ayant déjà été décorés de leur vivant). L’Etat a alors conçu cette distinction pour éviter de remettre la légion d’honneur.
« Continuer à décerner la Légion d’honneur allait dénaturer cette distinction, qui récompense un acte de bravoure », explique au Figaro Guillaume Denoix de Saint Marc, responsable de l’AFVT. « Il fallait donc trouver un symbole nouveau ». Un hommage national devrait d’ailleurs être rendu par l’Etat à toutes les victimes du terrorisme le 19 septembre prochain.
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