Un programme lancé par Amazon, Mechanical Turk, fait appel aux internautes pour effectuer de petites tâches très peu payées. Dans les pays pauvres, le principe pourrait générer un revenu complémentaire.
Appelé à la rescousse pour résoudre tous les problèmes, l’ordinateur est pourtant encore incapable d’effectuer certaines tâches basiques, comme reconnaître une image, discerner des similitudes ou donner un avis. Et dans ces
cas, ce sont les humains qui viennent à la rescousse, remplaçant des algorithmes complexes par leur culture, leurs facultés critiques ou d’observation. Le crowdsourcing consiste à sous-traiter ces petits travaux aux internautes, comme dans le projet ClickWorkers lancé par la Nasa pour repérer les cratères de la planète Mars. Contrairement à ce type de démarche bénévole, Mechanical Turk d’Amazon (mturk.com) rémunère les participants. Ce programme tire son nom d’une mystification célèbre, le Turc mécanique, un automate du XVIIIe siècle capable de jouer aux échecs mais en réalité discrètement actionné par un humain. Lancé il y a un peu plus de trois ans, il était à l’origine destiné à déceler les doublons dans la base de données des références d’Amazon. Peu à peu, il s’est ouvert aux entreprises désireuses de sous-traiter ce genre de petites tâches. Appelées HIT (Human Intelligence Tasks), elles consistent à décrire la couleur d’une image, transcrire des podcasts, laisser des commentaires sur
un blog…
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Les internautes sont rémunérés, les salaires allant de 1 cent (reconnaissance d’images pour un projet scientifique) à 7,50$ (décrire dix rues de San Francisco pour le guide Streetadvisor), payables suivant les pays en argent ou en bons d’achat Amazon. Aujourd’hui, près de 67000 tâches sont proposées, et le site comptait déjà plus de 100 000 participants de cent pays en 2007. Il existe des communautés de “turkers”, comme Turker Nation, où s’échangent des conseils, des idées et les noms des entreprises mauvaises payeuses – il leur suffit de se
déclarer insatisfaites du travail effectué.
Pour les entreprises, l’avantage est de ne pas avoir à employer des intérimaires ou des stagiaires pour les petits travaux fastidieux. Amazon se rémunère en faisant payer aux entreprises 10% du montant des tâches effectuées. Pour l’internaute, Mechanical Turk est un moyen de gagner un petit complément de salaire sans (trop d’)efforts et en passant le temps. Les récriminations contre Mechanical Turk ne manquent pourtant pas, puisqu’il est notamment reproché au site de ne pas payer selon un minimum légal et, globalement, d’ignorer le code du travail de chaque pays.
Le crowdsourcing rémunéré peut cependant avoir des visées plus équitables, ainsi que le prouve le projet Txteagle, du chercheur américain Nathan Eagle. Celui-ci s’appuie sur la forte croissance de l’usage du portable dans les pays en développement (le taux de pénétration des portables dans trentequatre
pays émergents devrait passer de 46% à 95 % d’ici 2013). Partant du principe
qu’il y a 1,5 milliard d’humains sachant lire et écrire dans ces pays, et que beaucoup d’entre eux vivent avec moins de 3 $ par jour, leur faire accomplir de petites tâches par SMS (traduction, vérification d’informations locales, sondages…) constituerait un revenu complémentaire non négligeable. Les premiers essais de txteagle auront lieu prochainement en République dominicaine et au Kenya.
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