Christine Albanel a confirmé lors d’une conférence de presse surréaliste l’annexion de la MC93 de Bobigny par la Comédie-Française. Une OPA dont les acteurs du Français se sont vivement désolidarisés, faisant état de leur “stupéfaction”.
Suite à l’ampleur de la polémique soulevée dans les médias à l’annonce du projet de la Comédie- Française d’annexer la MC93 de Bobigny, le ministère de la Culture a décidé d’organiser une conférence de presse le 6 octobre à la mairie de Bobigny, en présence des tutelles de l’Etat, de Murielle Mayette, administratrice du Français, de Patrick Sommier, directeur de la MC93, et de journalistes vite taxés de désinformation. Contradictoire avec le dossier remis à la presse – Discours et mise en perspective du projet Comédie- Française-Bobigny selon un axe de démocratisation culturelle (sic) –, Christine Albanel voulut rassurer et annonça que le projet allait se faire en collaboration avec Patrick Sommier. Avant d’ironiser : “Ce n’est donc pas une offre publique d’achat, c’est une offre publique d’ambition.” Laconique, et rappelant qu’il n’avait pas été consulté, Patrick Sommier déclara : “D’où vient ce sentiment de révolte, comparable à ce que Primo Levi décrit dans Si c’est un homme ? C’est le sentiment profond que nous n’avons pas d’identité et qu’on peut user de nous sans notre accord.”
L’affaire ressemble en effet un mauvais remake de l’affaire du théâtre de Chaillot, transformé l’an passé en Maison de la danse sans que son directeur, Ariel Goldenberg, n’en ait été averti. Patrick Sommier rappela que le “théâtre contemporain s’est créé en banlieue, qui n’est ni une terre de mission,ni Tintin au Congo. C’est un hold-up historique de dire que la capitale va venir civiliser la banlieue.” François Le Pillouer, président du Syndeac (Syndicat des entreprises artistiques et culturelles), ajoutait : “Entre un rapprochement et une invasion, c’est juste une question d’ambiance… Aujourd’hui, la MC93 a besoin d’un comité de défense.”
Lequel provient, contre toute attente, d’une pétition signée par une majorité des comédiens de la Comédie- Française, qui annonce “sa stupéfaction face à ce projet qu’elle décline dans un premier temps” et affirme son soutien avec force : “(…) La situation est telle aujourd’hui qu’il nous paraît nécessaire de décliner la proposition de l’Etat, dans un premier temps, de nous concerter dans un second temps, avec l’ensemble des personnes concernées (…) afin d’étudier les moyens de ne pas laisser la MC93, riche d’histoire, d’exigence et de vie, disparaître peu à peu, purement et simplement, comme il semblerait programmé.”
Figure emblématique de la Comédie-Française, l’acteur et metteur en scène Denis Podalydès a estimé qu’il était de leur devoir de s’exprimer pour “couper court à tout soupçon de forfaiture à l’égard de nos frères du théâtre public”. Toutes les organisations professionnelles ont du reste décidé de reprendre les Entretiens de Valois le 9 octobre. Ne pas lâcher le morceau reste le seul mot d’ordre qui vaille.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}