Cette étudiante de 19 ans a été attaquée parce qu’elle milite à l’Unef tout en portant le voile. Une semaine après le début de la polémique, elle s’exprime sur BuzzFeed News.
Depuis le début des attaques violentes dont elle a fait l’objet sur internet, Maryam Pougetoux est restée silencieuse. Son tort, selon ses détracteurs, serait de porter le voile alors qu’elle milite à l’Unef, dont elle préside la section de Paris-IV. Au départ, c’est une simple interview d’elle sur M6, à propos des mobilisations étudiantes contre la loi ORE, qui a mis le feu aux poudres. Certains reprochaient à la jeune femme de porter le hijab. Dans la foulée, deux ministres prennent position : la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, estime qu’elle promeut l‘“islam politique” ; Gérard Collomb, ministre de l’intérieur, lui reproche de montrer sa “différence avec la société française”.
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“C’est assez pathétique de la part d’un ministre de l’Intérieur”
Sur le site BuzzFeed News, l’étudiante de 19 ans fait part de son incompréhension. Après une semaine de harcèlement sur les réseaux sociaux, où son numéro de téléphone a été divulgué, elle affirme à propos de la réaction de Gérard Collomb : “C’est assez grave, je ne m’attendais pas à ce que cela monte aussi haut et que cela devienne presque une affaire d’État. C’est assez pathétique de la part d’un ministre de l’Intérieur d’avoir de tels propos, aussi violents. Sachant que mon voile n’a aucune fonction politique. C’est ma foi. Après oui, c’est visible, mais ce n’est pas pour autant du prosélytisme. Je dois presque me justifier de mon choix alors que je ne devrais pas.”
Interviewée par BuzzFeed, Maryam Pougetoux, présidente de l'Unef à Paris-IV, répond à Gérard Collomb : «C'est assez pathétique de la part d'un ministre de l'Intérieur d'avoir de tels propos, aussi violents. Mon voile n'a aucune fonction politique.» pic.twitter.com/Qbh88az5Aq
— Stephane Jourdain (@s_jourdain) May 20, 2018
Alors que le ministre de l’Intérieur a fait le lien entre les jeunes portant le voile et ceux tentés par Daesh, l’étudiante réplique : “Je me considère comme étant intégrée et je n’ai rien à voir avec Daech. Je suis une citoyenne française, j’ai fait des études en France, dans des établissements laïcs et publics, mon voile n’a aucun lien avec ça. Je le porte par choix, par conviction religieuse, mais dans le respect de la loi, dans le respect d’autrui, donc à partir de ce moment-là, le débat ne devrait même pas se poser.”
“À aucun moment je n’ai mis mon voile par volonté politique ou réactionnaire”
Elle déplore les interprétations qui sont faites du voile qu’elle porte, qui selon elle ne sont en rien fidèles au sens qu’elle lui donne. Ainsi n’y voit-elle pas un symbole politique, comme le suggère Marlène Schiappa : “On me prête des intentions qui ne sont pas les miennes. À aucun moment je n’ai mis mon voile par volonté politique ou réactionnaire. Absolument pas.”.
Elle explique, enfin, que les militants de l’Unef l’ont soutenue dans cette controverse, et qu’il n’est pas question pour elle de démissionner de son poste de présidente de l’Unef à Paris-IV. De manière plus générale, elle pointe du doigt le fait que les femmes voilées ne semblent jamais être à leur place aux yeux de certains : “Lorsque l’on reste chez soi, on dit que nous sommes soumises. Lorsque nous revendiquons, lorsque nous nous engageons, on nous dit que nous n’avons pas le droit.”
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