Un prospectus insultant était distribué dans les tribunes du Groupama Stadium lors du match OL-OM, ce dimanche 23 septembre. A l’origine, un groupe d’ultra supporter réputé pour ses affiliations avec l’extrême-droite locale.
Il n’y a pas que les buts qui font trembler un club. Le tract, distribué par des supporters lyonnais, ce dimanche 23 septembre lors du match opposant l’OL à l’Olympique de Marseille, en est la preuve. « Tout est détestable chez eux, peut-on lire dans le prospectus signé « Bad Gones Lyon« , un groupe de supporter lié à l’extrême-droite locale, très implantée dans le Vieux Lyon. « Leur ville sale, leur club de donneur de leçon, leur accent insupportable et pour finir leurs ultras prétendument antiracistes mais plus sûrement anti-français ! ». Le texte conclut, dans un élan sûrement voulu comme héroïque : « Pour nos couleurs, contre la vérole sudiste, hissons haut le pavillon du Virage Nord pour faire couler le rafiot marseillais ! Marseille est une ville où règne le Sida ! ». Ces tracts ont été découverts par des supporters marseillais alors interdits d’entrée par une interdiction préfectorale.
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Le tract distribué chez les "Bad Gones Lyon" :
• "Tout est détestable chez eux"
• "Leur ville sale, leur accent insupportable"
• "Leurs Ultras prétendument antiracistes mais plus sûrement anti-français"
• "Marseille est une ville où règne le SIDA"#OLOM | #TeamOM 🔵⚪️ pic.twitter.com/YBgyAhT4Vs— #TeamOM Officiel (@TeamOM_Officiel) September 23, 2018
Des propos évidement peu goûtés du côté de la direction du club lyonnais. Dans un communiqué, elle a déploré « une telle initiative, qui n’est pas digne de supporters et préférerait retenir les encouragements incessants qui ont porté l’équipe et qui, eux, sont à la hauteur du club et de ses ambitions« . Elle complète en regrettant que le tract ne soit pas « condamnable juridiquement« . Le président du club, Jean-Michel Aulas, a également commenté un « tract odieux », « à l’opposé des valeurs du club » :
« Le tract des supporters est ridicule et odieux. Nous avons 1% des supporters qui se distinguent par des gestes ridicules. Nous allons peut-être porter plainte. L’image du club est dégradée à cause de certains supporters. C’est inadmissible ! »
Les bad gones, une vieille épine dans le pied lyonnais
Le récit paraît anecdotique. Mais pour qui fréquente les gradins lyonnais régulièrement, le tract n’est qu’une pénultième provocation d’un groupe d’ultra supporters : les Bad Gones, dont on peut apercevoir le logo en bas du tract, un chien coiffé d’un couvre-chef. D’ailleurs, l’expression, pour le moins insultante, sur Marseille est loin d’être une fantaisie sortie de nulle part. C’est un chant de supporters, revendiqué par les Bad Gones mais souvent repris par les autres supporters dans le stade. Pour info, il n’y a pas que les Marseillais qui en prennent pour leur grade. Mais aussi « les stéphanois c des PD…des fils de pute, des enculés, et par les couilles on les pendra ». Extrait :
Chants anti-Marseillais
(sur l’air de Pedro va au Brésil)
Marseille est une ville,
Où règne le Sida,
Les filles y sont faciles,
Les PD sont Ultras
Marseille, Marseille,
Va te faire enculer
La bonne mère est une salope
Toujours prête à nous sucer
Du milieu des années 1990 jusqu’aux années 2000, les virages Nord et Sud du stade Gerland ont historiquement été occupés, en partie et respectivement par les Bad Gones et Cosa Nostra (CNL). Tous deux à forte tendance nationaliste, ce dernier est dissout en 2010, suite à des accusations de débordements violents, par décret du ministère de l’intérieur, alors qu’il n’est plus reconnu officiellement par le club. Le premier, lui, a perduré. Historiquement, les Bad Gones ont pourtant toujours eu également des références pour le moins gênante. Sur certaines de leurs écharpes, dès leur création en 1987, on pouvait lire « notre honneur s’appelle fidélité », une devise SS. Jusque dans les années 1990, le groupe alimente la presse locale en faits divers racistes et antisémites ou de violences dans les milieux hooligan. En 1992, deux gones défraient ainsi la chronique en en profanant le cimetière juif de Lyon-Guillotière. Il taguent des croix gammées sur des tombes d’enfants juifs et sur le monument aux morts érigé en l’honneur des soldats juifs tombés lors de la seconde guerre mondiale.
Implantés, rarement inquiétés
Le 21 septembre dernier, un supporter de l’OL était identifié par les services de sécurité du club. Il avait effectué un salut nazi deux jours plus tôt dans les tribunes mancuniennes opposant Manchester City au club lyonnais. Si on ne sait pas encore s’il appartient aux Bad Gones, cette récente affaire comme celle du tract reflètent les difficultés du club à se séparer de groupes très idéologiquement marqués.
Depuis, les Bad Gones se sont bien implantés sans jamais être réellement inquiétés, à part lors d’occasions ponctuelles lorsqu’un bras trop tendu trouvait une caméra pour le saisir. S’ils tentent de faire oublier leur passé très nationaliste, celui-ci revient à la charge lorsqu’il se jumèle avec un club réputé pour son idéologie fascisante, Ultras Sur de Madrid, avant qu’il ne disparaisse suite à l’arrestation en 2015 de leur chef, une figure de la scène nazie en Espagne. En mai 2016, les Bad Gones inaugurent un local au Kop virage nord… aux côtés de Jean-Michel Aulas et Gérard Collomb, aujourd’hui ministre de l’intérieur.
Magnifique tifo des #BadGones avant #OLOM pic.twitter.com/z3DkQV4QKV
— Anthony Ravas (@AnthonyRavas) September 23, 2018
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