Le gouvernement va autoriser les gays “qui n’ont pas eu de relations sexuelles depuis un an” à donner leur sang. Une avancée de principe hypocrite.
Abstinence exigée
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Depuis une circulaire de 1983, les gays n’ont pas le droit de donner leur sang en France. Le 4 novembre, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé qu’elle mettrait un terme à cette interdiction. A partir de 2016, certains homosexuels auront le droit de se faire piquer le bras en échange d’un cookie… Mais seulement ceux qui n’ont “pas eu de relations sexuelles avec un autre homme depuis douze mois”.
Ce n’est que dans un second temps, après avoir réalisé des études et s’il n’y a “pas de risque, que les règles qui s’appliquent aux homosexuels seront rapprochées des règles générales l’année qui suit”. Raison avancée par le ministère : “La présence du VIH est 70 fois plus élevée chez les hommes ayant des rapports avec des hommes (HSH) que chez les hétérosexuels.”
Une différence de traitement entre homos et hétéros
“On baise ? – Je peux pas, j’ai don du sang dans un an.” Voilà le genre de vannes que l’on pouvait lire sur Twitter après l’annonce surréaliste de Marisol Touraine. La ministre affirme sans sourciller que cette autorisation est “la fin d’un tabou et d’une discrimination”, alors même qu’elle impose encore une différence de traitement entre homosexuels et hétérosexuels. “Pourquoi un hétéro qui change de partenaire tous les jours et n’utilise pas de capote a-t-il le droit de donner son sang après quatre mois d’abstinence, alors que c’est un an pour les homos ?”, s’indigne Jean-Luc Romero, homme politique et militant pour les droits LGBT.
Il y a trois ans, un François Hollande en campagne affirmait pourtant qu’il était “dévastateur à tous les niveaux d’accréditer une forme de présomption de séropositivité des hommes homosexuels. Il n’y a pas de ‘populations à risques’, mais des ‘pratiques à risques’.”
La frilosité du gouvernement
Derrière cette avancée de principe plane l’hypocrisie qui caractérise la politique sociale des gouvernements de Francois Hollande depuis trois ans. Certains maires refusent de célébrer les mariages homos ? Le président leur accorde une “liberté de conscience”, avant de rétropédaler. Les couples homosexuels peuvent se marier et adopter ? Oui, mais les couples de femmes n’ont pas le droit d’avoir recours à la PMA qui reste l’apanage des hétéros “pour ne pas ranimer des tensions”, dixit la ministre.
En 2012, la sortie de Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate, sur le Mariage pour tous avait de quoi faire rire : “Les homosexuels peuvent se marier… avec une personne d’un autre sexe.” Aujourd’hui, on peut rire jaune en l’appliquant au don du sang : “Les homosexuels peuvent donner, mais seulement s’ils continuent à se présenter comme hétéros.”
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