Après l’interdiction des mariages de personnes du même sexe par la Cour suprême de Californie, Hollywood amorce une campagne contre la Proposition 8 à l’origine de cette reculade.
Mardi 26 mai : cris de déception et consternation générale à Hollywood. La Cour suprême californienne annonce qu’elle juge constitutionnelle l’interdiction du mariage entre deux personnes du même sexe votée par référendum le 4 novembre dernier. Ce jour-là, la fête consécutive à l’élection de Barack Obama avait été quelque peu gâchée par l’adoption de cette “Proposition 8” en Californie (et de ses petites soeurs dans trois autres Etats).
La consultation populaire avait été provoquée par les opposants au mariage gay suite à l’annulation d’un article du code civil jugé discriminatoire, qui ouvrait alors les unions légales aux personnes du même sexe. Entre-temps, 18000 couples se sont mariés en Californie. Ils resteront unis car la décision n’a pas d’effet rétroactif. Mais pour une très large majorité des partisans du mariage gay, le combat ne fait que commencer : à l’annonce de cette décision, des rassemblements plus ou moins spontanés ont eu lieu un peu partout dans le pays. Parmi les manifestants, des célébrités, à l’image de Drew Barrymore à Los Angeles, accompagnée du blogueur Perez Hilton ou de George Takei (Monsieur Sulu dans la série Star Trek).
Arnold Schwarzenegger, gouverneur républicain de Californie, a lui déclaré chez Jay Leno : “Cette décision n’est pas définitive. Je pense qu’une autre initiative reviendra dans un ou deux ans, et qu’éventuellement le résultat sera inversé. J’en suis sûr.” En effet, selon les règles de l’Etat, 700 000 signatures peuvent provoquer un nouveau référendum. Dans cette optique, une pétition tourne déjà pour remettre la question sur le tapis lors des élections de mi-mandat. Au lendemain de l’annonce de la décision de la Cour suprême, deux avocats pourtant opposés dans la cause Bush contre Gore en 2000 ont, quant à eux, intenté une action à l’encontre de l’Etat de Californie. Pour certains, le rôle qu’Hollywood doit jouer est essentiellement financier : en novembre, chaque camp avait levé des millions de dollars, notamment pour financer des spots TV. Un effort qui demande à être renouvelé aujourd’hui, et à long terme, pour l’ensemble des partisans du mariage gay.
Dustin Lance Black, scénariste de l’oscarisé Harvey Milk réalisé par Gus Van Sant, déclarait ainsi à Variety : “Il est important de savoir où va notre argent”, afin de s’assurer que des efforts suffisants seront faits pour informer les votants en allant à la rencontre des classes populaires mais aussi des groupes religieux ou des seniors. “Il n’y a rien eu de tel jusqu’à présent, ajoute le scénariste. Aller vers eux, partager nos histoires personnelles, s’ouvrir avec sincérité, c’est comme ça que les mentalités changent.”