Partis à pied du Vieux-Port de Marseille le 18 juin, une quinzaine de marcheurs sont arrivés à jeudi à Paris où plusieurs manifestants les ont accueillis. Au cœur de leurs revendications : une « réelle démocratie » et la création d’une nouvelle constitution écrite par le peuple.
« On réalise pas encore qu’on est presque arrivé. Tous ces moments… j’ai l’impression d’être parti il y a un an ! » Après plus de 900 kilomètres parcourus en 48 jours, les participants de la « Marche citoyenne pour la démocratie » sont à quelques heures de l’arrivée. Partis du Vieux-Port de Marseille le 18 juin, ces marcheurs entament ce jeudi la dernière étape d’un périple lourd de sens jusqu’à la tour Eiffel. Tente sur le dos, bâton de marche dans la main, les militants s’apprêtent à rejoindre la centaine de manifestants parisiens mobilisés pour les accueillir.
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« Des moments magiques, mais aussi des galères »
Si l’événement porte en lui des revendications politiques (rejet des traités de libre-échange, désir d’une réelle démocratie, création d’une constitution citoyenne …) beaucoup retiennent avant tout l’aventure humaine de ces dernières semaines. « On est parti avec des inconnus dans un but commun. Il y a eu des moments magiques mais aussi des galères qui nous ont appris à nous écouter et partager. Au final j’ai beaucoup changé après ce périple » se remémore Camille, étudiant en musicologie à Aix-en-Provence. Question logistique, les marcheurs ont soit dormi à la belle étoile, soit chez des « Nuit Deboutistes » de toute la France. Certains individus se sont parfois joints au groupe le temps de quelques kilomètres : « Je ne les aurais pas suivi depuis Marseille. Mais c’est une belle initiative citoyenne qui fait plaisir à voir. Alors je me suis motivé à les rejoindre pour cette dernière étape », explique Mathias venu au rendez-vous de 10h à Créteil.
Cliquez sur les pastilles rouges pour entendre les anecdotes, le ressenti et les motivations des marcheurs :
12h30 : les militants arrivent Place de la Nation où un premier groupe de manifestant les attend. On y retrouve Sophie Tissier, l’une des fondatrice de Nuit debout Paris. Sourire aux lèvres, la jeune femme se réjouit de l’événement à l’heure où Nuit debout prépare sa rentrée. « C’est la première fois qu’une solidarité pareille se met en place à l’échelle de toutes les « villes debout ». Selon moi, c’est dans ce sens que le mouvement doit évoluer : une mobilisation totalement pacifique qui ne se réduit pas aux rassemblements nocturnes sur des places publiques« . Exaltés par leurs camarades, les marcheurs se dirigent vers la place de la République en chantant « De Marseille à Paris pour la démocratie ! » Sur des pots de peintures donnés par des ouvriers, des percussionnistes rythment le pas. L’ambiance est bon enfant pour ces militants pressés d’arriver à destination.
« Nuit debout n’est pas fini ! »
Place de la République, une assemblée générale est improvisée pour accueillir les marcheurs. Au centre du débat : la rédaction d’une nouvelle constitution écrite par le peuple. Censée être rédigée par l’intermédiaire des villes debout, les militants se réjouissent du succès de leur solidarité à l’égard des marcheurs. L’événement ayant permis de structurer des Nuit deboutistes dans toute la France, beaucoup y voit un présage positif pour l’avenir du mouvement. Intriguée par le rassemblement sur la place de la République, une femme se joint au le cortège : « Je pensais que Nuit debout était fini et puis j’ai vu ces gens se réunir. Je me suis dis ‘Ce n’est pas encore terminé !’ Et j’ai décidé de les suivre. » Dans un dernier effort le cortège, qui rassemble maintenant une centaine d’individus, se dirige vers son objectif final : la Tour Eiffel.
La voix cassée, les jambes tremblantes, et des sourires jusqu’aux oreilles, les marcheurs se prennent dans les bras à leur arrivée sur le Champs-de-Mars. « On l’a fait putain… On a réussi ! » S’écrient-ils. Submergés par l’excitation, ils s’élancent dans une course folle pour déterminer qui arrivera le premier sous la Tour Eiffel. Le calme revenu, ils s’installent à quelques mètres du monument pour un apéro bien mérité. Si la majorité assure ne pas se rendre encore compte de l’exploit, la fierté se lit sur tous les visages. En dépit du manque de médiatisation, les marcheurs n’ont aucun doute sur la nécessité de leur initiative et comptent même ne pas s’arrêter là . Lorsqu’on demande à l’un d’entre eux s’il a déjà songé à abandonner le parcours, il répond avec fermeté : « Non, Jamais ! »
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