Certains comptes Twitter font des envieux d’obscures transactions commencent à se mettre en place sur le net pour en récupérer certains. Explications.
Peut-être avez-vous choisi votre pseudo sur Twitter un peu par hasard. Peut-être que – comme l’auteur de cet article – vous l’avez choisi par défaut car le nom de votre choix était déjà pris. Pas étonnant : il y a aujourd’hui 255 millions d’utilisateurs mensuels de Twitter, et, si on compte la multitude de comptes inactifs, le nombre approcherait du milliard. Dans ce contexte de pénurie, c’est peu dire que certains noms d’utilisateurs font des envieux, notamment ceux qui datent de la préhistoire de Twitter, quand on pouvait encore s’inscrire sous son simple prénom.
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Des comptes qui valent jusqu’à 500 000 euros
Twitter offre à ses utilisateurs des moyens de faire libérer un “handle” (c’est comme ça qu’il les appelle) quand son utilisateur est inactif, mais dans le cas contraire il n’y a presque rien à faire. Le réseau social le dit clairement dans ses conditions d’utilisations : toute transaction financière en échange d’un nom d’utilisateur est strictement interdite, et peut être sanctionnée d’une suspension de son compte. Ce qui n’empêche pas des utilisateurs au pseudo convoité – le plus souvent des noms très courts ou communs – de rapporter qu’ils sont régulièrement sollicités par des acheteurs potentiels. Un entrepreneur américain, Josh Bryant, raconte ainsi sur son blog qu’il aurait pu gagner 500 000 dollars de cette manière. Il faut dire que sur Twitter et Instagram, il est @jb, soit les initiales de Justin Bieber et des Jonas Brothers.
Des entreprises ont aussi fait quelques entorses à ce règlement. Notamment CNN, qui, ne pouvant racheter le compte @CNNbrk, qui avait amassé un million de followers en tweetant les breaking news de la chaîne américaine, a tout simplement embauché son créateur et inclu la cession du compte dans son contrat. En contradiction avec ses principes, Twitter aurait lui-même aidé en douce certaines de ces transactions, comme celle entre le ministère des affaires étrangères d’Israël et un certain Israel Meléndez, heureux propriétaire de @Israel depuis 2007. Un compte qu’il n’utilisait de toute manière plus, fatigué de recevoir des menaces destinées à l’Etat hébreu.
Offrir des comptes Twitter, le plan drague des hackers
Quand un utilisateur n’est pas vendeur, les choses peuvent prendre un tour plus inquiétant. Naoki Hiroshima, propriétaire du “handle” @N, raconte sur son blog qu’il recevait quotidiennement des mails l’avertissant de tentatives de changer son mot de passe à son insu. Il a fini par céder en janvier dernier face au chantage d’un hacker particulièrement sans scrupules. Parvenu à s’introduire dans plusieurs sites internet gérés par Hiroshima, il l’a ensuite fait chanter par mail :
“Le compte @N est mon véritable objectif. (…) Je vois que tu gères quelques sites sympas, je les ai laissés tranquilles pour l’instant et toutes les données sont intactes. Serais tu prêt à faire un compromis ? Un accès à @N le temps que je récupère le ‘handle’, en échange de la sécurité de tes données ?”
Un cas non isolé. Une situation similaire a par exemple coûté à un journaliste du célèbre magazine américain Wired, @mat, l’ensemble de ses données personnelles. Maigre consolation : Twitter a fini par lui restituer son nom d’utilisateur, comme à Naoki Hiroshima.
L’argent n’est pas toujours la seule motivation pour ces hackers parfois pas encore sortis du lycée. Dans une série de tweets regroupés dans un Storify, un utilisateur du nom de @blanket raconte qu’il a réussi à retrouver la trace des utilisateurs qui ont piraté son compte et de nombreux autres en 2012. S’ils vendaient certains de ces noms pour quelques dizaines de dollars sur des forums, le compte @blanket semblait être destiné à une jeune fille que le hacker voulait impressionner, et ils seraient nombreux dans ce cas. Un moyen facile de se faire remarquer sans risquer grand chose – au pire, le hacker verra son compte suspendu. Et comme le nombre de comptes disponibles continue de diminuer à mesure que Twitter attire des utilisateurs, c’est loin d’être la fin du marché noir des pseudos.
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