Alors que les hostilités ont repris à Gaza, de nouvelles manifestations en faveur des Palestiniens se sont déroulées ce samedi partout en France. A Paris, les islamistes du collectif Cheikh Yassine ont profité de la démobilisation pour véhiculer des slogans radicaux…
Un bruit de fusillade retentit sur la Place Denfert Rochereau ce samedi aux alentours de 15h. Quelques touristes qui attendent pour visiter les catacombes se retournent interloqués. Cette simulation de de tirs émane d’un camion de la manifestation pro-Gaza. Après l’importante manifestation du 3 août, des milliers de manifestants étaient à nouveau appelés à battre le pavé alors que les hostilités ont repris à Gaza.
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Sous un ciel nuageux, la manifestation s’est d’abord déroulée dans le calme et sur fond de Kery James (« Avec le coeur et la raison ») et de Keny Arkana (« La rage »).
Première constatation : la mobilisation est en baisse. Alors que la semaine dernière, près de 11 000 personnes selon les forces de l’ordre (et plus de 20 000 selon les organisateurs) avaient défilé, on en comptait à peine quelques milliers cette fois-ci.
« Israël assassin, Hollande complice »
En tête de cortège, les drapeaux du PCF se mêlent à ceux du NPA, d’EELV, du POI, du PG et d’ATTAC #ManifGaza pic.twitter.com/dyVq2LhwpP— David Doucet (@Mancioday) 9 Août 2014
En tête de cortège, les drapeaux du Parti communiste se mêlaient à ceux du Nouveau parti anticapitaliste, d’Europe Ecologie, du Parti de gauche, d’Europe Ecologie, du Parti ouvrier indépendant ou bien encore d’Attac. « Il faut que l’on soit aussi peu nombreux pour que l’on se mélange enfin », rigolait un vieux militant communiste.
Devenu un véritable classique, le slogan « Israël assassin, Hollande complice » a été abondamment scandé. Pour Frédéric, militant du Parti de Gauche âgé de 32 ans : « François Hollande assimile toute condamnation d’Israël à de l’antisémitisme, son interdiction des premières manifs de soutien à la cause palestinienne était injustifiable ». Dans un communiqué distribué au cours de la manifestation, le Front de gauche a d’ailleurs réédité son appel pour que le gouvernement français prenne des sanctions commerciales contre Israël.
En tête de cortège de la #ManifGaza : Patrick Le Hyaric, député européen Front de gauche et directeur de l’Humanité pic.twitter.com/u7X6AxO7ai — David Doucet (@Mancioday) 9 Août 2014
« Les vacances nous font mal »
Avec ses chants, le Palestinian Youth Movement (PYM) d’Omar al-Soumi, a donné une touche festive à une manifestation qui manquait singulièrement de rythme.
« Les vacances nous font mal, c’est vrai qu’il y a beaucoup moins de monde que la dernière fois, concède Fathia, 23 ans. Mais c’est important de continuer à se mobiliser si on veut que les choses bougent et que les gens prennent conscience du massacre qui est en train de se produire à Gaza ».
Portant une pancarte « Urgence pour une paix durable », Medhi 41 ans estime que cette faible mobilisation s’explique aussi par le fait que « les médias et les Etats-Unis font porter la responsabilité de la rupture de la trêve au Hamas ». Pour lui, « les choses sont plus complexes que cela. Sans une levée du blocus qui touche Gaza, il était illusoire de penser que cette trêve puisse perdurer ».
Le collectif Cheikh Yassine fait le plein
Signe de la faible affluence, certains cortèges (comme celui d’Europalestine) sont vraiment très réduits #ManifGaza pic.twitter.com/Ay1DUMpvEL — David Doucet (@Mancioday) 9 Août 2014
Alors que la plupart des organisations étaient moins nombreuses que le 3 août dernier, le collectif Cheikh Yassine a profité de cette démobilisation pour faire le plein. Créé en France en 2004 à la suite à la suite de l’assassinat par Tsahal de Yassine – le fondateur et ancien dirigeant spirituel du Hamas -, le mouvement est aujourd’hui dirigé par Abdelhakim Sefrioui, un islamiste radical qui s’est distingué ses dernières années par ses saillies antisémites.
Souvent tenu à l’écart en raison de sa sa radicalité, le Collectif Cheikh Yassine constitue aujourd’hui le gros des troupes pic.twitter.com/RfAWkFqZcK
— David Doucet (@Mancioday) 9 Août 2014
Souvent tenu à l’écart en marge des manifestations en raison de sa radicalité, le Collectif Cheikh Yassine constituait cette fois-ci l’un des cortèges les pus importants. Dans une enquête récente, Libération a révélé que le Ministère de l’Intérieur envisageait sa dissolution. Si le service d’ordre (visiblement insuffisant cette fois-ci) n’a pas tenté de modérer les propos tenus par les speakers présents sur le camion du Collectif de Cheikh Yassine, plusieurs officiers des Renseignements généraux l’ont observé tout au long de l’après midi.
Sur leurs pancartes, les militants du Collectif Cheikh Yassine multipliaient les parallèles avec la Seconde guerre mondiale en affirmant que « les sionistes d’aujourd’hui sont les nazis d’hier » ou bien en se réappropriant la figure de Jean Moulin.
Les CRS contraints d’intervenir pour protéger une journaliste
Le cortège du collectif Cheikh Yassine arrive aux Invalides en criant « Des armes pour Hamas » #ManifGaza pic.twitter.com/lIgY2QDVQe
— David Doucet (@Mancioday) 9 Août 2014
Relativement agressive, la speakerine du collectif Cheikh Yassine a délivré un discours violemment hostile aux médias français qui cacheraient « la vérité » à la population.
La speakerine du collectif Cheikh Yassine continue d’attiser la haine anti-médias et préconise de les « désioniser » pic.twitter.com/TcTqovBtfS
— David Doucet (@Mancioday) 9 Août 2014
Conséquence de ce discours, plusieurs journalistes de chaines d’infos en continu ont été chahutés par des militants du Collectif. Sifflée et insultée, une journaliste de LCI a même été contrainte de fuir la manifestation derrière des CRS qui sont intervenus pour la protéger. « Sans la police, on t’aurait niqué, sale sioniste », a crié un manifestant. Quelques minutes plus tard, une femme d’une quarantaine d’années relativise : « Nous nous sommes énervés car LCI et BFM mentent depuis le début du conflit ».
Lors de l’arrivée Place des Invalides, le collectif Cheik Yassine a fait lire un message en arabe d’un porte-parole du Hamas et du Djihad islamique. Cinq cent mètres plus loin, le Palestinian Youth Movement lançait des appels à la paix et chantait : « Nous sommes tous des enfants de Gaza ».
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