Les images ont fait le tour du Net. A la fin de la manifestation contre la réforme des retraites du 12 octobre, un journaliste de Canal + est matraqué et poussé à terre par des CRS. Un policier l’accuse de violences et vient de porter plainte contre lui.
Cette histoire, Thierry Vincent aurait bien voulu l’oublier. Le 12 octobre, ce journaliste de Canal + ne travaille pas mais assiste à la manifestation parisienne contre la réforme des retraites, près de la place de la Bastille. Apercevant des CRS disperser les derniers manifestants, il s’approche de l’action et reçoit plusieurs coups de matraque.
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Furieux, il brandit sa carte de presse et prend à témoin les policiers qui l’entourent. La scène est filmée par un caméraman : on voit les CRS charger, sans se soucier de Thierry Vincent, et le pousser à terre assez violemment.
Immédiatement relayée sur Internet, la vidéo entraîne, à la demande de la préfecture de police, une enquête de l’Inspection générale des services (IGS), la police des polices en région parisienne. Thierry Vincent raconte sa version des faits aux enquêteurs. Il s’agit d’éclaircir le comportement des CRS, et de voir s’ils ont commis une faute, en essayant de reconstituer le déroulement de l’action. Jointe par téléphone ce mardi, la Préfecture nous précise que l’IGS a bouclé son enquête et transmis ses conclusions au parquet.
Le journaliste est donc très surpris, en fin de semaine dernière, d’apprendre qu’il est convoqué au commissariat du IVe arrondissement ce lundi 13 décembre. Un capitaine de CRS, Nicolas D., a porté plainte contre lui pour “violences aggravées” (puisque commises sur un membre des forces de l’ordre).
Il reproche à Thierry Vincent une “béquille à la main” lors du matraquage, puis d’avoir frappé la main que le policier lui tendait pour le relever après sa chute. Ces possibles coups n’ont entraîné aucun arrêt de travail pour le capitaine. La vidéo ne permet pas d’établir ces faits, que le journaliste nie.
“ Je n’ai absolument pas donné de “béquille” à ce policier. J’ai peut-être repoussé sa main, mais je ne m’en souviens pas. En aucun cas je ne l’ai frappé, c’est un mensonge. Si c’était le cas, je suis tout seul, au milieu des CRS, pourquoi ne m’auraient-ils pas interpellé?”
La plainte contre Thierry Vincent a été déposée après l’audition du capitaine de CRS à l’IGS. Voulait-il se couvrir? En tout cas, le journaliste ne compte pas en rester là. Il a déposé plainte contre X pour “violences aggravées” (puisque commises par les forces de l’ordre, ça marche dans les deux sens) et contre le capitaine Nicolas D. pour “dénonciation calomnieuse”.
“La première fois, je n’ai pas voulu la ramener. Pour moi, la situation n’était pas si grave, j’ai fait profil bas. Mais là je suis froidement accusé d’un délit. Ce n’est pas admissible de la part d’un officier de police.”
L’accrochage, qui aurait pu passer inaperçu s’il n’avait pas été filmé, fait donc désormais l’objet d’une enquête administrative et de trois plaintes. A suivre.
Mise à jour le 14/12 à 12h25 : La préfecture de police de Paris ne souhaite pas commenter le dépôt de plainte du capitaine CRS mais précise que l’IGS a transmis les conclusions de son enquête au parquet.
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