Lundi 27 juillet, StreetPress révélait plusieurs cas de maltraitances dans les cellules du dépôt. Des faits racontés par le brigadier-chef lanceur d’alerte Amar Benmohamed et corroborés par une centaine de documents auxquels le média a eu accès.
Insultes homophobes et racistes, vols, privations de nourriture et d’eau, refus de soins médicaux… Voilà les traitements subis par plus de mille personnes envoyées dans les cellules du dépôt du Tribunal de Grande Instance (TGI), lieux dans lesquels sont transféré·es les déféré·es, « avant et après leur passage devant le juge », explique StreetPress. Lundi 27 juillet, le média a publié une enquête détaillée, documents et témoignages à l’appui, dans laquelle il révèle l’existence d’un système de maltraitances dans les sous-sols du TGI. Une enquête qui intervient dans un contexte de protestations contre le racisme et les violences policières.
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L’enquête s’appuie sur le témoignage d’Amar Benmohamed, brigadier-chef lanceur d’alerte. Après avoir tenté de faire remonter ces faits à sa hiérarchie et ne constatant aucune sanction à l’égard des forces de l’ordre mises en cause, si ce n’est « les mutations qu’ils souhaitaient », il a décidé de les dénoncer publiquement. Ce dernier explique à StreetPress avoir « tout fait pour régler cette affaire et ça a échoué ».
« Je ne vous le cache pas, ma carrière est foutue. On me le dit clairement ‘t’es grillé, t’es carbonisé, t’es mort, ils t’auront tôt ou tard' », raconte Amar Benmohamed ce 28 juillet dans une interview accordée à Franceinfo. Ce dernier a tenu à souligner qu’« il y a des hommes et des femmes qui font un boulot superbe chez les gendarmes, les municipaux. Tous les policiers et gendarmes ne sont pas pourris, loin de là », mais qu’il était nécessaire de révéler les actes commis par « un petit groupe qui a pris ses aises ».
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« T’inquiète, j’ai l’habitude, c’est la parole d’un bâtard contre la nôtre et je ne prends que des mecs qui ne parlent pas un mot de français.«
« Au total, sur un peu plus de deux ans, plus de mille prévenus ont été maltraités. C’est même sans doute plus », confie Amar Benmohamed à StreetPress. Le lanceur d’alerte cite de nombreux exemples de cas de maltraitances, tous plus affreux les uns que les autres, que l’on peut lire dans l’enquête du média. Il évoque le cas d’un détenu qui avait demandé un repas sans porc et à qui, une gardienne de la paix a répondu : « Tu prendras ce qu’on te donnera. On en a marre des bougnoules, c’est eux qui nous font chier en France. » Les insultes racistes semblent être monnaie courante là-bas, ainsi les « Ferme ta gueule, sale bougnoule », « négro », « sale race », sont régulièrement entendues. Certaines vont encore plus loin : « Si on me laissait faire, je mettrais le feu à toutes ces merguez » se souvient notamment Amar Benmohamed.
Mais les traitements de maltraitance ne s’arrêtent pas là. « En plus d’être verbalement stigmatisés au moment de leur fouille, les déférés qui avaient eu “le malheur” d’entrer dans la joute verbale […] se voyaient parfois (une fois placés dans leurs cellules) privés de nourriture durant plusieurs heures, voire même durant la nuit entière » écrit le lanceur d’alerte, dans son rapport adressé à sa hiérarchie. Un courrier que StreetPress a pu se procurer.
L’enquête révèle également les refus d’accès aux soins médicaux que réclamaient certain·es détenu·es. Les policier·es inventaient que le médecin passerait le lendemain et notaient dans le rapport que « le déféré avait refusé l’examen médical ». Parmi les maltraitrances révélées, on retrouve des coupures volontaires des ventilations pendant l’été, des stratégies pour voler les biens des détenu·es – notamment de ceux qui ne parlent pas bien français – ou le fait de les réveiller en pleine nuit. « T’inquiète, j’ai l’habitude, c’est la parole d’un bâtard contre la nôtre et je ne prends que des mecs qui ne parlent pas un mot de français », aurait répondu un gardien de la paix à une collègue qui l’interrogeait sur les vols.
« Pour certains faits, on peut presque parler de torture » a déclaré Amar Benmohamed à StreetPress, dont l’intégralité de l’enquête est à retrouver ici.
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