Eric Besson est très en colère contre Vigimark. Le 28 juillet, le ministre de l’immigration a demandé l’application de sanctions administratives contre cette entreprise qui exploitait des travailleurs sans-papiers.
Sans-papiers, sans fiches de paie, sans congés : les maîtres-chiens de l’entreprise Vigimark et d’autres sous-traitants de la SNCF ont parfois passé des années sans se plaindre. Au bout d’un moment, c’est trop. L’un d’entre eux décide de parler, entraînant un mouvement général de protestation. Le 24 juin dernier, le ministre de l’immigration Eric Besson voit débouler les maîtres-chiens dans ses bureaux. Ils viennent dénoncer leurs conditions de travail et exiger leur régularisation. Besson prend fait et cause pour ces sans-papiers. Et jette la pierre sur un coupable tout désigné, la société Vigimark.
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Les leviers de pouvoirs sont actionnés et les injonctions ministérielles pleuvent soudainement. Le 13 juillet, Eric Besson transmet l’ensemble des dossiers des maîtres-chiens à la préfecture de police afin qu’ils fassent l’objet d’une régularisation. Tous les contrats de la société Vigimark avec la SNCF sont résiliés. Le 28 juillet, le ministre réclame, « sans préjudice des poursuites judiciaires qui pourront être engagées », des sanctions administratives « contre l’ensemble des entreprises et des dirigeants qui ont exploité ces personnes ».
Une décision inacceptable et incompréhensible pour la direction de la société de gardiennage pour qui la SNCF est aussi mouillée dans cette affaire. Dès l’annonce de l’annulation des contrats, Vigimark se fend d’un communiqué. Selon la société de gardiennage, « la SNCF cherche manifestement à opérer un transfert de responsabilité sur ses fournisseurs et sous-traitants, dérogeant ainsi à ses obligations de donneur d’ordres ». A la SNCF justement, « l’affaire Vigimark » ressemble à un sujet tabou. Contactée à plusieurs reprises, l’entreprise publique répond mécaniquement : « pas de commentaires ». Sur aucun point du dossier. Fin de la discussion.
Les contrats SNCF représenteraient 60% du chiffre d’affaires annuel de Vigimark, selon les organisations syndicales. Un chemin qui mène « tout droit au dépôt de bilan et donc au chômage de 1200 salariés » pour David Descroix, délégué Force Ouvrière (FO). Les salariés, avec ou sans-papiers, défendent leur boîte corps et âme et jettent la pierre sur la SNCF, « au courant de toute cette affaire de sans-papiers depuis longtemps et qui n’a jamais rien dit ». Les syndicats comptent également mener des « actions coup de poings » indique David Descroix.
Une réaction qui dénote avec l’attitude adoptée jusque-là. Selon les salariés sans-papiers, les délégués syndicaux avaient conseillé à la direction de les licencier pour éviter tout scandale. Du côté de la SNCF, le remplaçant de Vigimark est déjà tout trouvé : l’entreprise Challancin devrait récupérer tous les contrats et s’est engagée à reprendre, une fois régularisés, les salariés de Vigimark et de ses sous-traitants.
Ozal Emier et Raphaël Malkin
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