Enquête dans un “Far ouest” très français : le département des Hauts-de-Seine, “coffre-fort” du RPR puis de l’UMP et nid à intrigues et à affaires en tout genre.
De Neuilly à Courbevoie, de la Défense à Nanterre, de Puteaux à Levallois, de Clichy à Gennevilliers, le département des Hauts-de-Seine concentre sur un territoire restreint (176 km2) autant de richesses (le PIB par habitant y est trois fois plus élevé que la moyenne nationale) que d’intrigues politiques et judiciaires de haut rang. Sous le pont de Neuilly coulent la Seine et les arrangements douteux.
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Depuis que les “Pasqua boys” – Balkany, Sarkozy, Devedjian, Schuller… – ont progressivement mis la main sur l’ouest parisien dès les municipales de 1983, les magouilles en tout genre n’ont cessé d’alimenter la chronique locale. Comme le raconte Jean-Charles Deniau dans une épopée enlevée de ce “far west” francilien, les Hauts-de-Seine ont servi de bastion politique aux plus hautes ambitions du RPR, puis de l’UMP, qui en ont fait un “coffre-fort”.
>> Regardez Il était une fois dans l’ouest – le roman noir des Hauts de Seine
Pactes de corruption
C’est Charles Pasqua qui, dès la fin des années 60, lance l’offensive sur le département, berceau de l’industrie automobile truffé de bidonvilles. Grâce aux ressources financières issues du quartier d’affaires de la Défense initié par le général de Gaulle dès son retour au pouvoir en 1958, le RPR étend son influence politique sur la majorité des communes. Le clientélisme est roi au pays de Pasqua : tous les coups y sont permis, marchés truqués, commissions et autres conflits d’intérêts… Du “gaullisme immobilier” de l’époque à l’arrivée du puissant promoteur Christian Pellerin au milieu des années 70 à la Défense, des magouilles sur les ventes de tours aux appels d’offres détournés, des pactes de corruption aux micmacs entre entrepreneurs, offices HLM, politiques, avec quelques affaires retentissantes à la clé (l’affaire Schuller-Maréchal, les casseroles éternelles de Balkany…), Deniau retrace précisément l’histoire d’une longue dérive affairiste dont les Hauts-de-Seine forment le décor : un décor en béton armé plutôt qu’en carton-pâte.
Nourrie de nombreux entretiens avec les acteurs de ce vaudeville politique – Pasqua en tête, qui ne se reproche rien, Schuller repenti, Probst lucide, Devedjian, nouveau président du conseil général, volontaire pour “nettoyer les écuries d’Augias”, l’enquête de Deniau éclaire autant les rites politiques d’un territoire opaque qu’il bute sur le mystère d’une justice impuissante : la plupart des affaires ont été enterrées par les procureurs successifs. Un autre particularisme local…
Il était une fois dans l’ouest – Le roman noir des Hauts-de-Seine documentaire de Jean-Charles Deniau. Jeudi 23, 23 h 20, France 3
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