Déclinaison « féminine » du Gorafi, Madame Gorafi s’attaque aux clichés misogynes et sexistes à l’aide d’articles parodiques. Convaincus?
« Être mince et pro-palestinienne en même temps », « Ces regards de la pharmacienne quand vous demandez une pilule du lendemain », « 6 débardeurs chics pour distribuer de la nourriture aux plus démunis », « Quel mascara mettre pour pleurer toute la nuit ? »… Ces titres ne sont pas le résultat du test d’une nouvelle drogue sur une bande de journalistes, mais ce qui s’affiche sur un nouveau site au nom évocateur : Madame Gorafi. Pas moyen de tomber dans le panneau cette fois-ci, la sœur du Gorafi affiche clairement ses couleurs canularesques.
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Ce lundi 1er février, le célèbre site d’informations parodique Le Gorafi a donc lancé une première déclinaison, qui se présente comme « votre meilleure source d’information misogyne de la journée ». On y trouve le test « Est-ce de vous que Marc Lavoine parle dans « Elle a les yeux Revolver » ? » qui propose comme question-réponses:
« Avez-vous déjà fait l’amour avec Marc Lavoine ?
– Oui
-Oui »
Dans la catégorie « Vécu », une jeune femme raconte comme un coup d’oeil sur une « tranche simple, fine, juste une tranche, comme ça » de saucisson a mis fin à son régime; ou sur des conseils « pour avoir l’air pauvre en portant des ballerines à 300 euros » (« prendre un air de chien battu« , « porter des vêtements h&m« , « trouez vos t-shirts« …) avec en guise de conclusion : « De nouveaux défis s’offrent à vous, comme vous faire passer pour une grosse alors que vous rentrez dans du 34 !... »
Un autre article compile de fausses interviews de « femmes de pouvoir qui nous apprennent leurs astuces de cuisine« . Parmi elles, la directrice du FMI, Christine Lagarde, qui préconise de « laisser la viande baigner dans du cognac la veille de la cuisson ».
Peut-on dénoncer le sexisme en abusant de blagues sexistes ?
Contactée par nos soins, la rédactrice en chef de Madame Gorafi, une certaine Marie-Aude Buissière, qui n’a d’existence que fictive, raconte, sans surprise, n’importe quoi. Elle nous explique ainsi travailler avec « 342 stagiaires », des « filles qui veulent toutes être journalistes alors qu’elles ne trouveront jamais d’emploi. C’est fou !« , et chercher à « gagner beaucoup d’argent, aider les femmes à être plus sexy et apporter des astuces pour être glamour même quand vous êtes dominées socialement. »
Si l’on voit bien les clichés que le site cherche à épingler, la forme adoptée pour le faire peut, elle, poser question. Est-ce bien pertinent d’utiliser le sexisme pour dénoncer le sexisme ? Ne serait-ce pas l’histoire du serpent qui se mord la queue ? Que dénonce exactement Madame Gorafi ici ? La stupidité des magazines féminins ? Et lesquels ? Le flou dans lequel baigne le projet tend à diminuer sa portée, sa puissance. A ces critiques, Marie-Aude Buissière rétorque par un laconique : « Nous leur répondons que c’est très sexiste comme argument. » On tourne un peu en rond…
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