« Non, il n’y a pas de machisme à l’Assemblée. » A contre-courant de l’actualité des dernières semaines, deux députées ont décidé d’organiser un « pot amical » pour redorer le blason du Parlement et de leurs collègues masculins dans la cafétéria de l’Assemblée nationale.
« Il n’y a pas un satyre caché derrière chaque poteau de l’Assemblée. » C’est Valérie Boyer, députée des Bouches-du-Rhône, qui l’affirme. Avec sa collègue Bérengère Poletti (Ardennes), elle a investi la cafétéria de l’Assemblée pour le prouver et en discuter avec ses collègues masculins de la majorité. Les deux femmes, jupe au dessus du genou et sourire de rigueur, l’affirment haut et fort : « L’Assemblée n’est pas ce grand barnum que vous décrivez ! » D’ailleurs, elles viennent « presque tous les jours en jupe » et n’ont « jamais été victimes de remarques grivoises ». Ce sont les propos de Chantal Jouanno, qui avait déclaré qu’elle entendait des « propos sexistes » lorsqu’elle se rendait en jupe au palais Bourbon, qui les ont décidées à réagir.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Mais en guise de « pot amical », c’est plutôt une conférence de presse qui se tient dans la petite cafétéria du parlement. Une meute de journaliste, intrigués par cette initiative à contre-courant, est là pour recueillir les témoignages des deux femmes, qui feignent la surprise face à l’engouement suscité par l’évènement.
« On vient ici pour voter les lois, pas pour regarder les femmes ! »
Au milieu des caméras, une petite douzaine de collègues masculins de la majorité viennent glisser leur tête et dire la bouche en coeur oh combien ils respectent leurs consoeurs. « Nous, on vient ici pour voter les lois, pas pour regarder les femmes ! » s’offusque Jacques Remiller (Isère).
[inrockstv 66344]
Et dans ce petit pot très correct, manque de chance pour les deux femmes, deux syndicalistes viennent jouer les trouble-fête. Jean-François Cassant, secrétaire général de l’Union syndicale des assistants parlementaires et Isabelle Desvignes, de la CFDT, interpellent Valérie Boyer en plein discours.
Ici, il n’est pas question de machisme, mais de conditions de travail. « Nous ne pouvons pas organiser d’élections syndicales au sein de l’Assemblée », se plaignent-ils. Le petit apéritif prend alors des airs de grand débat. Valérie Boyer prend un air outré façon « ce n’est pas le sujet » tandis que les parlementaires masculins s’étranglent : « Quel est votre député ? »
Un « non-évènement » pour dénoncer le « non sexisme »
Heureusement, le président de l’Assemblée, Bernard Accoyer, arrive au milieu de la cacophonie pour boire un Perrier avec ses deux « amies ». Il s’offusque lui aussi de l’image qu’on a voulu donner au Palais Bourbon.
« Voilà longtemps que je siège ici et je n’ai jamais été témoin de tels agissements machistes », tient-il à signaler.
Dix minutes plus tard, la nuée de journalistes est repartie, les députés masculins aussi, laissant les deux parlementaires un peu perdues. Restent les syndicalistes à l’autre bout de la pièce, qui tentent toujours de se faire entendre. Il reste même des kirs au bar. Un « non-évènement » pour dénoncer le « non-sexisme » de l’Assemblée. Décidément, les parlementaires sont forts.
Cerise Sudry-Le Dû
{"type":"Banniere-Basse"}