Elle était « la voix de la nuit » pour ses auditeurs. Pour ses proches, elle était tout simplement Macha. La légende de la radio française, Macha Bérenger, s’est éteinte dimanche à la suite d’une longue maladie. Elle avait 67 ans.
Pendant près de 30 ans, la dame à la voix rauque et sensuelle présente une émission de radio sur France Inter. Tard dans la nuit, les auditeurs qui ne connaissent pas le sommeil sont bercés par sa voix, ils l’écoutent et lui parlent, se confient. Mais, bien qu’admiratrice des analystes, Macha ne se revendique pas psychologue. Elle est juste quelqu’un à qui parler. Plus de 100.000 personnes suivent Allô Macha, le soir. Elle les baptise les « sans sommeil ». C’est une réussite. Lors des nuits spéciales célébrités, Macha aurait dialogué avec des personnalités telles qu’Annie Girardot, Alain Delon, Louis de Funès ou encore Henri Troyat. Plus qu’une animatrice, Macha Bérenger – née Michèle Riond – devient une amie, une oreille sympathique. Voulant établir une relation privilégiée, Macha se livre, les auditeurs connaissent tout d’elle. Son divorce, ses soucis personnels, ses deux fils Jérôme et Frédéric, son abus du tabac et son amour des vêtements. Allô Macha est très populaire. Jusqu’à ce qu’en juin 2006, l’émission – à l’antenne depuis 1977 – s’arrête brusquement, sous les ordres de Frédéric Schlesinger, le directeur général de la radio. Macha est furieuse. « Je suis choquée comme une femme trompée », déclare-t-elle. « Sachez que je vous ai aimé intensément et que je vous aimerai encore ailleurs » dit-elle pour clore sa dernière émission. Les auditeurs sont furieux. Des pétitions sont signées – même Alain Delon les signent de son nom – des accords sont tentés. Rien n’y fait. L’émission est terminée.
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Populaire à la radio, mais aussi à l’écran
« Chevalière » des Arts et des Lettres depuis 1991, « La Voix de la Nuit » s’essaye à d’autres choses. La comédie, par exemple, sa formation initiale. Elle joue dans plusieurs films et séries françaises. Du « Glandeur » de Jean-Pierre Mocky en 2000 à « Vipère au poing » de Philippe de Broca en 2004 en passant par la série à succès « Sous le Soleil », où elle incarne pendant plusieurs épisodes Béatrice Mondino, la mère de Baptiste (David Brécourt). Car populaire à la radio, Macha l’est également à l’écran. Son look particulier et reconnaissable étonne et fascine. Toujours coquette et apprêtée, ses chapeaux – un différent chaque soir – son vernis et son rouge à lèvres font forte impression. Plus qu’une voix, c’est aussi un physique, Macha. Forte de son expérience à la radio, l’animatrice rejoint MFM. Mais le cœur n’y est plus. Et la santé non plus. Macha s’effeuille petit à petit, fume de plus en plus. Un paquet par jour. « Je suis une grosse fumeuse » avoue –t-elle. Puis, elle change de média et prend la plume pour répondre au courrier des lecteurs d’Ici Paris. Mais Macha regrettera toujours son émission de radio. En 2006, elle découvre un cancer du sein, probablement lié à sa grande consommation de cigarettes. Elle se bat, Macha et parvient à le repousser, plus d’une fois. Mais il revient, sous la forme d’un cancer du poumon cette fois-ci. C’est celui-ci qui l’a fait taire, dimanche. Un décès qui affecte le monde de la culture. Mais comme elle l’avait dit elle même, elle nous aimera encore ailleurs. Adieu Macha.
Marie Portolano
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