Un trio plébiscité par Elton John, un comédien loin de se la jouer solo, les nouvelles enfants terribles du rock UK, un cinéaste qui n’a pas peur du froid… quelques figures saillantes dans l’actu.
Gabriels, l’amour à trois voix
Longtemps que l’évidence d’un tube (mais délicat, pas putassier) ne nous avait pas autant frappé·es. On doit le beau Love and Hate in a Different Time à Gabriels.
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Avec un “s”, car ils sont trois : le chanteur Jacob Lusk et les deux producteurs Ari Balouzian et Ryan Hope. Le trio se rencontre en 2016, à Los Angeles, au détour d’un film pour lequel Balouzian et Hope, en charge de la BO, cherchent un chœur gospel et tombent sur le directeur d’un ensemble baptiste, le prodigieux Lusk – biberonné à Nat King Cole, Billie Holliday et Nina Simone, fan, aussi, de Whitney Houston et Beyoncé.
Coup de foudre mutuel, les voici embarqués dans un même projet mêlant soul, r’n’b, doo-wop à la Flamingos, gospel et groove électronique. Premier single en 2018, l’épuré Loyalty est porté par une nostalgie soul sixties et la voix de Jacob Lusk – passé par American Idol en 2011. Mais c’est l’irrésistible Love and Hate in a Different Time qui, en juin dernier, attire l’attention, notamment d’Elton John, avec dans la foulée des live pour la BBC et Jimmy Kimmel aux États-Unis. Avec son charisme classieux mais pas prétentieux, Gabriels sort son premier EP en novembre et sera en concert à Paris le 19 novembre.
Bloodline de Gabriels (Warner Music). Sortie le 12 novembre.
Le 19 novembre au festival Pitchfork Avant-Garde, Paris.
Lyna Khoudri, au centre du monde
Quatre ans de carrière, un César du meilleur espoir féminin, déjà les faveurs du sommet du cinéma d’auteur international (The French Dispatch de Wes Anderson, où elle tient élégamment tête à Timothée Chalamet, son boyfriend à l’écran), comme du cinéma commercial français (ce mois-ci, Haute Couture avec Nathalie Baye, et bientôt le blockbuster Les Trois Mousquetaires) : il faut croire que tout réussit à la jeune actrice, et cela n’a rien d’étonnant tant son jeu est puissant et son intelligence, manifeste.
The French Dispatch de Wes Anderson. En salle le 27 octobre.
Haute Couture de Sylvie Ohayon. En salle le 10 novembre.
Juho Kuosmanen, cap au nord
C’est l’une des images marquantes du dernier palmarès cannois. Une étreinte partagée entre les deux gagnants du grand prix : l’habitué de la compétition Asghar Farhadi, pour Un héros, et le Finlandais Juho Kuosmanen, ému de se voir porté si haut aux côtés du cinéaste iranien pour son road movie Compartiment n°6.
On l’avait déjà identifié en 2016 avec Olli Mäki, beau film de boxe et d’amour tourné en 16 mm et en noir et blanc, reparti à l’époque avec le prix Un certain regard. Avec Compartiment n°6, Kuosmanen adapte le roman de Rosa Liksom et orchestre, sur les rails qui relient Moscou à Mourmansk et dans les paysages délavés de l’ex-URSS, la rencontre de deux déclassé·es que tout oppose.
Compartiment n°6 de Juho Kuosmanen, avec Seidi Haarla, Yuriy Borisov (Fin., Rus., Est., All., 2021, 1 h 47). En salle le 3 novembre.
Yuming Hey, le sens du collectif
Au théâtre, on l’a découvert dans les spectacles de Pascal Rambert, Stéphane Braunschweig ou Stanislas Nordey. Un visage magnétique, une silhouette fluide que Robert Wilson retient en lui donnant le rôle de Mowgli dans Jungle Book, créé en 2019 avec CocoRosie – et repris au Théâtre du Châtelet cet automne. Il fut aussi, la même année, l’un des personnages-clés de la série Osmosis d’Audrey Fouché, une dystopie sur les futurs codes amoureux confiés à un algorithme.
Avec Mathieu Touzé, jeune directeur du Théâtre 14, rencontré à l’EDT91 (École départementale de théâtre de l’Essonne),Yuming Hey fonde le collectif Rêve concret et crée des spectacles avec une troupe d’acteur·trices rencontré·es au sein du dispositif 1er Acte, initié par Stanislas Nordey pour favoriser la mixité sur les scènes nationales.
Aujourd’hui, c’est à nouveau auprès de Pascal Rambert qu’on le retrouve dans 8 ensemble (aux Bouffes du Nord en novembre), une création pour jeunes comédien·nes à qui le metteur en scène a demandé : “Comment te vois-tu en 2051 ?”, avant d’écrire la pièce. “Pour moi, Pascal écrit comme une partition de musique”, analyse Yuming Hey. À l’acteur d’en déchiffrer le rythme interne pour en délivrer son sens et sa saveur.
Jungle Book de Robert Wilson et CocoRosie, du 30 octobre au 20 novembre, Théâtre du Châtelet, Paris.
8 ensemble de Pascal Rambert, les 5 et 6 novembre, Bouffes du Nord, Paris.
Wet Leg, groupe d’enfer
Avec seulement deux singles au compteur – le tube Chaise longue, sorti avant les grandes vacances, et le récent Wet Dream et ses références appuyées au Buffalo ’66 de Vincent Gallo –, le duo Wet Leg a secoué la planète indé en nous promettant monts et merveilles.
Lignes de basse sexy, riffs explosifs, spoken word imagé et boucles scandées avec l’assurance insolente de celles qui savent qu’elles tiennent une formule imparable, Rhian Teasdale et Hester Chambers, établies aujourd’hui sur l’île de Wight, seront de passage en France pour un double rendez-vous scénique immanquable : au Pitchfork Music Festival Paris dans un premier temps, puis aux Trans Musicales de Rennes quelques jours plus tard. La voie royale.
Chaise Longue et Wet Dream de Wet Leg (Domino Records/Sony Music)
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