Un homme de 28 ans a ouvert le feu le 3 février, dans la petite ville de Macerata. Son profil d’adorateur des régimes nazi et fasciste, et les cibles qu’il a choisies chamboulent la société italienne, à un mois des prochaines élections générales qui désigneront le nouveau chef du gouvernement.
Il s’appelle Luca Traini, et arbore un crane rasé laissant apparaître un tatouage d’inspiration nazi sur le haut de la tempe droite (le symbole de Terzo Polo, mouvement néofasciste fondé par Roberto Fiore, aujourd’hui leader de Forza Nuova). Samedi 3 février, cet Italien de 28 ans, originaire de Tolentino a commis l’atroce. Une virée mortelle au volant de sa voiture dans les rues de Macerata (Marches, dans le centre de l’Italie), durant deux heures.
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Six blessés “de nationalité étrangère”
A plusieurs reprises, il a ouvert le feu. Ses cibles semblent avoir été bien choisies : des personnes “de couleur”, d’après la quasi totalité des médias transalpins. “Les blessés confirmés sont de nationalité étrangère”, a de son côté tweeté la police. Six personnes sont blessées, cinq hommes et une femmes, originaires du Mali, du Ghana et du Nigeria selon l’agence de presse Agi.
Strage aggravata dalle finalità di razzismo è l'accusa formulata dalla procura di Macerata per Luca Traini, per aver ferito a colpi di pistola 6 stranieri. L'intervista esclusiva di @Manubonc ai due carabinieri che hanno arrestato l'uomo → https://t.co/lhmeHkTSxB pic.twitter.com/DVxR4qZ8C8
— RaiNews (@RaiNews) February 4, 2018
Après cette fusillade, le jeune homme s’est arrêté devant le monument aux morts de cette ville de 45 000 habitants. Son interpellation par la police, rapide et sans qu’il oppose de résistance, a été filmée par les caméras de télévision. Avant d’être solidement empoigné, mis à terre puis menotté, Luca Traini a eu le temps d’enlever son blouson, de nouer un drapeau italien en cape et de faire un salut fasciste en criant “Viva Italia !” (bien que les policiers ne l’aient pas entendu, comme ils l’expliquent dans la vidéo ci-dessus). Il a reconnu les faits immédiatement.
“Une culture d’extrémisme de droite”
Le ministre italien de l’intérieur, Marco Minniti, a expliqué que cet acte était la preuve d’une “évidente haine raciale” et marqué par “une culture d’extrémisme de droite avec des références claires au fascisme et au nazisme.” Lors de la perquisition au domicile de Traini, les policiers italiens ont retrouvé chez lui une copie de Mein Kampf et un livre d’histoire sur le dictateur fasciste Benito Mussolini. D’autres items comme des croix celtiques ont été retrouvées dans une chambre, au domicile de sa mère cette fois.
Il y a moins d’un an, au mois de juin 2017, Luca Traini n’était encore qu’un éphémère candidat au conseil communal de Corridonia, sur la liste de la Ligue du Nord, parti souverainiste et xénophobe. Interpellé sur le sujet, son médiatique leader, Matteo Salvini, a balayé : “Quelqu’un qui tire est un délinquant, abstraction faite de la couleur de peau.” S’il a ainsi pris ses distances avec l’auteur des coups de feu – Salvini est en campagne pour les élections générales en Italie, prévues le 4 mars prochain – il a rappelé avoir “hâte d’arriver au gouvernement pour ramener dans toute l’Italie la sécurité, la justice sociale et la sérénité.”
Un profil psychiatrique borderline
D’après le quotidien La Repubblica qui a interrogé le directeur d’une salle de sport qu’il fréquentait, Traini “était allé consulter un psychiatre qui l’avait jugé ‘borderline’”. L’homme qui semble bien le connaître évoque ensuite “une situation familiale désastreuse : un père qui a quitté le foyer quand il était bébé et une mère confrontée à de graves problèmes également.” Il aurait été élevé par sa grand-mère.
Ce drame intervient dans un climat électrique dans cette région, après la découverte, le 31 janvier, du corps démembré et disséminé dans deux valises de Pamela Mastropietro. La jeune femme de 18 ans aurait été tuée par un homme d’origine nigériane, déjà condamné par la justice et sans permis de séjour. Si aucun élément ne semble relier les deux sinistres affaires, la classe politique de droite s’est jetée dessus. Des rumeurs ont circulé durant le week-end sur une éventuelle liaison qu’entretenaient Traini et Mastropietro mais rien n’a été confirmé pour le moment ; elle a même été démentie par la famille de la jeune femme.
“La haine et la violence ne nous diviseront pas”
Silvio Berlusconi du parti Forza Italia (allié politique de Matteo Salvini) s’est exprimé ainsi sur cette affaire : “Il me semble qu’il s’agit du geste d’un déséquilibré, qui mérite la plus ferme condamnation, mais qui ne peut être considéré comme ayant une connotation politique claire.” Paolo Gentiloni, l’actuel chef du gouvernement par intérim (après la démission de Matteo Renzi l’année dernière) a pour le moment sifflé la fin des hostilités politiques en déclarant : “La haine et la violence ne nous diviseront pas.”
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