Luc Carvounas, sénateur socialiste du Val-de-Marne et maire d’Alfortville, et Stéphane Exposito, se sont dit oui samedi 11 juillet 2015. Un symbole politique fort, qui montre que le mariage pour tous est désormais « irréversible », explique Luc Carvounas.
Luc Carvounas est devenu samedi le premier parlementaire français gay à se marier depuis l’adoption du mariage pour tous en avril 2013. Le sénateur PS du Val-de-Marne, âgé de 44 ans, a épousé son compagnon Stéphane Exposito, chef de cabinet de la secrétaire d’Etat aux Droits des femmes, Pascale Boistard, à Alfortville, dans son département.
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Ce mariage pour tous a été l’occasion de rassembler la gauche divisée. Aux premiers rangs, Manuel Valls, le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone et le premier secrétaire du Parti Socialiste Jean-Christophe Cambadélis.
1er mariage homo d’un parlementaire français à Alfortville. #Valls : « je viens au mariage d’un ami » pic.twitter.com/WIElmGiJiJ
— Gilles Gallinaro (@GallinaroG) 11 Juillet 2015
Les membres du gouvernement Harlem Désir et Laurence Rossignol étaient présents. Mais aussi les écologistes Cécile Duflot et Emmanuelle Cosse. Ainsi que l’ancien patron du Parti communiste Robert Hue, et le radical de gauche Roger-Gérard Schwartzenberg.
Beaucoup de soutiens donc pour cette cérémonie qui avait une valeur de symbole politique fort. Analyse du jeune marié, Luc Carvounas.
Vous êtes le premier parlementaire homosexuel marié, que ressentez-vous ?
Luc Carvounas – Très sincèrement, je ne mesure toujours pas ce qu’il se passe autour de notre mariage… Aujourd’hui, beaucoup dans l’opposition martèlent que lorsque l’alternance politique aura lieu, le mariage gay sera abrogé. Et jusque-là je n’avais pas encore totalement pris conscience de l’impact de ce genre de déclarations.
Quand Stéphane et moi sommes allés acheter nos alliances, je me suis tourné vers la vendeuse et je lui ai demandé :
« Vous voyez beaucoup de couples homosexuels ces derniers temps ?
– Ecoutez, je suis triste pour eux, parce qu’en général ils préfèrent venir séparément. Ils n’osent pas faire la démarche collectivement parce qu’ils ont le sentiment que ce n’est pas vraiment légal, car la loi sera abrogée un jour”, a-t-elle répondu.
J’ai été très étonné de voir que certaines personnes pensent que leur mariage sera annulé un jour. Or, un parlementaire gay qui se marie, une personne qui participe à l’élaboration de la loi, cela lance un signal : les choses sont irréversibles maintenant. C’est cette importance symbolique qui a été frappante tout au long du week-end.
Vous avez pourtant reçu des menaces sur les réseaux sociaux ?
Oui, Nous avons reçu des messages homophobes et même été menacés. Mais on ne laissera rien passer, nous porterons plainte à chaque fois. Heureusement, nous avons reçu beaucoup plus de soutiens, et de toute part. Des jeunes personnes homosexuelles nous ont remercié. Des habitants d’Alfortville nous attendaient à la sortie de la mairie pour nous féliciter.
J’ai reçu des messages tout le week-end de la part de personnalités du monde médiatique et politique. Ils me disaient qu’ils étaient heureux que les choses avancent. J’ai même reçu un texto de félicitations de Jean-Christophe Fromantin (député de Neuilly, Ndlr), dont chacun sait qu’il était très opposé au mariage gay. C’est bien la preuve que la société avance.
Est-ce que cet engagement était aussi un acte politique ?
Je n’ai jamais construit ma carrière politique au travers de ma sexualité ou de ma vie privée. Je n’ai jamais fait de mon homosexualité un étendard. Je ne voulais pas forcément pointer du doigt quelque chose qui pour moi est normal. Même si, bien sûr, j’ai parfois réalisé quelques actes politiques qui pouvaient être perçus comme militants en faveur des droits homosexuels. Certes, je les vivais au travers de mon prisme personnel, mais j’essayais avant tout de faire avancer les choses sur des sujets importants en tant qu’élu de la République.
Quand j’étais jeune, l’homosexualité était perçue comme un délit. Tandis que les générations futures, dans quelques années, ne vont pas comprendre tout ce débat qu’il y a eu autour du mariage gay. L’homosexualité est réellement en train de s’installer.
Si j’avais un message politique à faire passer ce serait le suivant : la loi a été votée. Déjà 8 000 mariages ont été célébrés. Alors que je sois le premier parlementaire tant mieux, mais je ne serai pas le dernier…
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