Un personnage aveugle, un immeuble bien curieux et de l’“easy gaming” : voici notre sélection vidéoludique de la semaine !
Ce jeu n’est vraiment pas comme les autres. Lost in Blindness nous confie le destin d’un personnage aveugle et, donc, nous installe face à un écran noir. Le défi, alors, devient de jouer sans voir, et dès la première épreuve a priori toute simple – aller ouvrir la porte de notre appartement à un visiteur –, on comprend notre douleur. Au point qu’être capable de se diriger à l’oreille apparaît alors comme un super-pouvoir. Et puis on s’y habitue, on apprend à utiliser les outils que nous confie le jeu et on commence à se repérer un peu mieux dans les lieux où nous entraîne l’œuvre du petit studio parisien Unseen Interactive. Un jeu qui tourne vite à la grande aventure exotique, mais qui est également pensé pour être accessible aux aveugles.
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A noter qu’en cas de grosse difficulté, on pourra toujours basculer en “mode streameur” pour bénéficier d’un affichage (limité et stylisé) de la scène, même si le jeu recommande alors de se bander les yeux car, dans l’esprit, ce serait de la triche. Si certains passages se révèlent moins aboutis que d’autres, le très inventif Lost in Blindness réussit avec talent son pari qui devrait être au cœur du médium vidéoludique : nous mettre à la place de quelqu’un de différent – quelqu’un qui ne voit pas, en l’occurrence – pour saisir un peu mieux ce que cela signifie d’être elle ou lui.
Sur Mac, Windows et Linux, Unseen Interactive, environ 20€.
Love – Une boîte à puzzles pleine d’histoires
Le Rubik’s Cube n’avait jamais été aussi émouvant. Comme le casse-tête culte des années 1980, Love nous invite à faire tourner des blocs, mais ces derniers sont – cette fois – les différents étages d’un immeuble d’habitation que l’on réarrange entre eux et que l’on fait basculer entre passé et présent. Alors, comme dans Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock, on observe l’intérieur des appartements et on découvre la vie des gens. On en fait se déplacer certain·es, qui en retrouvent d’autres, on agit sur quelques objets et, soudain, nous voilà invité·e à prendre une photo qui, dans notre album, ira s’installer à côté d’une autre sur le principe passé / présent.
Alors, des histoires se dessinent, ici clairement, ailleurs plus confusément. Mais même, quand on ne saisit pas tout, il y a quelque chose de poignant dans cette manière de figer le temps pour regarder soudain en arrière ou en avant. C’est à la fois cruel et entraînant, mélancolique et curieusement réconfortant. Raté à l’époque de sa sortie sur PC et fraîchement porté sur la Switch, Love est une bien jolie découverte.
Sur Switch, Rocketship Park / Thalamus Digital, 24€. Egalement disponible sur Mac et Windows.
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Leisure Suit Larry : Wet Dreams Dry Twice
« Personne ne sait comment tu es arrivé des années 80 à notre temps », s’entend rapidement dire Larry Laufer, star de la fameuse série de jeux d’aventures (gentiment) érotiques Leisure Suit Larry qui subsiste tant bien que mal loin de son créateur d’origine, l’Américain Al Lowe.
La bonne idée de cet épisode qui, lui aussi, gagne les consoles quelques mois après les PC, c’est d’assumer presque franchement sa nature anachronique à travers celle de son anti-héros irrécupérablement ringard et aussi peu au fait des combats féministes que des questions de genre. Ce dernier est, ici, le premier sujet de moqueries. Globalement assez inoffensif et plan-plan mais pas déplaisant, Leisure Suit Larry : Wet Dreams Dry Twice ne bouleversera ni l’histoire du point and click ni celle de la représentation du sexe par le jeu vidéo, mais propose une expérience finalement fort agréable d’“easy gaming” (comme on dit easy listening).
Sur Switch, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series X/S, Assemble Entertainment / Koch Media, environ 45€. Egalement disponible sur Windows.
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