Selon les experts, la ville californienne pourrait vivre d’ici quelques années l’un des plus grands tremblements de terre de son histoire. La mairie et certaines organisations redoublent d’efforts pour préparer au mieux les citoyens à une telle catastrophe.
En Californie, rares sont ceux qui n’ont jamais entendu parler du “Big One” : cette menace dévastatrice qui plane sur les États-Unis comme une épée de Damoclès. Depuis des années, les scientifiques le répètent à l’envi : ce n’est qu’une question de temps. Un tremblement de terre majeur – entre 7 et 8 sur l’échelle de Richter – devrait avant 2020 ravager l’État le plus peuplé des États-Unis et causer la mort de centaines de personnes. En cause : l’inévitable réveil de la faille de San Andreas qui parcourt la région sur 1300 km. La rencontre des plaques tectoniques pacifique et d’Amérique du nord est à l’origine des séismes qui frappent la Californie depuis des siècles. Concernant le « Big One », les sismologues rivalisent de chiffres et de prévisions tous plus alarmants les uns que les autres pour tenter de prévoir l’inéluctable.
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À Los Angeles, l’inquiétude est montée d’un cran. En octobre dernier, des scientifiques de la NASA ont estimé qu’il y avait 99% de risque qu’un tremblement de terre de moyenne voire forte magnitude – à partir de 5 – frappe la ville au cours des trois prochaines années. “Bien sûr c’est terrifiant, mais on ne peut pas se torturer avec cela tous les jours, sinon on ne vit plus”, juge Promila, chauffeuse de taxi à Los Angeles. Face à cette menace, la mairie a pris les devants en annonçant en octobre dernier, la rénovation de 15 000 bâtiments afin de consolider leurs fondations. Selon le Los Angeles Times, cette mesure votée à l’unanimité vise d’abord les vieux bâtiments en béton qui parsèment les boulevards du centre ainsi que les appartements en bois aux structures moins résistantes. Enfin, du côté des nouvelles constructions, la prévention reste de mise. Situé dans le quartier d’affaires de Downtown, le Wildshire Grand, qui deviendra l’an prochain le plus haut gratte-ciel de l’Ouest des Etats-Unis, a été conçu pour résister à un tremblement de terre de magnitude 7,5.
Un test grandeur nature
Menacée, la Californie tente de sensibiliser ses 39 millions d’habitants au danger d’une telle catastrophe. Chaque année l’État organise le “Shake Out”, un exercice d’entraînement grandeur nature auquel chacun peut se livrer au bureau comme à l’école. “Pendant une minute, les participants doivent pratiquer les gestes simples de survie (“Drop, Cover and Hold On” soit “se baisser, se couvrir, s’accrocher”). On peut réaliser cet exercice en famille, avec ses amis ou même ses collègues. L’idée est de jouer le jeu tous ensemble, exactement comme si un séisme nous frappait” explique Jason Ballman, membre du centre d’études sismiques de la Californie du Sud, partenaire de l’événement. Pour l’heure, 1,7 millions de personnes se sont déjà inscrites pour participer à la prochaine édition prévue le 20 octobre.
La Croix Rouge intervient régulièrement dans des écoles ou des espaces de travail afin de rappeler les réflexes simples à adopter au cas où le “Big One” se produirait. Si la menace est réelle, certains ne semblent pourtant pas la prendre au sérieux. “Cela fait maintenant plus de vingt ans qu’un tremblement de terre n’a pas frappé violemment le pays. Les gens ont donc tendance à penser que celui-ci ne les touchera pas, ou en tout cas, pas maintenant”, déplore Russ Paulsen, directeur du programme de prévention de la Croix Rouge.
Des exercices d’entraînement dès 4 ans
À quelques kilomètres au nord de Los Angeles, dans une boutique spécialisée dans l’équipement de survie, le constat est plus nuancé. Au milieu des rayons où s’entassent lampes de poche, rations de nourriture et réserves d’eau, Jaime Edell, gérante de l’établissement précise : “Les gens vont surtout s’inquiéter lorsqu’un tremblement de terre frappe quelque part dans le monde. Cela leur rappelle qu’ils ne sont pas plus à l’abri ici chez eux. En général nos ventes de kit de survie augmentent dans la semaine”.
Les Californiens vivent depuis leur plus jeune âge dans l’idée qu’un séisme peut survenir n’importe quand. Derrière son large bureau, Alfredo Ortiz, principal d’une école de Culver City, à l’ouest de Los Angeles, possède des dossiers complets d’instructions au cas où un séisme surviendrait lors d’une journée scolaire. “Chaque classe dispose d’un kit de survie. Les enseignants connaissent leur rôle et savent comment gérer cette situation. Quand aux élèves, ils participent au moins une fois par mois à un exercice d’entraînement et ce, depuis l’âge de quatre ans”. Les efforts de prévention déployés restent considérables, mais “de toute façon, on finira tous par être surpris”, conclut amèrement le directeur.
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